Colère contre les politiques Un Allemand de 20 ans derrière une vaste cyberattaque

AFP

8.1.2019 - 16:25

Capture d'écran du site internet du Bundestag avec la photo de la chancelière Angela Merkel, le 4 janvier 2019
Capture d'écran du site internet du Bundestag avec la photo de la chancelière Angela Merkel, le 4 janvier 2019
Source: AFP/Archives

Un jeune homme de 20 ans a avoué être l'auteur d'une cyberattaque de grande ampleur en Allemagne, expliquant avoir agi pour protester conte les déclarations de responsables politiques et personnalités qui l'irritaient.

Ce piratage de grande envergure, révélé vendredi, a choqué le pays, nourrissant les spéculations selon lesquelles des services de renseignements étrangers pourraient être à la manoeuvre.

La ministre de la Justice Katarina Barley avait même parlé "d'attaque contre la démocratie".

Mardi, les autorités ont écarté à ce stade un lien avec l'extrême droite, envisagé au départ, ou avec une puissance étrangère, affirmant que le jeune homme avait agi seul.

Il s'agit d'un Allemand de 20 ans, encore scolarisé et vivant chez ses parents. Il a réussi à pirater et diffuser sur des comptes twitter des données confidentielles d'un millier de responsables politiques, dont la chancelière Angela Merkel, de journalistes et de personnalités publiques.

"Concernant son motif, il a dit avoir été agacé par des propos publics" de ses victimes, a expliqué Georg Ungefuk, porte-parole du département de lutte contre la cybercriminalité au parquet de Francfort lors d'une conférence de presse. Il n'a pas donné plus de détail.

Même si les élus du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) sont les seuls à avoir été épargnés, "il n'y a aucun indice objectif laissant conclure à une motivation politique", a-t-il assuré.

Toutefois, c'est un élément "qui doit être éclairci", a souligné le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer, lors d'une conférence de presse séparée à Berlin.

Aveux

Le jeune homme a été interpellé dimanche à son domicile dans la région de Francfort. Mais son arrestation n'a été rendue publique que deux jours plus tard.

Il a reconnu les faits et a affirmé avoir agi seul, puis a été remis en liberté étant donné qu'il a pleinement coopéré avec la police et en l'absence de tout danger de fuite, ont indiqué les autorités.

Le "hacker", dont le cas relève de la justice pour mineurs, aurait acquis ses connaissances techniques par lui-même en passant "beaucoup de temps sur son PC", selon M. Ungefuk.

Via un compte twitter @_Orbit, désormais bloqué, il avait jour après jour diffusé les données de ses victimes en décembre, à la manière d'un calendrier de l'Avent dont il fallait ouvrir porte après porte pour accéder à l'information.

Les données dérobées se trouvaient dans des comptes sur les médias sociaux ou stockées dans le "cloud".

Aucune information très sensible n'a toutefois fuité à cette occasion. Ont été divulgués principalement des contacts, adresses, conversations sur internet, documents d'identité et administratifs ou lettres.

Dans certains cas, des photos, adresses privées ou numéros de téléphones portables ont été diffusés comme notamment ceux de la présidente du parti social-démocrate Andrea Nahles qui s'était déclarée "très affectée et blessée". Selon les autorités, c'est d'ailleurs un appel provenant des bureaux de cette dernière qui a déclenché l'intervention des forces de l'ordre.

Concernant Angela Merkel, la publication a concerné des adresses emails, déjà semi-publiques, et des liens renvoyant à des lettres lui ayant été adressées.

"Pas inhabituel"

L'affaire s'est avérée embarrassante pour le gouvernement, accusé d'incurie dans la lutte contre la cybercriminalité.

"Il est impossible de promettre une sécurité absolue particulièrement sur internet", s'est défendu le très impopulaire Horst Seehofer, membre du parti bavarois CSU allié aux conservateurs de la chancelière. Il a annoncé l'élaboration d'une loi visant à renforcer le diganostic précoce de tels piratages.

"Nous devons constater qu'un tel détournement de données (...) n'est pas quelque chose d'inhabituel", a souligné de son côté Sabine Vogt, responsable de la cellule criminalité organisée de la police judiciaire.

"Nous avons sur internet une énergie criminelle" dont il faut être conscient, a-t-elle dit.

Ces dernières années, le Bundestag et des partis politiques ont été pris pour cible par des cyberattaques émanant, selon Berlin, de services de renseignement étrangers. Des hackers russes ont notamment été soupçonnés d'orchestrer ces opérations.

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