Genève-Servette, qui mène 2-0 en demi-finale face aux Zurich Lions, s'est découvert un héros improbable dans ces play-off 2021 de National League. Propulsé sur le devant de la scène en raison de la blessure du gardien titulaire Gauthier Descloux, Daniel Manzato fait mieux que jouer les pompiers de service.
Le Broyard n'a pas eu temps de tergiverser. Ni même de véritablement s'échauffer lorsqu'il a dû remplacer l'excellent Gauthier Descloux dès la 7e minute de l'acte III du quart de finale face à son club formateur, Fribourg-Gottéron. Ses statistiques sont pourtant affolantes, autant que sa sérénité.
Daniel Manzato affiche un impressionnant pourcentage d'arrêts de 98,32 en un peu moins de quatre matches disputés dans ces play-off. Ce qui en fait – et de loin – le portier le plus efficace de ces séries finales devant un autre natif de la ville de Fribourg, le dernier rempart de Zurich Ludovic Waeber (94,02% d'arrêts).
Quel est le secret de son succès? «J'essaie de me concentrer sur ma propre performance. En cherchant à m'appuyer au maximum sur mes qualités, sans penser aux buts que j'encaisse ou à la défaite», répond le futur joueur du CP Berne. Avant d'ajouter l'essentiel: «Je profite et je savoure.»
A 37 ans, Daniel Manzato a suffisamment roulé sa bosse pour savoir apprécier chaque moment à sa juste valeur. «Je suis plus proche de la fin que du début de ma carrière. Mais je peux toujours apprendre chaque jour quelque chose de nouveau. C'est cela ma passion», s'exclame l'ancien international helvétique.
Le matricule 160 de la draft 2002 de NHL n'a pourtant guère l'habitude de se retrouver sous les feux des projecteurs. Il avait ainsi tenté sa chance en Amérique du Nord, mais avait dû se contenter de la AHL. Et en Suisse, il n'avait disputé que 19 matches de play-off avant cet exercice 2020/21!
S'il savoure son inattendue aventure, Daniel Manzato n'oublie pas Gauthier Descloux. «Sa blessure est une déception pour l'équipe», glisse-t-il. Et ce n'est pas qu'une formule de politesse. «Nous sommes très proches l'un de l'autre», poursuit celui qui a été retenu pour quatre Mondiaux sans être aligné une seule minute.
«Nous nous parlons tous les jours. Nous parlons beaucoup de hockey, de stratégie et du monde des gardiens, mais aussi de la vie en dehors de la glace», souligne le Broyard, dont la relation avec Gauthier Descloux changera forcément lorsqu'il deviendra cet été la doublure de Tomi Karhunen à Berne.
Mais Daniel Manzato n'a évidemment pas encore l'esprit à Berne. «Je ne pense pas du tout au fait que je dispute mes derniers matches sous le maillot de Genève-Servette. Nous formons un groupe sensationnel, avec une super ambiance», souligne-t-il, assurant même que le résultat n'est pas le plus important au sein du groupe.
«De toute manière, tout se joue sur des détails», souligne-t-il, bien conscient que la roue pourrait très vite tourner. «Les Zurich Lions sont une très bonne équipe. Notre défense doit être très, très concentrée», glisse-t-il. Et la tâche d'une défense est forcément plus simple avec un gardien dégageant une telle assurance.