Interview Urs Lehmann: "Je lorgne ce poste depuis un certain temps déjà"

ATS

7.4.2020

Patron de Swiss-Ski, Urs Lehmann s'est confié à Keystone-ATS à l'heure d'annoncer sa candidature à la présidence de la Fédération internationale (FIS). «Il n'y a pas besoin d'une révolution, mais d'une évolution conséquente», lâche l'Argovien de 51 ans.

Urs Lehmann, patron de Swiss-Ski.
Urs Lehmann, patron de Swiss-Ski.
Keystone

Urs Lehmann, vous avez pris votre temps avant d'officialiser votre candidature à la présidence de la FIS. Maintenant, on y est. Cela signifie-t-il que vous estimez avoir de bonnes chances de succéder à Gian Franco Kasper?

«J'ai fait mes comptes, et j'estime que mes chances de permettre à la Suisse de conserver la présidence de la FIS ne sont pas si mauvaises. Même après 69 ans au pouvoir. Mais il n'y a aucune garantie.»

Le Bernois Marc Hodler a occupé ce poste pendant 47 ans, à partir de 1951, et Gian Franco Kasper est en poste depuis 1988. Certains se demandent pourquoi il faudrait à nouveau élire un Suisse...

«La nationalité, le sexe, la couleur de peau, tout cela ne doit jouer aucun rôle. Il s'agit plutôt de choisir la personne qui vous inspire le meilleur feeling et dont vous êtes convaincu qu'elle constitue le meilleur choix pour ce poste. C'est à moi de convaincre les électeurs de mes qualités et de mes capacités. Si, au bout du compte, la bonne personne n’est pas suisse, il faudra s'y faire.»

Vous avez mené d'innombrables discussions au cours des dernières semaines et même des derniers mois. Par quelles personnes et par quelles fédérations vous sentez-vous particulièrement soutenu?

«Je dois faire preuve de retenue, je ne peux pas entrer dans les détails concernant mes soutiens. En fait, je lorgne ce poste depuis un certain temps déjà. Mais j'ai toujours dit que je n'entrerais pas dans la danse tant que Gian Franco n'aurait pas démissionné. Je l'ai rencontré une fois, en janvier. Il m'a présenté les choses de manière très ouverte et transparente. J'étais conscient de nombreuses choses, mais pas de tout. J'ai donc cherché à savoir quelles étaient les préoccupations des Fédérations, et ai réfléchi à ce que je pourrais faire. Je sais donc désormais à peu près où je me situe, et quels pays et régions me soutiennent.»

Pourquoi devrait-on vous élire à la présidence de la FIS?

«Il y a différents aspects. J'aime les activités qui sont actuellement les miennes, chez Similasan (réd : une société pharmaceutique dont il est le directeur) et chez Swiss-Ski, et j'aime aussi la combinaison de ces deux formidables défis. Mais la présidence de la FIS, c'est une opportunité que ne se présente qu'une fois dans une vie. J'ai déjà eu le privilège de savoir saisir l'une de ces opportunités uniques, lorsque je suis devenu champion du monde de descente (en 1993). Je suis en outre persuadé de pouvoir mener à bien cette tâche difficile et importante. Et de nombreuses personnes peuvent attester de mes capacités à tenir ce rôle. Je sens un fort soutien, tant au niveau national qu'international.»

Sur quels thèmes allez-vous faire campagne?

«J'ai écrit un manifeste, qui constitue mon programme électoral officiel. Il explique par exemple que nous devons renforcer notre sport. Nous devons trouver des formats plus attrayants. Mieux nous y parviendrons, plus les athlètes seront partie prenante, et plus le système disposera de sponsors et d'argent. Cet argent sera ensuite réinvesti dans le sport. Il s'agit d'un cercle vertueux. C'est quelque chose que nous, chez Swiss-Ski, avons systématiquement appliqué. Deuxièmement, si notre sport devient plus attractif, nous devrons être en mesure de le commercialiser encore mieux. La création d'une tournée asiatique constitue par exemple un sujet majeur à mes yeux. L'Europe n'est pas le seul marché intéressant. D'une manière générale, il n'y a pas besoin d'une révolution, mais d'une évolution conséquente. C'est cela l'essentiel pour moi.»

Quels sont les autres points importants abordés dans votre manifeste?

«La gestion de certains sujets comme le genre et le climat doit par exemple absolument être renforcée. Des structures plus précises doivent être créées. La FIS devra également se montrer plus proactive à l'avenir. Pour l'heure, elle a souvent un temps de retard dans ses réactions. Comme c'était le cas du ski suisse à certaines époques, et nous avons réussi à reprendre le contrôle. Je veux aussi voir une FIS plus unie et plus forte. Il y a plus de 70 nations votantes, auxquelles s'ajoutent 60 fédérations nationales sans droit de vote. Il s'agira de donner aux grandes nations les moyens qu'elles demandent et d'aider dans le même temps les petites nations à grandir.»

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