Alors qu'il mène 2-1 dans la finale de LNA qui l'oppose à Amriswil, Chênois est à un match de son septième titre de champion suisse. La première balle de titre des Genevois sera jouée mercredi (20h00) dans leur salle de Sous-Moulin.
Une finale opposant Chênois à Amriswil, c'est un peu David contre Goliath. Si, à l'origine, la cote penchait largement en faveur des Thurgoviens, qui ont dominé la saison régulière de la tête et des épaules, les Genevois, en véritables petits soldats, ont déjoué les pronostics.
Grâce au succès 3-1 cueilli samedi en terres ennemies, les Romands mènent désormais 2-1 dans cette finale des play-offs de LNA au meilleur des cinq matches. Les hommes de Ratko Pavlicevic, ex-mentor d'Amriswil de 2015 à 2018, auront l'occasion de porter le coup fatal au géant thurgovien ce mercredi, à domicile, lors de l'acte 4 de la série.
Si Chênois, dont le dernier titre remonte à 2012, est en position de force aujourd'hui, c'est en grande partie grâce à son solide noyau de joueurs suisses, parmi lesquels Jovan Djokic. Valeur sûre de l'équipe nationale, qu'il pourrait être amené à rejoindre dès jeudi en vue des qualifications pour l'Euro 2021, pour autant que Chênois finisse le travail mercredi, le Genevois de 27 ans est revenu dans son club formateur l'été passé. Parti en 2012 du côté du LUC, le rival lémanique, où il s'est aguerri sous les ordres de Georges-André Carrel, le n°14 avait rejoint Amriswil en 2017.
Le réceptionneur-attaquant d'1m90, véritable fer de lance de Chênois cette saison, élu pour la deuxième fois de sa carrière meilleur joueur suisse, nous parle de cette finale au léger goût de revanche. Interview.
Jovan Djokic, vous avez commencé cette finale de la plus belle des manières en renversant Amriswil dès le premier match. Lors de l'acte 2, vous avez toutefois été sèchement battus à domicile. On pouvait dès lors craindre que vous ayez manqué le coche. Pourtant, vous les avez battu une deuxième fois chez eux samedi, alors que les Thurgoviens étaient invaincus dans leur salle avant l’entame de cette série finale. Quelles ont été les clés de ces deux succès ?
"Je pense qu'on les surprend lors du premier match. On sort un immense match collectif et eux ne sont pas habitués à ce qu'une équipe leur résiste autant cette saison. On savait qu'on était capables de les titiller et qu'ils étaient fébriles, que la situation avec leur coach était délicate. Après le premier match, on fait un peu une erreur de débutants, ce qui nous rappelle que l'équipe est jeune. On a trop vite volé trop haut. On parlait déjà de quand on serait champions, alors qu'on n'avait encore rien accompli. C'est ce qui explique qu'on se fait surprendre chez nous. Après avoir perdu le premier set, on n'a pas réussi à se remettre dedans et eux ont déroulé. Quand Amriswil commence à poser son jeu, ça devient compliqué. C'est vrai qu'à ce moment-là, je me suis dit que ça avait peut-être tourné et pourtant on gagne chez eux samedi. En fait, dès qu'on joue ensemble, on peut les battre. Maintenant, à nous de ne pas reproduire la même erreur qu'après le premier match."
Est-ce que vous avez changé quelque chose dans votre jeu depuis la saison régulière ou est-ce que c'est l’enjeu qui a fait la différence ?
"On n'a pas changé grand chose dans notre jeu, mais la sauce a commencé à prendre avec le coach. Il a été tellement exigeant et dur avec nous pendant la saison régulière, qu'il a relâché un peu la pression pendant les play-offs et il nous a laissé jouer. Le travail effectué pendant la saison a commencé à payer au bon moment et l'enjeu a fait qu'on s'est relâchés et qu'on a pris du plaisir. C'est un coach qui sait gagner et qui nous a super bien préparés pour cette finale."
Jouer un titre, c'est toujours spécial. Est-ce que les conditions sanitaires, notamment l'absence de public, n'enlèvent pas un peu de saveur à l'enjeu ?
"Sportivement parlant, si on gagne ce titre, il en vaudra deux pour moi. Ça a été une saison tellement dure entre notre quarantaine en octobre et les quarantaines des équipes adverses. Ces dernières ont fait qu'on n'a pas joué un seul match pendant un mois. Même notre premier match de demi-finale contre Schönenwerd a été annulé le jour-même et déplacé..."
"Au niveau du rythme, je n'ai d'ailleurs jamais connu une telle saison, c'est vraiment éprouvant, au niveau physique comme mental. Ensuite concernant le public, moi qui ai notamment participé à des finales avec Chênois étant jeune, je peux dire que c'est la salle où il y a le plus d'ambiance en Suisse. Dès qu'il y a des résultats, les gens viennent et je sais très bien que mercredi, si on avait pu avoir du public, ça aurait été plein. C'est dommage de ne pas pouvoir partager ça avec les gens qui sont au club depuis un moment et qui attendant ça depuis longtemps."
Hormis le plaisir d'avoir mené Chênois en finale, vous qui étiez revenu pour aider le club à passer un cap, est-ce que vous avez retrouvé le plaisir du jeu que vous étiez venu rechercher ?
"Oui, c'est sûr. A la base, quand je reviens à Chênois l'été dernier, je me dis qu'on va essayer de construire sur du long terme pour jouer une finale dans deux ou trois ans. Je ne pensais pas que ça allait se faire si rapidement, donc oui je prends de nouveau énormément de plaisir et c'est ce que j'étais venu chercher. L'année passée, à Amriswil, je n'avais joué que 50% du temps avec un coach avec lequel je ne m'entendais pas et qui n'a pas su me faire confiance. Maintenant, il s'est fait virer."
Jusqu'à présent, la pression était du côté alémanique puisqu'Amriswil était le grandissime favori de cette finale. Depuis, le vent a tourné et vous menez 2-1 dans la série. Avec deux balles de titre, la pression est désormais sur vos épaules. Comment la gérez-vous ?
"C'est un peu nouveau pour tout le monde. Chênois n'est pas une équipe habituée à jouer des finales, ça fait deux-trois ans que ce club perdait en quarts de finale ou en demies. Il faut qu'on assume désormais ce rôle de favoris. Je pense qu'on a beaucoup appris après le premier match. Nous avons la pression de conclure cette finale, mais eux aussi en ont énormément. Maintenant que le coach a été viré, la pression est sur les joueurs. Amriswil a le double de notre budget et est pourtant dos au mur. Ils doivent gagner."
Qu'est-ce que votre équipe a de plus que les autres qui peut expliquer que vous êtes aujourd'hui à une victoire du titre ?
"Une âme peut-être ou le fait que nous sommes un groupe d'amis très proches. On a un super groupe, il n'y a pas de clans et on partage aussi des choses en dehors du terrain. Il y a, en plus, cet amour pour le maillot, nous sommes plusieurs à être d'ici. C'est notre club et notre ville. Enfin, on a un coach qui a été exigeant avec nous car il qui sait gagner."
Vous n'aimez pas compter le titre remporté par Chênois en 2012 dans votre palmarès. Toujours est-il qu'il y figure. Vous étiez alors parti au terme de cet exercice en tant que jeune joueur à la recherche de temps de jeu et êtes revenu à Chênois l'été dernier en tant que joueur confirmé. Ne serait-ce pas une belle manière de boucler la boucle que de décrocher ce titre ?
"Partir et ensuite revenir pour gagner contre mon ancien club, où tout ne s'était pas super bien passé, ce serait presque trop beau pour être vrai. Ce titre de 2012, je ne sais pas qu'en faire (rires). J'ai la médaille chez moi donc, théoriquement, j'ai été champion suisse. Personnellement, je ne le compte pas car j'étais parti en cours de saison pour soigner une blessure. Ma première saison en LNA en 2011 m'a plus marqué je dirais. Je sais que ce titre de 2012 a été important pour le club mais, si on gagne le titre cette saison, il aura peut-être un peu plus de valeur parce qu'on a beaucoup plus de joueurs locaux sur le terrain, des Suisses mais aussi des Genevois. Pour moi, ce serait une belle manière de revenir où tout a commencé en gagnant avec mon club."