Le football italien au temps du coronavirus: entre joueurs renvoyés au vestiaire juste avant le coup d'envoi, vrai-faux appel à la grève, colère de Balotelli et matches disputés dans un silence irréel, la Serie A a péniblement poursuivi sa route dimanche, sans que l'on sache si elle pourra le faire encore longtemps.
Le choc entre la Juventus et l'Inter Milan est programmé à huis clos, comme les autres rencontres en retard de la 26e journée programmées ce week-end, alors que le nouveau coronavirus continue à progresser avec désormais plus de 7300 cas et 366 décès. Lundi, le match Sassuolo – Brescia pourrait ensuite être le dernier avant une nouvelle pause de la Serie A, les appels en ce sens s'étant multipliés dimanche.
La Fédération italienne a en tous cas convoqué un Conseil fédéral extraordinaire mardi, lors duquel les protagonistes pourront prendre des décisions et se parler en face à face après s'être beaucoup renvoyés la balle à coups de communiqués et d'interventions sur les réseaux lors d'un dimanche chaotique.
Le sommet de l'incertitude a été atteint à 12h25, alors que les joueurs de Parme et de la Spal étaient sortis des vestiaires et se trouvaient dans le couloir, prêts à entrer sur la pelouse pour le coup d'envoi prévu cinq minutes plus tard. Mais ils ont fait demi-tour. Car juste avant le début du match, le ministre des Sports Vincenzo Spadafora a réclamé la suspension du championnat.
«Alors que nous demandons aux citoyens de faire d'énormes sacrifices pour empêcher la propagation de la contagion, cela n'a pas de sens de mettre en péril la santé des joueurs, des arbitres, des membres de l'encadrement et des supporters, qui se rassembleront sûrement pour regarder les matches», a affirmé le ministre.
Mario Balotelli en colère
Pendant ce temps-là, Mario Balotelli, censé jouer lundi avec Brescia, a laissé éclater sa rage sur internet. «Et pourquoi tout ça? Pour divertir quelqu'un? Ou pour ne pas faire perdre d'argent? Arrêtez de rigoler, reprenez-vous! On ne rigole pas avec la santé», a écrit l'attaquant italien. «J'AIME LE FOOTBALL PLUS QUE VOUS, mais jouer signifie voyager en bus, en train, en avion, dormir à l'hôtel, entrer en contact avec d'autres personnes en dehors de votre club», a-t-il ajouté.
Dans une précédente publication, Balotelli avait également approuvé la position de Damiano Tommasi, le président du syndicat des footballeurs italiens (AIC) qui avait demandé l'arrêt des matches. «Arrêter le football est la chose la plus utile pour notre pays actuellement», avait estimé Tommasi.
En début d'après-midi, un brouillon d'appel à la grève des joueurs de la part de l'AIC a même circulé sur les réseaux. Mais il est resté au stade de projet, les matches se sont tenus, avec une heure et quart de retard pour Parme – Spal, et les footballeurs ont fait ce qu'ils ont pu dans une ambiance particulière.
Gel hydroalcoolique et distance de sécurité
Devant des tribunes vides, l'AC Milan s'est ainsi incliné face au Genoa de Valon Behrami (2-1), malgré un but d'Ibrahimovic. «Jouer sans public, ça n'est pas le football. Mais cela valait pour nous comme pour eux», a déclaré l'entraîneur milanais Stefano Pioli.
En tribune de presse, les quelques journalistes autorisés ont chacun reçu une petite bouteille de gel hydroalcoolique aux couleurs du Milan, posée sur leur pupitre, a raconté un rédacteur de la Gazzetta dello Sport.
En bord de pelouse, les envoyés spéciaux du diffuseur Dazn ont de leur côté respecté les consignes de sécurité gouvernementales. La journaliste Diletta Leotta et son consultant, l'ancien défensuer Massimo Gobbi, se sont parlés et ont débriefé le match, mais en maintenant entre eux une distance d'un mètre.