Techno A l'imprimerie nationale, le numérique transforme les méthodes

AFP

20.8.2019 - 13:20

Hautes-technologies, sans contact, dématérialisation... A l'heure du numérique, l'Imprimerie nationale a transformé ses méthodes pour s'adapter à la digitalisation des données, tout en gardant leur confidentialité comme priorité.

Avant d'y pénétrer, les portiques de sécurité sont légion et les normes drastiques: bienvenue à Flers-en-Escrebieux, près de Douai (Nord), l'un des quatre sites en France de l'Imprimerie nationale, société publique de droit privé devenue IN Groupe en 2018.

Sur 90.000 m², plus de 500 salariés en blouse s'affairent derrière des machines rotatives, des rayons laser, des lignes de façonnage ou des ordinateurs. Parmi de multiples documents d'identité (cartes nationales, permis de conduire, ...), c'est ici qu'ont été fabriqués 35 millions de passeports biométriques actuellement en circulation dans le monde, dont la totalité des passeports français.

Si l'origine de ces activités remonte à 1538, sous François 1er, «le numérique a entraîné une transformation qui a irrigué tout le groupe depuis plus de 10 ans», explique à l'AFP Romain Galesne-Fontaine, directeur de la communication.

Après l'intégration des puces électroniques en 2006 et des données biométriques en 2008, cette évolution s'accentue avec le rachat en 2017 des technologies identité et biométrie du groupe Thalès.

Aujourd'hui, on constate «une accélération du mouvement de digitalisation, et le site lui-même (créé en 1973, ndlr) a beaucoup évolué ces deux dernières années», souligne M. Galesne-Fontaine, et les effectifs sont en augmentation après une décennie 2000 marquée par des restructurations et la disparition de centaines d'emploi au sein du groupe.

- Polycarbonate et QR code -

Ce mouvement s'illustre notamment «sur des plate-formes numériques que nous avons développées pour le compte de l'Etat, comme la plate-forme de commande des vignettes Crit'Air», affirme-t-il.

Parallèlement, «pour la première fois en 2018, le nombre de cartes bancaires sans contact produites a dépassé le nombre de cartes bancaires classiques», relève aussi Michaël Zafrany, directeur industriel IN Groupe qui fournit également des composants et technologies pour les acteurs bancaires.

Parmi les tendances, on trouve aussi le développement du polycarbonate, récemment étendu au permis de conduire français.

Il «offre de nombreux avantages», énumère M. Zafrany: «longévité car il est extrêmement résistant, sécurité car il nécessite des processus complexes de fabrication et lutte contre la fraude car les informations personnalisées sont gravées à l’aide d’un laser au cœur de la carte et non pas en surface comme avec les technologies classiques».

Dans un atelier-laboratoire aux airs de start-up, des ingénieurs développent une application mobile permettant de digitaliser un titre d'identité physique à l'aide du sans contact. Le but: gagner du temps pour créer un compte, s'authentifier mais aussi «protéger votre identité au moment où elle devient encore plus précieuse dans le cadre de l'économie numérique», note M. Galesne Fontaine.

Une personne pourrait ainsi prouver son âge en présentant un QR code sur son smartphone, sans avoir à dévoiler son adresse.

- Nouveaux risques? -

Si elles ouvrent de nouvelles voies, ces techniques impliquent aussi une vigilance accrue quant à la confidentialité des données, ainsi que de nouveaux risques, selon certains experts.

«Même si le système de base est pensé correctement, et que le fournisseur officiel sécurise parfaitement les données, on ignore comment les prestataires vont les stocker ou les utiliser», prévient Baptiste Robert, chercheur en sécurité.

«Beaucoup de gens, et notamment des géants comme Google, louchent sur les données dématérialisées et vont tout faire pour les obtenir», explique-t-il à l'AFP.

Interrogé sur les moyens de garantir la confidentialité, IN Groupe insiste sur le savoir-faire et la formation de ses collaborateurs, sans plus de précisions.

Face à des technologies en perpétuelle évolution, le groupe s'intéresse aussi aux techniques les plus récentes telles que la reconnaissance vocale, la cryptographie ou l'intelligence artificielle. «Nous éprouvons aussi la viabilité et la robustesse de technologies comme la blockchain qui pourraient apporter des compléments utiles dans le domaine de l'identité», confie M. Zafrany.

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