Techno En Inde, l'émergence des technologies de l'éducation

AFP

31.3.2019 - 07:59

D'une plateforme en ligne valorisée à plusieurs milliards de dollars à une enceinte connectée en salle de classe, les technologies de l'éducation sont de plus en plus prisées en Inde, complément à un système scolaire défaillant.

À l'heure où les connexions internet se sont démocratisées et où les écoles publiques bondées du géant d'Asie du Sud manquent de moyens, des millions de petits Indiens diversifient leur apprentissage avec des jeux interactifs et des leçons en vidéo.

Cette tendance n'est pas passée inaperçue de grands investisseurs étrangers, qui prennent des parts dans l'«edtech» indienne, un marché qui devrait peser deux milliards de dollars d'ici 2021, selon une étude réalisée par KPMG il y a deux ans.

Mastodonte du secteur, fondé en 2011 à Bangalore (sud de l'Inde), Byju's est aujourd'hui l'un des plus gros sites d'apprentissage en ligne au monde, revendiquant 32 millions d'utilisateurs. Valorisé aujourd'hui à 5,4 milliards de dollars, il a levé plus d'un milliard de dollars depuis le début de l'année dernière et prévoit de se développer à l'étranger.

«J'utilise Byju's depuis l'année dernière et mon niveau s'est vraiment amélioré», indique à l'AFP Akshat Mugad, élève 16 ans.

Ses jeux éducatifs, cours en ligne et vidéos d'animations sont pensés pour coller au programme scolaire indien. «Les plateformes de technologies de l'éducation vont révolutionner la façon d'éduquer. Cette croissance tendancielle va continuer pour les années à venir», estime Vidya Shankar, directeur exécutif de la société de conseil Grant Thornton India.

Avec un nombre d'enfants entre 5 et 17 ans estimé à 270 millions, l'Inde a la plus grande population en âge d'aller à l'école des nations du globe. Une foule qui se retrouve en compétition pour les places limitées à l'université à l'issue du secondaire.

Des dizaines de start-ups se sont lancées sur ce créneau en Inde, notamment Planet Spark, Robomate, Toppr, Simplilearn, Meritnation et Edureka. Les plateformes d'«edtech» connaissent aussi un certain engouement dans d'autres pays d'Asie comme la Chine et Taïwan.

«Nous voulions rendre l'éducation amusante», explique à l'AFP Manish Dhooper, fondateur de Planet Spark.

- Mannequin parlant -

Garima Dhir a inscrit son garçon de six ans à un programme de mathématiques et d'anglais de Planet Spark pour qu'il s'habitue dès son jeune âge à utiliser les nouvelles technologies.

«Avec les classes interactives, mon fils assimile les concepts sans stress et apprécie le processus sans avoir la peur d'échouer», juge-t-elle.

Les analystes notent toutefois que les technologies de l'éducation, si elles peuvent changer la manière d'enseigner, restent largement l'apanage des familles de classes moyennes en raison des coûts. Un abonnement à l'année à Byju's peut monter jusqu'à 150 dollars, une petite fortune pour nombre de foyers indiens.

Institutrice dans une école publique de Bombay, Pooja Prashant Sankhe a elle trouvé une autre manière d'utiliser la technologie pour stimuler l'intérêt de ses élèves.

L'enseignante a installé dans sa salle de classe l'un de ces mannequins normalement utilisés en vitrine de boutiques de vêtements et a placé à l'intérieur une enceinte connectée de la société américaine Amazon, le transformant ainsi un personnage parlant.

Lorsque l'AFP se rend sur place, les élèves, âgés d'environ 11 ans, posent toutes sortes de questions à l'enceinte Alexa, comme «Alexa, combien d'États y a-t-il en Inde ?»

Leur maîtresse les fait plancher sur des additions, et les écoliers demandent ensuite à Alexa le résultat, pour voir s'ils sont tombés juste. L'enceinte diffuse également l'hymne national indien avant le début des cours et de la musique relaxante pendant les séances de méditation.

«Les enfants deviennent très excités lorsqu'ils lui posent des question», explique Mme Sankhe. «Les élèves viennent à l'école plus régulièrement grâce à Alexa.»

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