Techno Cédric O, «100% d'accord» avec Zuckerberg sur la nécessité de réguler internet

AFP

1.4.2019 - 19:17

Le secrétaire d'Etat au numérique Cédric O, au palais de l'Elysée, le 1er avril 2019 à Paris
Le secrétaire d'Etat au numérique Cédric O, au palais de l'Elysée, le 1er avril 2019 à Paris
Source: AFP

Le nouveau secrétaire d'Etat au numérique Cédric O est «100% d'accord» avec le patron de Facebook Mark Zuckerberg sur le besoin de réguler davantage internet, a-t-il indiqué mercredi dans un entretien à l'AFP en marge de sa prise de fonctions à Bercy.

Le patron de Facebook «demande plus de régulation sur le modèle européen (...) avec plus d'implication des Etats», et je suis «100% d'accord avec lui sur ce sujet-là», a expliqué l'ex-conseiller d'Emmanuel Macron sur le numérique.

«Aujourd'hui, il y a un énorme problème démocratique: c'est Facebook qui décide que quelque chose en ligne est légal ou pas légal» et «joue le rôle de la justice», a-t-il déploré.

Le gouvernement et le Parlement auront prochainement l'occasion de jeter les bases de ces nouvelles régulations d'internet avec la proposition de loi Avia sur les contenus haineux et le projet de loi sur la régulation de l'audiovisuel à l'ère numérique, que le gouvernement voudrait présenter au conseil des ministres à l'été, a expliqué Cédric O.

«Il y a une demande des citoyens qui disent: +garantissez-moi que quand je vais sur internet, le droit est respecté+, et le droit, ce ne sont pas les plates-formes (comme Facebook, Google, etc., NDLR) qui le définissent», a-t-il dit.

Les deux textes «vont poser un cadre intéressant, qui sera assez innovant au niveau mondial, mais ce ne sera que le début de la discussion», a-t-il toutefois prévenu.

«Aujourd'hui les législations ne sont plus au niveau, les régulateurs doivent se transformer... on ne peut pas régler tous les problèmes en deux textes de loi en six mois».

La réflexion du gouvernement sera guidée notamment par le rapport de l'équipe de fonctionnaires français qui se sont rendus au siège de Facebook pour mieux comprendre comment la plate-forme régulait les contenus postés par les internautes.

«Les équipes Facebook ont vraiment joué le jeu», a estimé Cédric O, ajoutant que les fonctionnaires français «ont eu de bons interlocuteurs».

- Lutte contre l'exclusion numérique -

Le géant américain a notamment permis aux Français de bien comprendre les «process» mis en place pour éviter les dérapages notamment terroristes ou pédo-pornographiques.

La mission «va probablement se poursuivre», car «on n'est pas allé jusqu'au bout sur les sujets techniques, technologiques», c'est-à-dire sur le fonctionnement des algorithmes qui mettent en avant certains contenus plutôt que d'autres, a-t-il expliqué.

Cette mission devrait rendre un rapport prochainement et le nouveau secrétaire d'Etat est favorable à ce qu'il soit rendu public.

Parmi les autres priorités de Cédric O, la lutte contre l'exclusion numérique, un risque grandissant alors que les services publics se numérisent à vitesse grand V et que les guichets administratifs disparaissent dans les préfectures, remplacés par des portails internet.

«Si les gens ont l'impression, et ça ressort beaucoup dans le grand débat, qu'on numérise sur leur dos, ça va craquer», a estimé Cédric O.

Autre priorité citée par l'ex-proche conseiller d'Emmanuel Macron, la nécessité de fortifier «l'écosystème» de la «tech», l'ensemble des acteurs économiques du secteur.

«Le président a une conviction, c'est que c'est là que se situent les emplois de demain», a indiqué Cédric O, qui a l'an dernier étroitement travaillé avec Cédric Villani, le député mathématicien auteur d'un rapport de référence sur l'intelligence artificielle.

«Si on n'est pas capable dans les années qui vienne de faire émerger un écosystème déjà très fort mais encore trop petit au regard de celui des Etats-Unis ou d'Israël, alors on n'aura pas la technologie et les emplois de demain», estime-t-il.

Cédric O a pris ses fonctions de secrétaire d'Etat à Bercy lundi, après une passation de pouvoir avec son prédécesseur, Mounir Mahjoubi.

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