On efface tout et on recommence ! Tel est le leitmotiv de Murat Yakin à la veille du premier match de l'année de l'équipe de Suisse. Samedi au Parkenstadium de Copenhague où elle n'a encore jamais gagné, la Suisse veut oublier un automne 2023 qui a bien failli emporter son sélectionneur.
Fragilisé par les nuls concédés devant le Bélarus (3-3), Israël (1-1) et le Kososo, ainsi que par la défaite contre la Roumanie (1-0) qui a fait de la Suisse la «pire» équipe qualifiée directement pour la phase finale de l'Euro 2024, Murat Yakin sort paradoxalement en position de force d'un hiver qui était bien pour lui celui de tous les dangers.
Pas de plan B
Fort du soutien de ses dirigeants, Murat Yakin n'a, en effet, plus grand-chose à craindre de Pierluigi Tami qui n'est pas parvenu à élaborer un plan B après la défaite de Bucarest et ses mots trop durs à son encontre. Il a pu obtenir en la personne de Giorgio Contini le no 2 qu'il souhaitait, une faveur qui lui avait été refusée lors de son intronisation à l'été 2021.
Enfin, il n'a pas voulu entrer en matière sur une reconduction de son contrat après l'Euro qui comportait une clause de résiliation en cas d'élimination avant les quarts de finale. Il estime, sans doute à raison, que le football est un sport trop aléatoire pour lier son destin ainsi. Le Bâlois veut croire que son équipe laissera en Allemagne, quel que soit le résultat, une impression suffisamment forte pour que sa place ne soit pas remise en question.
L'automne dernier, Granit Xhaka et Manuel Akanji, les deux patrons de l'équipe, n'avaient pas vraiment donné le sentiment de vouloir défendre coûte que coûte la peau de leur sélectionneur. Leur «démission» lors de la seconde période contre Isräel le 15 novembre à Felcut restera, avec bien sûr le 6-1 contre le Portugal en huitième de finale de la Coupe du monde 2022, comme une tache indélébile de l'ère Yakin.
«Plus concentré lorsque l'on doit courir derrière le ballon»
Murat Yakin est convaincu que son capitaine et le défenseur de Manchester City n'ont pas joué contre lui. Que toutes les polémiques entretenues l'automne dernier n'auraient pas eu lieu si la Suisse n'avait pas laissé filer d'une manière bien naïve la victoire face au Kosovo le 9 septembre à Pristina. Que ce tour préliminaire face à des équipes qui n'ont fait que subir était finalement un drôle de piège.
«Vous savez, on est bien plus concentré lorsque l'on doit parfois courir derrière le ballon», glisse le sélectionneur pour laisser entendre que la qualité de l'opposition ne peut que bonifier son équipe.
Samedi, Murat Yakin et ses joueurs passeront le test révélateur du Danemark. Demi-finalistes emballants de l'Euro 2021 mais décevants dix-sept mois plus tard au Qatar où ils avaient laissé filer l'Australie en huitième de finale, les Danois ont réussi le score parfait à domicile lors du tour préliminaire de cet Euro 2024: cinq victoires en cinq matches (3-1 contre la Finlande, 1-0 contre l'Irlande du Nord, 4-0 contre Saint-Marin, 3-1 contre le Kazakhstan et 2-1 contre la Slovénie). Le 12 octobre 2019 lors de son dernier match à Copenhague, la Suisse s'était inclinée 1-0 sur un but tardif de Yussuf Poulsen.
L'équipe-type samedi
Pour tenter de vaincre enfin au Danemark, Murat Yakin alignera très certainement son équipe-type du moment avant le retour espéré de Breel Embolo. Ce onze de départ devrait laisser sur la touche Fabian Schär, malgré ses performances de choix à Newcastle, et Xherdan Shaqiri, malgré ses statistiques dans les phases finales.
Le Saint-Gallois paie un manque de rigueur presque aberrant lors de ses dernières sélections, Quant au Bâlois, il n'a plus, à 32 ans bien sonnés, les jambes pour revendiquer autre chose qu'un rôle de joker qui peut toutefois lui convenir à merveille. Son exil à Chicago lui a fait perdre les réalités du football de haut niveau.
Le temps des essais viendra mardi à Dublin face à l'Eire pour le deuxième match amical de ce rassemblement de mars qui a débuté sous le soleil de La Manga. Mais pour qu'il brille toujours dimanche dans le ciel de l'équipe de Suisse, obtenir un résultat à Copenhague serait une riche idée. Un impératif plutôt.