La chanteuse de rue Charlotte Campbell utilise un lecteur de carte bancaire sans contact pour récolter des dons, au pied du London Eye (grande roue) à Londres le 1er septembre 2018
Le lecteur de carte sans contact de la chanteuse britannique de rue Charlotte Campbell, à Londres le 1er septembre 2008
Les dons affluent encore en pièces de monnaie pour les artistes de rue, mais aussi dorénavant par lecteur de carte sans contact. A Londres le 1er septembre 2018
A Londres, le début de la fin de l'argent liquide
La chanteuse de rue Charlotte Campbell utilise un lecteur de carte bancaire sans contact pour récolter des dons, au pied du London Eye (grande roue) à Londres le 1er septembre 2018
Le lecteur de carte sans contact de la chanteuse britannique de rue Charlotte Campbell, à Londres le 1er septembre 2008
Les dons affluent encore en pièces de monnaie pour les artistes de rue, mais aussi dorénavant par lecteur de carte sans contact. A Londres le 1er septembre 2018
Pendant des siècles, les artistes et vendeurs de rue ont pu compter à Londres sur la menue monnaie amassée auprès des passants pour vivre. Mais avec la disparition progressive de l'usage de l'argent liquide dans la capitale britannique, la nécessité de s'adapter s'impose.
C'est ce qu'a rapidement compris la chanteuse Charlotte Campbell, l'une des premières à adopter un lecteur de carte bancaire sans contact pour faire rémunérer ses prestations à l'ombre du London Eye, surnom donné à la grande roue posée sur la rive sud de la Tamise.
"Les gens ont pris l'habitude de tout payer par carte", dit la jeune femme de 28 ans à l'AFP, une couronne de fleurs artificielles posée sur ses cheveux blonds. Or "si les gens n'ont plus de monnaie, l'art de rue risque de disparaître", ajoute-t-elle en cet après-midi de fin d'été.
Désormais, 5 à 10% de ses revenus ne proviennent plus de pièces de monnaie jetées dans sa housse de guitare mais de paiements effectués sur le petit lecteur portable de cartes, qu'elle a programmé pour débiter 2 livres (2,22 euros).
A l'Eglise aussi
Les chiffres du gouvernement lui donnent raison. Selon un rapport du Trésor publié cette année, la part des paiements en liquide au Royaume-Uni est tombée de 62% en 2006 à 40% en 2016. Une proportion qui devrait chuter à 21% en 2026, pronostique le document. Le ministère encourage le mouvement en interdisant depuis janvier aux commerçants de faire payer des frais pour l'utilisation de cartes de paiement.
Autre signe que la disparition des pièces et billets de banque est en route dans la capitale britannique, un certain nombre d'adresses pour déjeuner dans la City, l'épicentre de la finance du pays, ne les acceptent plus.
Quant aux vendeurs du magazine The Big Issue, dont les recettes sont destinées à aider les personnes pauvres ou sans-abri, ils ont aussi adopté des lecteurs de cartes sans contact pour faire face à l'absence de monnaie des passants.
A l'église Christ Church East Greenwich, dans le sud-est de Londres, on utilise encore une corbeille pour la quête du dimanche, mais depuis l'an dernier, la révérende Margaret Cave a aussi déployé un lecteur sans contact.
"Les montants sont crédités de manière sûre sur votre compte bancaire, personne ne peut s'en emparer, donc c'est mieux que l'argent liquide de ce point de vue", estime-t-elle.
Guerre contre le cash
Le phénomène n'a cependant pas l'heur de plaire à tous.
"Une société sans liquide pose des problèmes de trois ordres", juge ainsi l'expert financier Brett Scott, auteur d'un guide sur la finance mondiale: "Celui de la surveillance - on sait ce que vous faites; celui de l'exclusion financière - vous pouvez être exclu du système; et la question de la cybersécurité", énumère-t-il.
Selon lui, banques, sociétés de service de paiement, gouvernement et entreprises de technologie financière sont engagés depuis deux décennies dans "une guerre froide contre le cash", essayant de convaincre le public que pièces et billets constituent un inconvénient.
"On peut envisager ça un peu comme une gentrification du paiement", estime l'analyste. "On essaie de pousser toute forme d'activité informelle ou non institutionnelle dans un enclos numérique que l'on peut surveiller et utilisable par de grandes institutions".
Les sans-abri, les réfugiés et ceux qui ont du mal à obtenir l'ouverture d'un compte bancaire pourraient être exclus de cette nouvelle économie, met-il en garde.
L'histoire récente semble donner raison aux pourfendeurs d'une trop grande confiance placée dans les technologies de paiement par carte: au mois de juin, quelque 5,2 millions de transactions par carte Visa - dont 2,4 millions rien qu'au Royaume-Uni - avaient été bloquées pendant plusieurs heures, laissant commerçants et consommateurs bien dépourvus.
Vol de données NFC: protégez vos cartes de crédit sans contact
Vol de données NFC: protégez vos cartes de crédit sans contact
Le paiement sans contact via carte de crédit fait des émules: des millions de consommateurs utilisent déjà cette technologie pour payer de petits montants en quelques secondes.
Les distributeurs de cartes de crédit en font activement la promotion: la plupart des nouvelles cartes de crédit sont équipées d'une puce NFC (Near Field Communication, ou Communication dans un champ proche).
Il suffit de chercher le symbole WLAN/Wi-fi pour déterminer si la carte est équipée de la fonctionnalité de paiement sans contact. Il ne reste plus qu'à apposer la carte sur le terminal pour envoyer le paiement. Cependant, ce confort a un prix.
Les fraudeurs ont désormais développé de nouvelles méthodes leur permettant d'accéder aux données stockées sur ces cartes équipées de la puce NFC. Ils peuvent ainsi s'enrichir au détriment de la victime.
Nous vivons à une époque où l'argent n'est plus dérobé de façon conventionnelle. Il est beaucoup plus lucratif de mettre directement la main sur les informations de la carte de crédit de la victime.
Aujourd'hui, grâce aux cartes de crédit équipées du paiement sans contact, cette manipulation dure à peine quelques secondes. Les fraudeurs ont simplement besoin d'un scanner RFID, qu'il est possible de se procurer en ligne pour environ 40 francs.
Les données de la carte de crédit de la victime sont captées à travers la poche, le sac à dos ou le porte-monnaie. C'est ainsi que le numéro de carte et la date d'expiration sont transmis au fraudeur.
Ces informations sont amplement suffisantes pour passer de petites commandes dans certains magasins en ligne. Ainsi, le criminel peut faire ses emplettes avec les données volées.
En outre, il se peut que ce piratage ne nécessite même plus de scanner, étant donné que toujours plus de Smartphones disposent d'une puce NFC intégrée pour pouvoir utiliser le paiement sans contact.
On peut imaginer que les fraudeurs utilisent un logiciel malveillant pour déclencher le lecteur NFC, activer la carte de la victime et transférer les données récupérées sur Internet.
Si vous remarquez des transactions suspectes sur votre relevé bancaire, contactez immédiatement votre banque ou votre fournisseur de carte afin, si nécessaire, de faire opposition.
Néanmoins, comment réagir avant qu'il ne soit trop tard? Au final, le vol de données ne se remarque même pas sur le moment.
On peut douter de l'efficacité des coques en aluminium censées protéger des «ondes manipulatrices». Toutefois, dans ce cas de figure, l'aluminium est une bonne solution. Si la carte a été fabriquée en cette matière, le fraudeur n'a aucune chance.
Entre-temps, de nouveaux porte-monnaie avec «protection-RFID» intégrée ont vu le jour (Alpine Swiss en a produit un modèle). Le contenu de ces porte-monnaie est protégé du vol de données.
D'autres documents équipés de la technologie NFC sont vulnérables, tels que le SwissPass émis par les CFF. En revanche, les éventuels fraudeurs ne peuvent rien faire de ces données, vu qu'elles sont sauvegardées par les CFF sur des serveurs sécurisés.
Retour à la page d'accueil