Six ans et demi que le comité de Lausanne-2020 attendait ce moment: jeudi sonnera enfin l'heure de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de la Jeunesse (19h30/RTS Deux). Des JOJ se voulant innovants, responsables et précurseurs des évolutions futures.
Les Jeux de la Jeunesse sont un objet sportif difficilement identifiable, entre compétition pure et dure et visées éducatives, entre volonté de laisser à l'hôte un héritage et ambitions économiques, entre regard tourné vers l'avenir et obsession de revenir à un passé glorieux.
Les JOJ, créés en 2007, sont une compétition sportive à laquelle prendra part une délégation record de 1872 athlètes de 15 à 18 ans. Pour l'essentiel des anonymes dont une majorité ne percera jamais vraiment au plus haut niveau. Impossible de prédire, à ces âges, les trajectoires individuelles de ces adolescents.
A Lillehammer (NOR), en 2016, les médaillés suisses (12 breloques au total dont 5 en or) s'appelaient Aline Danioth ou Mélanie Meillard – des noms connus désormais du public – mais aussi, par exemple, Talina Gantenbein, Philipp Hösli, Sophie Hediger et Sascha Rüedi. Des promesses qui ont connu une heure de gloire mais qui n'ont pas (encore?) fait leur trou dans l'élite quatre ans plus tard.
Cette incertitude naturelle pousse ainsi Swiss Olympic (qui refuse de définir un objectif chiffré à sa délégation forte de 112 concurrents, la plus grande du plateau), le CIO et le comité d'organisation à la prudence. Car, lorsqu'il s'agit des JOJ, l'important est ailleurs.
Le but sportif premier d'une telle manifestation est d'offrir à la jeunesse talentueuse une expérience, celle d'un grand rassemblement multisports international comme un galop d'essai avant de peut-être un jour disputer les Jeux olympiques. Ce qu'ont réussi à faire environ 10% des Suisses ayant disputé au préalable des JOJ.
Laboratoire du CIO
Ceux-ci n'ont du reste pas uniquement valeur de test pour les athlètes, mais aussi – et surtout – pour le CIO, qui a dès l'origine pensé la manifestation comme un laboratoire. Eprouver certaines nouveautés en conditions réelles pour mieux appréhender les évolutions olympiques à venir, le principe même d'un «soft opening».
Lausanne-2020 sera en ce sens innovant, avec l'introduction d'une discipline (le ski alpinisme) et des essais de formats nouveaux, tel ce tournoi de hockey sur glace par équipes multi-nations à 3 contre 3. Il appartiendra ensuite au CIO de dresser le bilan et de retenir ce qui a fonctionné. Car les JOJ doivent également être compris au travers du besoin de se renouveler devenu impératif avec l'érosion régulière de l'intérêt des plus jeunes générations pour les Jeux olympiques.
Cette troisième édition hivernale des JOJ doit aussi permettre d'apporter aux sceptiques la preuve du bien-fondé de la nouvelle orientation du CIO, l'Agenda-2020. Dont l'idéal est la fin du gigantisme par l'utilisation d'installations déjà existantes et pérennes.
C'est pourquoi la manifestation sera la première du giron olympique à se dérouler sur deux pays, certaines épreuves (combiné, saut à skis et biathlon) se déroulant aux Tuffes, en France. D'autres «délocalisations» ont été décidées, à Champéry pour une partie du tournoi de curling et à St-Moritz pour le bobsleigh, la luge, le skeleton et le patinage de vitesse.
En transports publics
Les organisateurs et le CIO affirment également avoir à coeur de placer ces JOJ sous le sceau de la durabilité et du respect de l'environnement. Ainsi, les athlètes se déplaceront en transports publics sur tous les sites de compétition, depuis leur village situé dans le fameux Vortex, qui servira ensuite de logement pour les étudiants de l'Université de Lausanne. Un bâtiment qui sera investi en deux vagues distinctes, ce qui permet l'augmentation de près de 40% du nombre d'athlètes sélectionnés pour ces Jeux par rapport à 2016 et l'économie d'un immense village.
Là encore, il s'agit d'une piste très sérieuse creusée par le CIO, confronté aux défections de plus en plus récurrentes des candidats à l'organisation des Jeux olympiques, souvent jugée encore trop coûteuse par les populations (à qui on pose la question) à travers la planète.
Tels sont certains des nombreux défis que doit relever le comité d'organisation, présidé par Virginie Faivre, laquelle avait succédé au regretté Patrick Baummann, décédé en octobre 2018. En espérant que la météo devienne rapidement plus hivernale que ces derniers jours, car le manque de neige a déjà posé quelques problèmes.