Carlos Alcaraz a remporté dimanche son premier Roland-Garros, après l'US Open 2022 et Wimbledon 2023. Après réflexion et compte tenu des mois qui ont précédé, c'est ce troisième titre du Grand Chelem dont il est «le plus fier», estime-t-il.
Carlos, pouvez-vous comparer l'effet que vous fait votre première victoire à Roland-Garros par rapport à vos premières à l'US Open et à Wimbledon ?
«C'est comparable. Mais à Roland-Garros, compte tenu du nombre d'Espagnols qui ont gagné, pouvoir ajouter mon nom à cette liste est incroyable. J'en ai rêvé depuis que j'ai commencé à jouer au tennis quand j'avais cinq, six ans. Donc c'est un sentiment formidable. Et ce que je retiens, c'est que c'est la force mentale qui fait gagner les matches. Il ne suffit pas de jouer brillamment, de jouer ton meilleur tennis. Si tu es faible dans ta tête, même si tu joues le meilleur tennis de ta vie, tu auras du mal à gagner un Grand Chelem.»
Comment avez-vous pu être aussi fort à Roland-Garros malgré une préparation si compliquée ?
«Je n'ai pas besoin d'avoir joué beaucoup de matches pour être à 100%. J'ai eu une très bonne semaine d'entraînement, ici à Paris, avec de très bons joueurs. Et je me sentais vraiment bien à jouer des sets, dans mes déplacements, dans mes frappes, avant le début du tournoi. Et évidemment, je me suis amélioré match après match. Bien sûr, il y a aussi le fait que j'ai cru en moi à chaque tour, chaque jour, jusqu'à la toute dernière balle du match d'aujourd'hui (contre Zverev).»
Comment expliquez-vous que vous gagniez si souvent vos matches en cinq sets ?
«Je sais que quand je joue un cinquième set, il faut tout donner, donner tout ce qu'on a dans le coeur. C'est dans ces moments-là que les meilleurs joueurs produisent leur meilleur tennis. Et j'ai tellement voulu être un de ces joueurs que je fais en sorte de donner plus. Je dois montrer à l'adversaire que je suis prêt. Et ça fonctionne, s'il voit que je me déplace bien, que je frappe des bons coups, que j'ai des solutions... Forcément, la force mentale joue un grand rôle à ce moment-là. C'est, je crois, la raison pour laquelle je réussis bien dans les cinquièmes sets.»
Vous enchaînez les titres, les records... de quoi êtes vous le plus fier ?
«Difficile à dire... Devenir no 1 mondial en remportant l'US Open (2022), c'était un rêve d'enfant. La façon dont j'ai gagné Wimbledon, en cinq sets contre Novak Djokovic, c'était incroyable. Mais là, remporter Roland-Garros en sachant ce que j'ai traversé, je ne sais pas... C'est peut-être le trophée dont je suis le plus fier, au regard de tout ce que j'ai fait pour être prêt. Il y a eu beaucoup de discussions avec mon équipe, sur si je devais m'entraîner ou pas, etc... Ca a été très difficile pour moi.»
Vous avez remporté trois titres du Grand Chelem. Pensez-vous pouvoir atteindre le record de 24 détenu par Novak Djokovic ?
«Je ne sais pas (sourire), j'espère. J'ai discuté avec Juan Carlos (Ferrero, son entraîneur, ndlr) hier, avant la finale. Il m'a dit : ‘tu vas te battre pour ton troisième titre du Grand Chelem, avec tout ce que tu as traversé, et tu connais la difficulté d'en gagner un’. Et Djoko en a 24, c'est incroyable. Là tout de suite, je n'y pense pas. Je veux juste continuer à avancer et on verra combien de titres en Grand Chelem j'aurai à la fin de ma carrière. Espérons 24, mais d'abord je vais savourer le troisième.»
Lequel des deux records vous paraît le plus atteignable: les 14 titres de Nadal à Roland-Garros ou les 24 titres du Grand Chelem de Djokovic ?
«Les deux sont quasiment impossibles. Dans les deux cas il faut être un extra-terrestre, les deux sont hors du commun.»