Complot, brevet, chauve-souris et vidéos Coronavirus: épidémie mondiale de fausses informations

29.1.2020

Une femme, un masque de protection sur le visage, passe devant un panneau d'information sur le nouveau coronavirus détecté en Chine, lors de son arrivée à l'aéroport de Londres, le 28 janvier 2020
Une femme, un masque de protection sur le visage, passe devant un panneau d'information sur le nouveau coronavirus détecté en Chine, lors de son arrivée à l'aéroport de Londres, le 28 janvier 2020
AFP

Alors que l'épidémie de nouveau coronavirus a dépassé mardi les 100 morts en Chine, avec plus de 4500 cas de contamination confirmés, de nombreuses fausses informations se propagent massivement sur les réseaux sociaux.

Epidémie «planifiée» pour trouver des fonds: FAUX

Alors que les États-Unis ont signalé leur premier cas de coronavirus , plusieurs documents et brevets ont commencé à circuler sur Twitter et Facebook. L'un des premiers utilisateurs à faire circuler ces allégations a été le conspirationniste et YouTuber Jordan Sather.

Dans un long fil qui a été retweeté des milliers de fois, il a partagé un lien vers un brevet déposé en 2015 par l'Institut Pirbright du Surrey, en Angleterre, qui parle de développer une version affaiblie du coronavirus pour une utilisation potentielle comme vaccin pour prévenir ou traiter les maladies respiratoires. Le même lien a également été largement diffusé sur Facebook, principalement dans les groupes de conspiration et d'anti-vaccination.

Sather a utilisé le fait que la Fondation Bill & Melinda Gates est un donateur à la fois pour Pirbright et pour le développement de vaccins pour suggérer que le virus de l'épidémie actuelle a en quelque sorte été délibérément fabriqué pour attirer des fonds pour le développement d'un vaccin.

Mais le brevet de Pirbright ne concerne pas le nouveau coronavirus. Il couvre le virus de la bronchite infectieuse aviaire, un membre de la grande famille des coronavirus qui infecte la volaille. Quant aux spéculations sur la Fondation Bill & Melinda Gates, la porte-parole de Pirbright, Teresa Maughan, a déclaré que le travail particulier de l'institut sur le virus de la bronchite infectieuse n'était pas financé par cette fondation.

Plus récemment, des internautes évoquent des expériences dans un laboratoire de recherches:

Une vidéo montrant le marché chinois où est apparu le virus: FAUX

Une vidéo, vue près de 28 millions de fois en quelques jours sur Facebook, montre selon l'auteur d'une publication «le marché à l'origine de (l')épidémie» du coronavirus chinois, dans la métropole de Wuhan. Mais c'est faux. Il s'agit en réalité d'un marché sur l'île Sulawesi, en Indonésie.

Une solution saline pour se prémunir du coronavirus : FAUX

De nombreuses publications sur Twitter, Facebook et le réseau social chinois Weibo, partagées depuis le 20 janvier, prétendent qu’un spécialiste chinois en médecine respiratoire a conseillé aux personnes de se rincer la bouche avec des solutions salines afin d’éviter l’infection par un nouveau virus.

Mais l'équipe du scientifique et l’OMS démentent ces affirmations: «le coronavirus contamine le système respiratoire, qui ne peut pas être nettoyé en se rinçant la bouche», explique notamment l'hôpital où travaille l’équipe médicale du scientifique, Zhong Nanshan.

Vidéos sur la soupe aux chauves-souris: FAUX

Dès le début, les gens ont spéculé en ligne sur l'origine du coronavirus. Ces spéculations ont été exacerbées par une série de vidéos montrant des Chinois en train de manger des chauves-souris lors de l'épidémie mortelle de Wuhan.

L'une de ces vidéos montre une Chinoise souriante tenant une chauve-souris cuite devant la caméra, avant d'admettre qu'elle a un goût de "viande de poulet". Cette vidéo a suscité l'indignation en ligne, certains utilisateurs accusant les habitudes alimentaires des Chinois d'être à l'origine de l'épidémie.

Mais la vidéo n'a pas été tournée à Wuhan, ni d'ailleurs en Chine. Tournée à l'origine en 2016, elle montre la blogueuse et animatrice d'émission de voyage populaire Mengyun Wang lors d'un voyage à Palau, un archipel de l'océan Pacifique occidental.

Des lieux et de la nourriture contaminés en Australie: FAUX

De nombreuses publications Facebook qui circulent en Australie diffusent des listes de produits – riz, «fortunes cookies», boisson énergétiques ... – et de localités australiennes près de Sydney qui seraient contaminées par le nouveau coronavirus.

C'est faux: les autorités de la province de Nouvelles-Galles du-Sud, où est située Sydney, ont assuré à l'AFP que les lieux listés ne présentaient aucun risque de contamination. Quant aux aliments mentionnés, ils ne figurent par sur la liste de rappels de produits des autorités sanitaires.

Des médecins prévenant que les 11 millions d'habitants de Wuhan vont mourir: FAUX

Une publication partagée des milliers de fois en quatre jours sur Facebook parmi les utilisateurs du réseau social au Sri Lanka assure que des médecins craignent que tous les habitants de Wuhan – où a été détecté le virus – qui sont en quarantaine, ne meurent.

C'est faux, les autorités n'ont pas exprimé une telle perspective. De plus, l'agence de santé publique américaine Centers for Disease Control and Prevention (CDC) a indiqué que, même s'il n'y a pas de vaccins pour ce nouveau type de coronavirus, la plupart des personnes atteintes guériront d'elles-mêmes.

Quarantaine en région parisienne, cas avérés dans plusieurs villes: FAUX

Des publications circulant sur les réseaux sociaux depuis quelques jours font état de patients contaminés par le nouveau coronavirus dans plusieurs régions de France : en région parisienne, en Savoie (est), en Lot-et-Garonne (sud-ouest), dans les Pyrénées-Orientales (sud-est) ou encore à Orléans (centre).

C'est faux: hôpitaux et autorités locales ont réfuté ces rumeurs, lancées pour certaines avec des captures d'écrans manipulées faisant croire à des tweets ou des images émanant de BFMTV ou à une dépêche AFP, tous faux.

Mardi soir, la France comptait sur son sol quatre patients contaminés par le nouveau coronavirus, qui avaient tous séjourné à Wuhan (centre de la Chine) ou dans la province du Hubei, épicentre de l'épidémie. L'un est hospitalisé à Bordeaux et les trois autres à Paris. Le quatrième cas, annoncé mardi en fin de journée, est le premier cas sévère du nouveau coronavirus détecté en France.

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