Techno De la Lune à la Terre: les satellites plus que jamais au service des cultures

AFP

22.7.2019 - 19:36

Un champ de maïs est arrosé en période de sécheresse, à Balan, près de Lyon, le 22 juillet 2019
Un champ de maïs est arrosé en période de sécheresse, à Balan, près de Lyon, le 22 juillet 2019
Source: AFP

Alors que les agriculteurs français sont aux prises, une fois de plus, avec une terrible sécheresse, les satellites viennent à leur chevet: le Cnes et l'Inra ont signé lundi une convention qui renforce leur coopération, notamment pour adapter l'agriculture au changement climatique.

«Jean-Yves Le Gall, président du Cnes et Philippe Mauguin, président-directeur-général de l'Inra, ont signé une convention-cadre de coopération relative à la définition et l'utilisation des systèmes spatiaux dans les domaines de l'agriculture et de l'environnement», ont annoncé les deux structures dans un communiqué conjoint.

«Pour mieux connaître, mieux anticiper l'effet des dérèglements climatiques, du stress hydrique sur la végétation notamment, sur les sols aussi, puisqu'on a des enjeux très forts, notamment sur la séquestration du carbone dans les sols agricoles et forestiers, pour améliorer, accélérer nos recherches, on a besoin des technologies spatiales et on a besoin des images aériennes, des images satellitaires», a déclaré Philippe Mauguin, dans un entretien à l'AFP.

Prévisions des récoltes, effets du changement climatique sur les agrosystèmes, agriculture de précision, mais aussi thématiques liées à l'environnement, Jean-Yves Le Gall a égrené les champs de recherche communs en perspective: «Nos chercheurs vont travailler main dans la main avec ceux de l'Inra pour apporter des réponses à toutes ces questions», a-t-il déclaré.

«Il y a une coopération assez ancienne entre l'Inra et le Cnes. L'utilisation d'images satellitaires pour l'observation de la terre, de la végétation, de l'agriculture, des forêts, s'est développée déjà depuis un certain nombre d'années», a expliqué M. Mauguin.

«Ce qu'on a souhaité, avec Jean-Yves Le Gall, en se rencontrant au mois d'octobre dernier, c'est amplifier et accélérer les coopérations entre le Cnes et l'Inra, et ça pour des raisons qui paraissent un peu évidentes aujourd'hui, avec l'augmentation des épisodes de sécheresse, mais qu'on avait évidemment anticipées», a-t-il poursuivi.

Cette convention-cadre prévoit d'amplifier les coopérations sur tout ce qui est cartographie des sols, gestion de l'eau pour l'agriculture, afin de «mieux anticiper l'effet des stress hydriques sur le niveau des cours d'eau, des rivières plus en amont, pour pouvoir avoir une gestion encore plus efficace et plus raisonnée de la ressource en eau», selon M. Mauguin.

- Des outils destinés aux agriculteurs -

Il rappelle que l'Inra va fusionner début 2020 avec l'Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture), en pointe dans la recherche sur l'environnement et sur l'eau, pour donner naissance à l'Inrae, «qui aura une compétence encore plus forte dans le domaine de l'eau».

La mise à disposition plus aisée des données spatiales, grâce notamment à des algorithmes qui facilitent leur exploitation, est un des facteurs qui favorise cette coopération renforcée.

Elle va permettre d'«évaluer la qualité des sols, la façon dont les récoltes évoluent, tout ce qui a trait à l'humidité des sols, l'évolution de la végétation et in fine, faciliter la vie des agriculteurs» et leur permettre de «mieux se prémunir contre les conséquences du changement climatique», selon le patron du Cnes.

«Ces données, elles sont finalement beaucoup plus faciles d'utilisation, donc les gens peuvent s'en servir sans difficultés», a affirmé M. Le Gall, qui évoque «des outils destinés aux agriculteurs».

Les chercheurs de l'Inra vont également prendre part à la conception des missions spatiales et au calibrage des satellites, selon leur président.

Parmi les nombreux champs d'utilisation des satellites, la possibilité d'«apprécier la matière organique des sols», leur caractère argileux et donc le «potentiel de stockage de carbone dans les sols», selon M. Mauguin, grâce à des capteurs ultra-précis.

Les chercheurs de l'Inra considèrent que la surface de la planète qui sera concernée par un stress hydrique fort pourrait atteindre 70% en 2050, contre aujourd'hui moins de 50%.

Les surfaces concernées par une sécheresse extrême pourraient être, elles, multipliées par dix au cours de ce siècle.

«Ce qui a été et est encore considéré comme des événements climatiques exceptionnels, vont devenir des événements des plus en plus récurrents en Europe et dans le monde», a ajouté le patron de l'Inra.

Ces travaux concernent en priorité les agriculteurs français, «mais on travaille aussi à l'échelle de la planète», a-t-il conclu.

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