A l'arrêt depuis l'annulation des finales de la Coupe du monde à Veysonnaz le samedi 14 mars en raison de la pandémie de COVID-19, Fanny Smith fait comme tout le monde en restant chez elle. Sur sa terrasse à Villars, la Vaudoise de bientôt 28 ans se maintient en forme et applique les mesures de l'OFSP à la lettre.
«Je fais très attention, je me dis même parfois que c'est un peu too much.» Les premiers mots de la médaillée de bronze des JO de Pyeongchang résonnent dans sa tête, et la championne aux 23 succès en Coupe du monde se reprend vite: «Mais non, on n'en fait jamais trop vu les circonstances exceptionnelles. Honnêtement, depuis le 14 mars, je ne vois que mon copain.»
Si la Villardoue prend autant de précautions, c'est pour protéger les autres et notamment sa grand-maman de 90 ans. «Je lui apporte ses courses, mais on fait hyper attention. Elle est en forme et on veut qu'elle le reste. On s'est autorisé une petite balade l'autre jour, mais on portait les deux masque et gants en respectant les deux mètres de distance entre nous», confie la jeune femme.
«Et on a pris soin de choisir une heure où il y avait peu de risques de croiser du monde, souligne-t-elle. C'est une femme très active en règle générale, et il faut faire attention à ne pas perdre de muscles à son âge. Avec mon préparateur physique, on lui a d'ailleurs imaginé une séance pour qu'elle puisse faire des exercices.»
En athlète ultra rigoureuse, elle n'a cependant pas eu besoin d'aligner les arguments pour que sa mamie reste à la maison. «Elle a connu la Deuxième guerre mondiale, précise la Vaudoise. Donc dès qu'elle a entendu les premières recommandations du gouvernement début mars, elle s'est mise en confinement toute seule.»
Participation à la campagne STOP COVID
Juste avant les finales, Fanny Smith s'était confiée à Keystone-ATS à l'heure où l'interdiction concernant les rassemblements de plus de mille personnes était entrée en vigueur depuis deux semaines. Les gestes barrière et la distance sociale étaient déjà cités. «On ne se fait plus de hugs entre athlètes», confiait-elle alors. Aujourd'hui, la Vaudoise participe à la campagne STOP COVID (stop-covid.org) lancée par le docteur Didier Pittet, professeur aux HUG et créateur du gel hydroalcoolique.
Une campagne centrée sur les jeunes et portée par des athlètes, des clubs sportifs de premier plan, mais aussi des humoristes et des artistes. «Il y a des challenges à faire, des idées pour s'occuper à la maison et pour s'assurer que l'on respecte bien les directives de l'OFSP, explique la double gagnante du gros globe de cristal. On doit se serrer les coudes, penser que l'on est porteur du virus et qu'il ne faut surtout pas le transmettre à quelqu'un d'autre. La santé des autres passe avant la sienne.»
Un avenir encore flou pour tout le monde
Lorsqu'elle ne fait pas les courses pour sa grand-maman, Fanny Smith se maintient en forme sur sa terrasse. Elle a récemment publié des photos sur son compte Instagram où elle préparait ses skis et ceux de sa famille. «Cette situation nous rend créatifs, glisse-t-elle avec un sourire dans la voix. Mais j'ai de la chance d'avoir une terrasse pour m'entraîner. Et la chance que tout soit arrivé à la fin de notre saison. En fait je n'ai manqué que les finales et un événement avec un gros sponsor.»
La Vaudoise a aussi dû faire l'impasse sur les tests de matériel, et l'incertitude continue de planer sur la suite des prochaines semaines. «Surtout qu'en sport, on aime planifier les choses, argumente-t-elle. Tu sais que si la saison commence à la date X, tu dois être prête physiquement pour la date Y. Là, on ne sait pas trop comment envisager l'avenir. Est-ce que l'on pourra aller sur les glaciers en juillet? Est-ce que les camps en Amérique du Sud auront lieu? On doit attendre.»
Reste la problématique liée aux sponsors, eux aussi touchés par la pandémie et contraints de faire des choix au niveau des budgets. «Je n'ai pas encore eu d'informations sur d'éventuels retraits, conclut Fanny Smith. Il faudra renouveler certains contrats, mais là tout est en stand-by. On verra tout cela avec mon manager quand la situation sera moins tendue. L'important aujourd'hui, c'est la solidarité.»