Juste une dernière danse. Après plus de dix ans sous le maillot des All Blacks, le magicien Aaron Smith entend imiter les légendes Dan Carter ou Richie McCaw et tirer sa révérence sur une nouvelle couronne planétaire pour oublier l'échec du Mondial 2019.
Quoi qu'il advienne samedi au Stade de France face aux champions du monde sud-africains, Aaron Smith «ne veut surtout plus éprouver de regrets». Après douze ans en noir et 124 sélections, le génial demi de mêlée vit en effet «sa dernière semaine en tant que All Black» et il «veut en profiter».
A 34 ans, l'éternel no 9 des Highlanders, la franchise de Super Rugby de Dunedin, espère en effet boucler la boucle sur un deuxième titre de champion du monde, à titre personnel, après celui glané en 2015. Il y a huit ans, comme Smith l'explique lui-même, il n'était qu'un «jeune voyou» qui prenait des selfies avec les stars Richie McCaw et Dan Carter, ses idoles, en route vers leur dernier sacre.
A l'image de l'actuel capitaine Sam Cane ou des deuxièmes lignes Brodie Retallick et Sam Whitelock, toujours présents en 2023, Aaron Smith est désormais un des cadres des hommes en noir, qui visent en France un quatrième titre record.
«C'est ma dernière danse», a savouré Smith après la victoire contre l'Argentine (44-6), au cours d'une demi-finale où il a brillé, inscrivant un des sept essais néo-zélandais sur une action où il a enchaîné un pas de côté chaloupé pour éviter un adversaire et un pas de l'oie primesautier pour en déboussoler un autre, avant d'aplatir.
Effacer le souvenir de l'Angleterre
«Je suis reconnaissant que ce soit cette semaine-ci, même si c'est un peu surréaliste d'être en finale», a encore souri l'intéressé, premier All Black d'origine maorie à atteindre la barre des 100 sélections.
Il faut rappeler que les Néo-Zélandais n'en menaient pas large après un revers initial face à la France (27-13) en ouverture de cette Coupe du monde. Près de deux mois plus tard, ils sont toujours là, après avoir notamment éliminé les cadors irlandais (28-24) lors d'un quart de finale d'un niveau exceptionnel.
Pour expliquer cette renaissance, au sortir de plusieurs années compliquées, Aaron Smith ne va pas plus loin que la sortie de route, en demi-finale de l'édition japonaise, quatre ans plus tôt, devant l'Angleterre (19-7). C'est justement ce match qui l'a poussé à prolonger l'aventure sous le maillot à la fougère.
«Remédier à cette situation»
«J'étais déçu, j'étais abattu par cette défaite, s'est-il souvenu. Nous avions laissé tomber le pays. En tant que joueur, vous ne pouvez pas tout contrôler mais c'est à cause de ça que je suis encore là : je voulais ardemment remédier à cette situation et nous avons fait un pas en avant par rapport à la dernière fois. Cette semaine sera très amusante, contrairement à 2019.»
«Je ne crois pas qu'on puisse s'en remettre un jour, pour être honnête. Cela vous colle à la peau pour toujours. En tout cas, moi, je ne m'en suis pas remis. Je suis quelqu'un d'émotif, je ne cache pas mes émotions...», a-t-il ajouté. Samedi, il y aura sans doute des larmes sur la pelouse du Stade de France. Forcément, Aaron Smith aimerait tant qu'elles soient de joie pour son ultime arabesque.