Novak Djokovic va-t-il battre l'un des records les plus prisés sans lever le petit doigt ? La question se pose après la décision de l'ATP prise le 19 mars de «geler» ses classements.
A nouveau no 1 mondial depuis son sacre à l'Open d'Australie en début d'année, Novak Djokovic figure aujourd'hui à la troisième place du classement des joueurs ayant occupé le trône de l'ATP le plus longtemps. Avec ses 283 semaines sur le toit du monde, le Serbe n'accuse que trois semaines de retard sur Pete Sampras (286) et vingt-sept sur Roger Federer (310).
Depuis l'annonce de l'annulation de Wimbledon, il est acquis que le Circuit ATP est en mode pause jusqu'au 13 juillet. Mais devant l'étendue de la pandémie du coronavirus, plus grand monde ne croit à une reprise au coeur de l'été. Ainsi, le Swiss Open de Gstaad qui se déroulera la semaine du 20 juillet risque, comme le Geneva Open, d'être annulé très bientôt. Le doute est également de mise pour la tournée nord-américaine dont le point d'orgue sera l'US Open qui doit débuter le 31 août.
La question centrale
Si l'ATP juge que les semaines où le Circuit est arrêté en raison de la pandémie sont des semaines qui doivent être comptabilisées dans ce classement des règnes des no 1, Novak Djokovic va très vite surpasser Pete Sampras et peut-être Roger Federer. La question centrale est donc la suivante: faut-il «geler» complètement ce classement et ne pas tenir compte ainsi des semaines de chômage technique qui ont vu et qui verront Novak Djokovic occuper le trône ?
Les supporters de Roger Federer peuvent avancer que Novak Djokovic aurait pu perdre déjà sa place à Indian Wells le mois dernier si Rafael Nadal avait gagné et si dans le même temps il ne s’était pas hissé en demi-finales pour affirmer qu'il ne faut pas comptabiliser ces semaines d'arrêt forcé. D'autres comme Darren Cahill ou Brad Gilbert, tous deux anciens coaches d'Andre Agassi, soulignent sur ESPN que Novak Djokovic «serait resté no 1 de longues semaines à moins d'un véritable cataclysme».
«Et si je gagnais 50 matches d'affilée...»
Il est vrai que Novak Djokovic présente depuis sa finale victorieuse de Wimbledon l'an dernier face à Roger Federer un bilan remarquable. Comme si les deux balles de match sauvées contre le Bâlois ce dimanche-là lui avaient «offert» une nouvelle vie. Après Wimbledon, il s'est imposé à Tokyo, à Paris-Bercy, à l'ATP Cup, à l'Open d'Australie et enfin à Dubaï. En 2020, il a cueilli dix-huit victoires en dix-huit rencontres. «Et si je gagnais 50 matches d’affilée...», glissait-il ironiquement à Dubaï au soir de sa finale contre Stefanos Tsitsipas.
L'ATP n'a pas encore arrêté une décision formelle quant à la comptabilisation de ces semaines de chômage technique. Elle attend sans doute de savoir quand le jeu pourra reprendre pour statuer. Seulement, le risque que le Circuit ne reprenne pas avant le 1er janvier 2021 est réel. En raison de son universalité, le tennis est et sera l'un des sports les plus touchés par la pandémie.
Directeur du Masters 1000 de Madrid et du Geneva Open, Gérard Tsobanian a évoqué cette possibilité dans les colonnes de «L'Equipe». «Il faut se donner une date butoir où l'ATP va décréter une année blanche, explique-t-il. On efface 2020 du calendrier et on recommence, c'est-à-dire tout arrêter au 31 décembre 2019 pour recommencer au 1er janvier 2021. On oublie alors les classements et les points ATP !» Novak Djokovic appréciera...
