Pas moins de 22 athlètes – un record – représenteront la Suisse dès vendredi lors des Championnats du monde de Doha. Mais les chances de médaille paraissent bien minces, même si les sprinteuses et leur cheffe de file Mujinga Kambundji peuvent rêver d'un exploit.
Sur le papier, Swiss Athletics peut escompter une demi-douzaine de places de finaliste dans le Khalifa International Stadium. Dont trois pour Mujinga Kambundji, qui figure au 6e rang de la liste des engagées sur 200 m (22''26), au 7e sur 100 m (11''00) et au 6e avec le relais 4x100 m (42''60).
Julien Wanders possède quant à lui le 6e temps 2019 parmi les athlètes inscrits sur 10'000 m grâce aux 27'17''29 réalisés à Hengelo, alors que l'énigmatique Tadesse Abraham est 7e sur marathon (2h07'24''). Enfin, le relais 4x400 m féminin emmené par Lea Sprunger détient le 8e chrono de l'année (3'29''15).
Des défis d'un genre nouveau
Mais ces chiffres n'ont qu'une valeur toute relative à l'heure de débarquer dans le Golfe persique. Les athlètes seront confrontés à des défis d'un genre nouveau, avec une chaleur écrasante – plus de 40 degrés durant la journée -, une forte humidité – surtout le soir – et un stade climatisé à hauteur de piste.
Tout cela au terme d'une saison très longue, à des dates inhabituelles pour des Mondiaux. «Les organisateurs n'ont pas tenu compte des athlètes, de leurs spécificités. C'est presque impossible de performer de la même manière durant l'été puis en octobre», soulignait ainsi Sarah Atcho lors des championnats de Suisse en août.
«Pour moi, c'est scandaleux d'avoir choisi Doha. On n'a pas pensé à la santé des athlètes. Ces Mondiaux se déroulent au terme de la saison la plus longue qu'on ait connue, et on aura une pause très courte avant d'aborder 2020», poursuivait la Vaudoise qui, comme tant d'athlètes, a déjà les JO de Tokyo 2020 dans le viseur.
Un mois sans compétition à gérer
«Mais on doit faire avec», lâchait une Sarah Atcho bien consciente que le relais 4x100 m féminin constitue probablement le principal espoir de podium dans le camp suisse. Cinquième des Mondiaux 2017 dans une composition similaire à celle prévue à Doha (Kambundji, Atcho, Salomé Kora et Ajla Del Ponte), il peut faire mieux encore.
Sa leader Mujinga Kambundji fait, elle, partie de l'élite mondiale. Et la Bernoise a le vent en poupe, elle qui a signé ses deux chronos de référence lors des Championnats de Suisse à la fin août. Mais, contrairement à ce qui peut se produire en relais, elle ne bénéficiera pas des malheurs de ses rivales sur 100 ou 200 m.
La question qu'elle peut se poser est néanmoins la même que pour les autres athlètes suisses: comment gérer le mois qui vient de s'écouler, sans la moindre compétition pour se jauger? Cette pause peut forcément nuire à l'état de forme de la Bernoise, comme elle peut permettre à d'autres athlètes de se relancer.
Où en est Lea Sprunger?
Le deuxième cas de figure concerne deux des médaillés des Européens de Berlin, Lea Sprunger et Alex Wilson. La championne d'Europe du 400 m haies vit une saison compliquée, elle qui ne possède que le 14e temps 2019 parmi les engagées (55''13). Mais la Vaudoise, 5e des Mondiaux de Londres en 2017, est capable de faire beaucoup mieux.
«Bronzé» à Berlin sur 200 m, le Bâlois ne vit pas la même situation. Il a déjà couru vite cette année, fin juin à La Chaux-de-Fonds, où il avait profité de conditions parfaites pour réussir deux records de Suisse (10''08 sur 100 m, 19''98 sur 200). Mais il a souffert d'un genou depuis, et n'a pas retrouvé ses sensations.
Les interrogations sont également grandes autour de Tadesse Abraham, vice-champion d'Europe du marathon. Le Genevois s'est fait discret depuis qu'il a réalisé le deuxième chrono de sa carrière en avril à Vienne, se préparant comme de coutume en Ethiopie. Peut-il marcher sur les traces de Viktor Röthlin, 3e des Mondiaux 2007? Réponse dans la nuit du 5 au 6 oct