Young Boys, première puissance du pays depuis deux ans et demi, Bâle, l'institution qui a l'expérience des sommets, ou Saint-Gall et son football hard-rock fait de fougue et d'audace? La Super League reprend ce week-end avec un match à trois passionnant pour le titre.
Double champion de Suisse, YB conserve les faveurs de la cote pour deux raisons évidentes. La première est son avantage comptable, certes ténu (2 points), mais le fait est qu'il vaut mieux se lancer dans la bataille avec un bonus plutôt qu'avec un malus.
La seconde est l'apparente supériorité qualitative de son effectif, de son onze titulaire tout du moins. Une formation emmenée par un Jean-Pierre Nsame caracolant en tête du classement des buteurs (15) et épaulé, en cas de besoin, par quelques autres fines gâchettes telle Roger Assalé, Christian Fassnacht ou encore, excusez du peu, Guillaume Hoarau.
Un collectif dirigé avec intelligence par un Gerardo Seoane s'imposant peu à peu comme une des principales références techniques suisses. Le coach aura donc préparé avec le plus grand soin ce match de reprise peut-être déjà capital, ne serait-ce que sur le plan psychologique, dimanche à domicile face à... Bâle.
L'expérience et la hype
Pour ce rendez-vous très attendu, le FCB de Marcel Koller devra lui trouver le moyen d'être efficace sans une de ses pièces maîtresses offensives, Valentin Stocker, qui purge encore une suspension pour avoir trop vigoureusement exprimé son mécontentement auprès d'un arbitre. Mais aussi sans son avant-centre le plus talentueux, Cabral (blessure à un genou).
Les Rhénans ont d'autres armes à faire valoir, comme Ademi (8 réalisations), et sont portés par l'histoire de leur club, habitué depuis bientôt vingt ans à monopoliser le pouvoir. Bâle, tristement à la peine les deux dernières saisons, semble avoir retrouvé cet instinct de la gagne, en témoigne sa brillante qualification pour les 16es de finale de l'Europa League et sa fiche statistique en championnat, où il présente la meilleure défense et la deuxième attaque, avec un but de moins que St-Gall.
En tête dans plusieurs secteurs analytiques chiffrés, les Brodeurs sont, eux, à trois longueurs d'YB. Moins bien armée que l'armada bernoise et moins expérimentée que les prestigieux Bâlois, la formation de Peter Zeidler a pour elle son jeu fait d'agression permanente, de pressing incessant et de volonté de fer. Dans la plus pure hype de ce football faisant la part belle à l'intensité dont le coach est un pur produit.
L'attraction genevoise
Ce trio est protégé par un matelas de cinq points d'avance sur le FC Zurich, lui-même au bénéfice de trois points de plus que Servette. Les Genevois ont signé une des plus probantes premières moitiés de saisons pour un promu depuis le passage à dix équipes (2003/04). Séduisante dans le jeu, l'équipe d'Alain Geiger sera probablement une des attractions de ce sprint final et compte s'imposer comme telle dès samedi à Neuchâtel.
Ce qui ne devrait a priori pas être le cas des cinq équipes du bas, dont l'objectif premier sera si possible de se mettre à l'abri rapidement pour s'économiser un psychodrame. Avec 21 points, le Lugano de Maurizio Jacobacci (6e), qui vient de perdre son attaquant Carlinhos (parti au Japon), et le FC Sion du néophyte Ricardo Dionisio (7e) n'ont pas le couteau sous la gorge, tout en sachant très bien qu'une série négative peut les faire plonger.
Les mauvaises passes, que ce soit à Lausanne ou à Lugano, Fabio Celestini en a connues. Nommé cet hiver sur le banc de Lucerne alors qu'on le pensait déjà assis sur celui de Tourbillon, le Vaudois va devoir non seulement composer avec un groupe dont il est légitime de douter ainsi qu'avec un environnement instable, voire malsain, les luttes de pouvoir étant monnaie courante dans les bureaux du club de Suisse centrale.
Bis repetita avec Serey Die?
Le FCL dispose d'une marge de quatre points par rapport à un Neuchâtel Xamax tout heureux d'avoir pu récupérer Geoffroy Serey Die, dont le passage à la Maladière sous la forme d'un prêt, lors du 2e tour la saison passée, avait bonifié le collectif rouge et noir. Les moyens mis à disposition de l'entraîneur Joël Magnin demeurent néanmoins modestes et les Neuchâtelois risquent bien de devoir lutter jusqu'au bout du bout pour le maintien.
Ils s'étaient sauvés via un barrage de folie contre Aarau lors du dernier exercice, alors qu'ils s'étaient élancés de la dernière place au classement. Cette année, la lanterne rouge est accrochée à la porte du FC Thoune, relégué à cinq longueurs – un écart conséquent – des Xamaxiens.
Les Bernois espèrent que leurs deux bonnes pioches du mercato – Leonardo Bertone et Nicolas Hasler – leur permettront de vite gagner en qualité et de grignoter du terrain sur les formations mieux classées. Le FC Sion, qui se déplacera dans l'Oberland dimanche, est prévenu.