Mondiaux de biathlon Grosse frustration pour des Suisses qui ne glissaient pas

ATS

19.2.2024 - 10:12

Une grosse frustration habite l'équipe de Suisse au terme des Mondiaux de Nove Mesto. Les préparateurs n'ont pas trouvé la recette pour mettre à disposition des athlètes qui skis leur permettant de lutter avec les meilleurs sur la neige tchèque.

Lena Häcki-Gross et la Suisse ont vécu des Mondiaux frustrants.
Lena Häcki-Gross et la Suisse ont vécu des Mondiaux frustrants.
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«D'un coup, j'ai été dépassée par des concurrentes que je laissais habituellement derrière», a constaté Amy Baserga. Niklas Hartweg a ajouté: «Dans les montées, je pouvais boucher les trous grâce à ma bonne forme, mais je perdais ensuite du temps dans les descentes.»

Arrivée aux Mondiaux avec de grandes ambitions dans la foulée de son premier succès en Coupe du monde, Lena Häcki-Gross a déchanté. «Mais ce n'était pas une question de forme», a-t-elle dit. Pour sa part, Sebastian Stalder a même envisagé publiquement de rentrer en Suisse avant même la fin des épreuves.

Pas concurrentiels à 100%

Devant les caméras de la télévision, les critiques envers le matériel sont généralement mal perçues. Les biathlètes suisses ont donc été assez mesurés lors de cet exercice. Mais néanmoins, la frustration était palpable lors de presque chaque interview. Les Suisses regrettaient un désavantage dès le départ, avec des skis rarement assez bons et rapides pour viser une médaille.

Lukas Keel, le chef du biathlon à Swiss-Ski, comprend ses protégés. «Nous n'étions pas à 100% concurrentiels à Nove Mesto», a-t-il avoué à Keystone-ATS. Les chiffres le prouvent sans équivoque. «Normalement, l'équipe perd 4 à 6% sur les meilleurs dans les parties de ski. Ici, le taux est monté entre 11 et 14%.»

Les causes de cette misère sont doubles. Il y a d'une part l'interdiction des farts au fluor et de l'autre les conditions de neige particulières qui régnaient à Nove Mesto. Tout ceci aurait pu constituer un avantage, car jusqu'ici cette saison les Suisses avaient souvent bénéficié d'un matériel à la hauteur, voire meilleur que la concurrence. Mais lors de ces Mondiaux, cela n'a pas été le cas.

Neige de l'année dernière

Les conditions en Tchéquie n'avaient rien à voir avec l'hiver. La bande blanche tracée au milieu de la forêt avait été mise en place en décembre avec de la neige de l'hiver précédent ! Nove Mesto bénéficie d'une capacité de stockage de la neige équivalente à 25 salles de gymnastique.

La piste a ensuite été maintenue avec des liants comme du sel ou des engrais chimiques. De la neige artificielle récente a aussi été ajoutée. Ce mélange a provoqué un casse-tête pour les préparateurs, surtout si on prend en compte la pluie, des températures positives et de la saleté sur les pistes.

Les choix effectués par les Suisses n'ont pas fonctionné. «Nous avons eu un problème fondamental: les skis perdaient de leur efficacité au fil de la course. Beaucoup de nos produits contiennent du silicone, ce qui permet de chasser l'eau. Par contre, cela ramasse la saleté. Et quand celle-ci se trouve sur la surface du ski, l'élimination de l'eau ne se fait plus bien», détaille Lukas Keel.

Sonnette d'alarme

Au début des Mondiaux, quand le relais mixte a fini au pied du podium après une très belle course et que personne ne parlait encore du matériel, la sonnette d'alarme était déjà tirée parmi les responsables de l'équipe. Lena Häcki-Gross, habituellement l'une des meilleures sur les skis, aurait dû être plus rapide. «Nous avions eu des conditions similaires une fois cet hiver lors du sprint d'Oberhof. Et là aussi, nous n'avions pas eu des skis rapides», a expliqué Lukas Keel.

Les Suisses n'ont pas été les seuls à connaître ces problèmes. Les Norvégiens et les Français ont immédiatement eu un avantage, alors que d'autres comme les Italiens ont pu réagir en deuxième semaine. Swiss-Ski a fait venir des experts de la Suisse, mais cela n'a pas changé les choses.

Il n'a pas été simple de conserver calme et sérénité dans l'équipe. «On se révolte parce qu'on n'a pas gagné de médaille. C'est normal dans un sport de compétition. Mais ce sentiment est aussi possible, car nous ne sommes plus tellement éloignés des meilleurs», conclut Lukas Keel.