La France, «en retard» dans le déploiement du futur réseau mobile au grand dam du gouvernement, lance mardi l'attribution des premières fréquences, qui devrait rapporter plusieurs milliards d'euros à l'Etat
La 5e génération (5G) de réseau mobile
Le PDG d'Orange Stéphane Richard, le 13 février 2020 à Paris
5G: dans un climat de défiance, la France lance enfin les enchères
La France, «en retard» dans le déploiement du futur réseau mobile au grand dam du gouvernement, lance mardi l'attribution des premières fréquences, qui devrait rapporter plusieurs milliards d'euros à l'Etat
La 5e génération (5G) de réseau mobile
Le PDG d'Orange Stéphane Richard, le 13 février 2020 à Paris
Malgré le climat de défiance, le coup d'envoi des enchères 5G va enfin avoir lieu: la France, «en retard» dans le déploiement du futur réseau mobile au grand dam du gouvernement, lance mardi l'attribution des premières fréquences, qui devrait rapporter plusieurs milliards d'euros à l'Etat.
Initialement prévues en avril mais repoussées en raison de l'épidémie, ces enchères doivent permettre aux opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free) d'acquérir 11 «blocs» de fréquences aujourd'hui inutilisés, et ouvrir la voie aux premières commercialisations de services 5G dans certaines villes à la fin de l'année.
La 5G sera lancée en France en utilisant d'abord la bande allant de 3,4 à 3,8 gigahertz (GHz) sur le spectre électromagnétique, qui classe les différentes bandes de fréquences.
Les quatre opérateurs ont déjà obtenu chacun un bloc de 50 mégahertz (MHz) dans cette bande, au prix fixe de 350 millions d'euros. Avec les 110 MHz supplémentaires mis en jeu, l'Etat espère encaisser 2,17 milliards d'euros au minimum.
L'Arcep, régulateur français des télécoms qui encadre les enchères, a fixé un prix de réserve de 70 millions d'euros par «bloc». Un opérateur ne pourra pas acquérir plus de 100 MHz «pour donner ses chances à chacun», explique son président, Sébastien Soriano.
L'enchère principale, qui devrait durer une dizaine de jours, sera suivie d'une «enchère de positionnement» permettant aux opérateurs de choisir s'ils préfèrent se situer au centre de la bande ou à ses extrémités, plus susceptibles aux interférences avec d'autres services.
- Débat politique -
Elle ne concerne pas la bande dite des 26 GHz, celle qui doit apporter avec ses fréquences dites «millimétriques» une réelle révolution avec des débits de données inégalés et une latence minimale. Cette bande ne fait pour l'instant l'objet que d'expérimentations car ses effets potentiels sur la santé restent peu connus.
Pourtant, les premiers déploiements à venir de la 5G suscite l'hostilité d'une partie de l'opinion et de plusieurs responsables politiques locaux ou d'ONG, qui remettent en question l'intérêt pour la société de cette nouvelle technologie, en invoquant des risques pour la santé et l'environnement.
Près de 70 élus de gauche et écologistes, parmi lesquels Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot ou la maire de Marseille Michèle Rubirola, ont demandé mi-septembre dans une tribune un moratoire sur l'attribution des fréquences.
Mais le gouvernement a souhaité maintenir son calendrier sans attendre le prochain rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) prévu en mars 2021, mettant en avant notamment le fait que la plupart des pays avancés ont déjà attribué ces fréquences.
Ce débat politique enflammé, marqué par la menace de plusieurs collectivités locales d'entraver le futur déploiement de la 5G, peut-il avoir un impact sur le comportement des opérateurs lors des enchères?
«Cela va changer un peu le rapport de force», estime auprès de l'AFP Guillaume Vaquero, expert télécoms pour le cabinet Wavestone.
- «Garanties» -
«On était dans un schéma où l'Arcep exigeait des opérateurs des engagements dans la couverture. Là, les opérateurs peuvent dire: +On est prêt à déployer mais quelles sont les garanties que vous nous donnez pour qu'on puisse le faire dans de bonnes conditions?+ Car derrière, ce sont des investissements colossaux», ajoute-t-il.
Autre élément à prendre en compte pour les opérateurs, les fortes restrictions sur le géant chinois Huawei, qui vont notamment obliger SFR et Bouygues Telecom à changer d'équipementier (Ericsson, Nokia) pour une grande partie de leur futur réseau.
Notifié début juillet, le «timing» de la décision des autorités françaises pose question, selon Guillaume Vaquero. «C'est sûr que cela a mis les opérateurs dans une position très délicate car ils ont du revoir leurs plans d'investissement qui sont à l'échelle d'une décennie», explique-t-il.
La première génération de téléphonie mobile permettait de passer des appels, la 2G d'y ajouter du texte, la 3G de commencer à envoyer des images et la 4G de développer l'internet mobile et les usages vidéo. A terme, la 5G doit tout accélérer, démultiplier la vidéo, désengorger les réseaux mobiles dans certaines zones, et connecter tout ce qui ne l'est actuellement pas (usines, transports...).
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