Ce fut bien mardi à Flushing Meadows l'une des journées les plus sinistres de l'histoire du tennis suisse. Stan Wawrinka s'est battu tout seul contre Daniil Medvedev (no 5) en quart de finale de l'US Open alors que Roger Federer, touché à la nuque et au dos, s'est incliné pour la première fois devant Grigor Dimitrov (ATP 78).
Il n'y aura donc pas vendredi de deuxième derby suisse en demi-finale à New York après celui remporté par Roger Federer en 2015. Battu 3-6 6-4 3-6 6-4 6-2 par un Grigor Dimitrov qui n'avait gagné qu'une seule rencontre lors des sept derniers tournois qu'il avait disputés avant de se rendre à New York, le Bâlois ne pouvait masquer une immense déception.
«J'ai laissé passer une très belle occasion, avoue-t-il. Après deux premiers tours difficiles, j'avais retrouvé de bonnes sensations. Et si j'avais gagné ce soir (réd: mardi), j'aurais eu, j'en suis sûr, le temps de bien me soigner avant la demi-finale de vendredi.»
«Coupable»
Le Maître a ressenti une gêne à l'échauffement. Durant la rencontre, face il convient de le préciser à un excellent Grigor Dimitrov, il s'est éteint au fil des jeux. A la peine dans ses déplacements, il a subi l'ascendant du Bulgare. Il a eu pourtant à deux reprises une chance de faire tourner le match en sa faveur.
Après le gain du premier set, il a effacé un break de retard pour revenir pratiquement à la hauteur de son adversaire lors de la deuxième manche. Il devait toutefois céder son engagement et le set à 5-4. Au quatrième set, il devait galvauder six balles de break pour laisser Grigor Dimitrov égaliser à deux manches partout.
«Je suis coupable de n'avoir pas su saisir ces opportunités, glisse-t-il. Mais j'ai essayé de faire du mieux que je pouvais.» A aucun moment, il n'a songé à abandonner comme Novak Djokovic deux jours plus tôt face à Stan Wawrinka. Il n'a d'ailleurs jamais abandonné un seul des 1494 matches qu'il a disputés dans les rangs professionnels.
Roger Federer a, ainsi, accusé un nouveau coup dur dans un tournoi qui se refuse à lui depuis onze ans. «Je commence à croire que je suis maudit à New York», lâche le Bâlois. Il laisse en quelque sorte le champ libre à Rafael Nadal, opposé mercredi en night session à Diego Schwartzman.
Une fois encore, le premier duel du Bâlois et du Majorquin sur le plus grand court au monde est remis aux calendes grecques. On commence à doute que les deux hommes s'affronteront un jour dans le Arthur Ashe Stadium alors qu'ils ont été opposés six fois à Roland-Garros, et quatre fois à Melbourne comme à Wimbledon.
Une défaite presque inexplicable
Stan Wawrinka pouvait, lui aussi, nourrir une montagne de regrets. Le Vaudois a été battu 7-6 6-3 3-6 6-1 d'une manière presque inexplicable par Daniil Medevdev. Incapable de trouver le bon relâchement, il est sorti du tournoi par un adversaire diminué par une contracture à la cuisse gauche.
Tout s'est joué dans le jeu décisif de la première manche enlevé 8/6 par le Russe après une balle de set galvaudée par Stan Wawrinka sur une faute presque grossière en coup droit. «Ce match, je l'ai davantage perdu que Medvedev ne l'a gagné, soupire le Vaudois. Je bougeais bien, mais je n'ai pas trouvé la bonne alchimie entre la patience et mon jeu d'attaque. Je me suis battu avec ce que j'avais, mais il me manquait de tout partout. Medvedev a, par ailleurs, très bien joué et je sais en plus qu'il avait mal. Donc bravo à lui.»
Stan Wawrinka reconnaît que sa frustration est énorme à l'issue d'un match au scenario si improbable. «Cette qualification pour les quarts de finale m'assure à nouveau une place dans le top 20. C'est bien, mais cela ne me suffit pas. J'en veux plus !»
Il doit donc se contenter de «l'ordinaire» pour n'avoir su trouver la clé devant la malice du Russe qui abordera vendredi sa première de demi-finale dans un tournoi du Grand Chelen avec les faveurs du pronostic. Les deux jours de repos devraient suffire pour soigner sa cuisse et pour poursuivre cette fantastique tournée nord-américaine riche d'un titre à Cincinnati et de deux finales à Montréal et à Washington.