Tempête en vue sur un gros poisson du peloton. Le Danois Jakob Fuglsang ferait l'objet d'une enquête de la part de l'autorité antidopage du cyclisme pour ses liens supposés avec le préparateur italien Michele Ferrari, pourtant banni à vie du sport depuis 2012.
L'affaire a été révélée dimanche par le journal danois Politiken, qui a eu accès avec d'autres médias à un rapport secret établi par la fondation antidopage (CADF) de l'UCI. Fuglsang est soupçonné, mais aussi son équipier Alexey Lutsenko, autre homme fort d'une équipe Astana dont le patron est Alexandre Vinokourov, déjà condamné par le passé pour dopage alors qu'il était client de Ferrari.
Ni contrôles antidopage ni opération de police, c'est un renseignement qui étaie l'accusation. D'après le rapport cité par Politiken, le coureur danois, actuel numéro deux mondial au classement UCI, est placé sur la sellette pour ses rencontres avec Ferrari, dans la mesure où toute collaboration est interdite avec le sulfureux préparateur sous peine de suspension.
«Un renseignement de la CADF indique que Jakob Fuglsang fait partie de l'entreprise de dopage de Michele Ferrari et que son coéquipier Alexey Lutsenko était présent lors d'au moins une rencontre entre eux à Nice/Monaco», mentionne le rapport de la CADF, un organisme indépendant dont la disparition voulue par l'UCI à l'horizon 2021 a été annoncée la semaine passée.
«Un canular médiatique»
Ferrari aurait été également présent au Tour de Catalogne 2019, auquel n'a pas pris part Fuglsang. Durant la première partie de la saison dernière, le Danois (médaillé d'argent aux JO de Rio 2016), a connu un état de grâce durable. Jusqu'à sa domination totale dans Liège-Bastogne-Liège, le plus grand succès de sa carrière à l'âge de 34 ans. Quatre jours plus tôt, il rivalisait au sommet du mur de Huy, malgré le handicap du poids, avec Julian Alaphilippe à l'arrivée de la Flèche wallonne (2e).
Sur son site, Michele Ferrari a évoqué lundi après-midi «un canular médiatique». «Je n'ai plus de relations avec les athlètes de l'équipe Astana depuis dix ans», a déclaré l'Italien, qui a réfuté les points soulevés par Politiken: «Je ne suis pas allé à Monaco/Nice depuis au moins douze ans, je n'ai jamais été sur un scooter/moto de toute ma vie, je ne suis pas allé au Tour de Catalogne 2019», etc. L'explication ? «Le rapport est basé sur de faux témoignages de parties probablement intéressées».
Coopération d'Astana
Fuglsang, qui participe à un stage d'entraînement en altitude à Tenerife, est resté muet. Quant à l'équipe kazakhe, contactée dès mardi dernier par les journalistes danois et norvégiens qui ont eu accès au rapport, elle a estimé dans un premier temps ne pas avoir à répondre à ce qu'elle a qualifié d'allégations et de rumeurs. Avant de réagir lundi après-midi sur son site: «L'équipe demande à tous ses coureurs qu'ils se conforment à tout moment à toutes les obligations du règlement antidopage, y compris l'interdiction d'être associé à des personnes ou des médecins interdits. Elle ne collabore avec aucun médecin suspect comme le Dr Michele Ferrari.»
Astana a affirmé être en contact avec l'UCI et la CADF «pour en savoir plus»: «Pour le moment, aucune procédure n'a été engagée contre un coureur affilié à l'équipe. Astana est convaincue que si la CADF avait des preuves d'actes répréhensibles, une procédure disciplinaire aurait été immédiatement engagée.»
Jakob Fuglsang, qui privilégie cette année le Giro (en mai) plutôt que le Tour de France, reste donc autorisé à courir. «La CADF, l'organisme indépendant mandaté par l'UCI pour définir et mettre en oeuvre la stratégie antidopage du cyclisme, mène ses enquêtes en toute indépendance», a déclaré à l'AFP la fédération internationale. «Notre fédération suit de près ce dossier et prendra les mesures jugées appropriées dans l'intérêt du cyclisme».