Le président américain Donald Trump le 23 mars 2018 à Washington
Jeff Bezos, le patron d'Amazon, à Washington le 14 décembre 2017
Amazon paie-t-il assez d'impôts? Trump s'indigne
Le président américain Donald Trump le 23 mars 2018 à Washington
Jeff Bezos, le patron d'Amazon, à Washington le 14 décembre 2017
L'homme le plus puissant du monde s'en prend à l'homme le plus riche du monde: le président Donald Trump a exprimé jeudi son "inquiétude" concernant le peu d'impôts que paierait le groupe de Jeff Bezos, Amazon, aux Etats-Unis.
"J'ai fait état de mes inquiétudes concernant Amazon bien avant l'élection. Contrairement aux autres, ils ne paient pas ou peu d'impôts aux gouvernements locaux ou fédéral et traitent notre système postal comme leur livreur (provoquant d'énormes pertes aux Etats-Unis) et provoquant la fermeture de milliers de commerces !", accusait le président américain dans un tweet matinal.
Les rumeurs sur la volonté du président d'encadrer la domination du géant d'internet avaient fait fortement chuter le titre mercredi à la bourse de New York, faisant fondre la valeur de l'entreprise de 31,4 milliards de dollars. Finalement, Amazon et Jeff Bezos ont refait une partie de leurs pertes, l'action finissant en hausse de 1,1% jeudi.
Une porte-parole de la Maison Blanche a peut-être réussi à rassurer les investisseurs en réitérant le message déjà distillé la veille: "Nous ne prévoyons aucune mesure pour l'instant". Avec un sens aigu de la litote, elle a simplement déclaré que "le président a exprimé ses préoccupations sur Amazon".
L'antipathie du président pour le fondateur d'Amazone n'est pas un secret, mais toute l'affaire a été relancée mercredi par un article sur le site Axios faisant état de "l'obsession" du président américain pour Amazon et son souhait de s'en prendre au groupe de Jeff Bezos à travers des lois antitrust.
Toujours selon Axios, les riches amis du milliardaire républicain ont exprimé auprès de lui leurs craintes sur l'état de leurs affaires, "détruites" selon eux par la mainmise toujours plus importante d'Amazon dans le secteur du commerce.
Sollicité par l'AFP pour réagir aux derniers commentaires du président Trump, Amazon n'avait pas répondu jeudi soir.
Depuis son arrivée au pouvoir, le magnat de l'immobilier multiplie les attaques contre l'entreprise basée à Seattle, lui reprochant notamment de ne pas respecter le droit à la concurrence.
Par le passé, Amazon a été de nombreuses fois mis en cause, aux Etats-Unis comme en Europe, pour ses pratiques d'optimisation fiscale qui ont fait fortement baissé ses impôts. Mais cela a changé avec la hausse des bénéfices de l'entreprise, qui a payé 412 millions de dollars d'impôts au gouvernement fédéral en 2016.
- "Populiste" -
Jeff Bezos, plus grosse fortune de la planète avec près de 120 milliards de dollars, est également propriétaire du Washington Post, cible régulière des attaques du 45e président des Etats-Unis.
"Le AmazonWashingtonPost, parfois appelé le gardien d'Amazon, qui ne paie pas ses taxes internet (comme ils le devraient) n'est que +FAKE NEWS+", avait-il ainsi tweeté en juin 2017.
Les deux hommes s'étaient invectivés à de nombreuses reprises pendant la campagne présidentielle de 2016.
Avant son élection, Donald Trump avait ainsi déjà expliqué que le géant du web, qui aurait -selon lui- racheté le Washington Post "pour ne pas être poursuivi pour ses tendances au monopole", pourrait avoir "un gros problème d'antitrust" s'il accédait au pouvoir.
Selon le blogueur spécialisé dans les nouvelles technologies Lou Kerner, cette nouvelle attaque du président Trump jeudi est "populiste". "Walmart écrasait les petits acteurs avant Amazon", écrit-il.
Le géant de la vente en ligne est maintenant devenu un acteur majeur de différents secteurs technologiques de pointe en plein développement, comme le streaming vidéo et le "cloud", le stockage de données en ligne.
Amazon, qui a également avalé en 2017 la chaîne de supermarchés bio Whole Foods, cherche à ouvrir un second quartier général. Vingt grandes villes nord-américaines ont été présélectionnées et espèrent de tout coeur être l'heureuse élue, en raison de la création des 50.000 emplois que devrait entraîner cette ouverture.
La capitale fédérale Washington fait partie des prétendantes.
En octobre 2014, le magnat de l'immobilier avait relayé, déjà sur Twitter, une citation attribuée à Jeff Bezos: "Si vous ne voulez pas être critiqués, pour l'amour du ciel, ne faites rien d'innovant".
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