La retraite de Marcel Hirscher relance de façon spectaculaire le suspense pour la conquête du gros Globe de cristal chez les messieurs. Un Graal désormais accessible à plusieurs skieurs qui voient apparaître l'opportunité de leur carrière.
Beaucoup de petits Autrichiens vont être déboussolés: les moins de neuf ans n'ont jamais vu personne d'autre que leur héros Marcel Hirscher remporter le classement général de la Coupe du monde dans leur sport national.
Après avoir dominé outrageusement son sport depuis l'hiver 2011/2012, Marcel Hirscher laisse le ski orphelin d'un immense champion, mais offre un boulevard à ses concurrents qui devaient jusque-là se contenter des miettes. Au premier rang des légitimes ambitieux: Alexis Pinturault, 2e du général la saison dernière.
"Ca ouvre une porte à tous ses dauphins des huit dernières années!", tempère le Français, prudent. «Marcel était le grand champion, donc automatiquement ça laisse une place, mais il reste beaucoup de monde, il faudra être à la bagarre. Les favoris, on les connaît déjà: Henrik Kristoffersen, Dominik Paris, Kjetil Jansrud et moi bien sûr j'en fais partie aussi. Et il y en a d'autres, notamment chez les jeunes, qui vont éclore».
Mais ce sont bien le récent champion du monde du combiné et le Norvégien Henrik Kristoffersen qui semblent se détacher, eux qui comptent huit podiums au classement général sur les six dernières saisons. Leur profil de techniciens, leur constance et le travail qu'ils ont dû fournir pour battre épisodiquement Marcel Hirscher en font des candidats naturels à sa succession. Et ils sont encore jeunes: 28 ans pour le Français, 25 pour le Norvégien.
La «vitesse» handicapée
Et pourquoi pas un spécialiste de vitesse? Les amateurs de super-G et de descente ont été les dauphins de Marcel Hirscher cinq fois en huit ans: le Bernois Beat Feuz en 2012, ou les Norvégiens Aksel Lund Svindal (2013 et 2014) et Kjetil Jansrud (2015 et 2017).
Mais la «caste» des descendeurs se plaint régulièrement du calendrier, qui avantagerait les techniciens en leur proposant plus d'épreuves et donc plus de points, un serpent de mer du ski alpin. La saison dernière, 21 épreuves sur 38 étaient «techniques», 15 consacrées à la vitesse et deux des combinés.
Surtout, et c'est mathématique, l'absence de Marcel Hirscher rapportera des points en plus aux géantistes et aux slalomeurs, mais ne changera rien pour les épreuves de vitesse auxquelles l'Autrichien ne participait que très rarement. Les Ramon Zanhäusern, Daniel Yule, Loïc Meillard ou Justin Murisier devraient donc plus en «profiter» que Beat Feuz...
«Avoir quelques années sans lui»
L'opportunité unique offerte cette saison devrait réjouir les principaux concernés. Mais paradoxalement, Marcel Hirscher leur a peut-être «scié la planche»: jamais ils ne seront auréolés d'une victoire à la régulière face à lui sur une saison entière.
«Je ne fais pas partie de ceux qui se réjouissent de cette situation, j'aurais aimé qu'il continue parce que j'aimais la rivalité, la confrontation et le challenge de courir avec Marcel, confirme Pinturault. Je voulais essayer de tout faire pour le battre pendant qu'il était là, de m'approcher le plus possible de ce gros globe. Maintenant qu'il n'est plus là, ce n'est plus réalisable, d'autres ambitions vont naître.»