L’équipe de Suisse cultive les paradoxes. N'a-t-elle pas fait un pas de plus pour l'Euro 2024 un soir où elle a longtemps fait peine à voir ?
A Sion, la Suisse s'est imposée 3-0 devant Andorre grâce à des réussites de Cedric Itten à la 49e, de Granit Xhaka à la 84e et de Xherdan Shaqiri à la 93e sur penalty pour garder ses trois points d'avance sur Israël, victorieux 1-0 du Bélarus à Tel-Aviv grâce à un but inscrit dans le temps additionnel. Mais, surtout, elle pourrait indirectement bénéficier des sanctions que risque de dicter l'UEFA à l'encontre de la Roumanie en raison du comportement déplorable de ses supporters face au Kosovo.
Seul ainsi un incroyable concours de circonstances pourrait priver la Suisse d'une troisième participation consécutive à l'Euro. Murat Yakin a huit mois devant lui pour insuffler un nouvel élan à son équipe, qui fut loin d'être convaincante lors de cette reprise de septembre. Huit mois aussi pour restaurer un climat de confiance avec son capitaine.
Buteur magnifique pour le 2-0, Granit Xhaka a, avec sa manière de dire «taisez-vous !» lors de sa célébration, pris un malin plaisir à rallumer le feu. Mais on le sait, ce côté provocateur fait aussi son charme. Le combat de coqs qu'il livre avec le sélectionneur est loin d'être terminé.
Une terrifiante indigence
A la pause, les 9000 spectateurs de Tourbillon raccompagnaient les Suisses au vestiaire sous les sifflets. Ils avaient peut-être le sentiment que quelque chose s'était brisé depuis trois jours, depuis l'égalisation des Kosovars à l'ultime seconde et la pique incendiaire de Granit Xhaka.
Malgré tous les efforts du sélectionneur et du directeur des équipes nationales, l'ordre n'était pas rétabli. Sinon comment expliquer cette première mi-temps d'une terrifiante indigence face à une équipe qui a pu réserver la sortie rêvée à son capitaine Idefons Lima ? A 43 ans, il a disputé les 22 premières minutes de la rencontre à la pointe de l'attaque, lui le défenseur central, avant de céder sa place et de mettre ainsi un terme à sa carrière internationale le soir de sa 137e sélection.
On aurait aimé que l'équipe de Suisse lui gâche la fête avec un début de match beaucoup plus «ardent ». Mais, à l'exception d'une chance pour Nico Elvedi à la 14e minute, la Suisse, dans un nouveau dispositif en 3-4-1-2, a singulièrement manqué d'inspiration dans les trente derniers mètres. Malgré une maîtrise totale du jeu, elle n'a cessé de balbutier son football.
Cedric Itten libère la Suisse
A la reprise, Murat Yakin maintenait sa confiance dans le même onze. Avec l'espoir que ses joueurs sifflent très vite la fin de la récréation pour balayer le murmure qui montait des tribunes selon lequel ils jouaient surtout contre lui. Mais la lumière revenait enfin à la 49e minute avec l'ouverture du score de Cedric Itten. Parfaitement trouvé par Xhaka, l'attaquant des Young Boys signait sa cinquième réussite en sélection.
Ce but ne modifiait pas vraiment l'impression générale de cette rencontre. Bien trop faible pour réagir, Andorre cherchait avant tout à maintenir l'écart le plus minime. Par tous les moyens comme cette horrible faute d'Eric Vales sur Dan Ndoye qui venait d'entrer. La mêlée qui suivait voyait Murat Yakin et Yann Sommer sortir de leurs gonds pour récolter un carton jaune.
Une manière pour le sélectionneur et le gardien titulaire de rappeler que l'équipe de Suisse, à défaut de séduire vraiment dans le jeu, garde cet esprit de corps qui peut faire toute la différence.