Le patron de facebook Mark Zuckerberg défend son projet de monnaie numérique comme outil de lutte contre la pauvreté et comme une innovation nécessaire à la domination américaine du système financier mondial
La Libra, prévue pour être lancée en 2020, affronte une hostilité de nombreux régulateurs. Plusieurs partenaires de Facebook ont déjà abandonné le projet.
Le patron de Facebook Mark Zuckerberg rend visite à des parlementaires le 19 septembre 2019 à Washington
Facebook défend la Libra comme outil de la domination américaine sur le système financier
Le patron de facebook Mark Zuckerberg défend son projet de monnaie numérique comme outil de lutte contre la pauvreté et comme une innovation nécessaire à la domination américaine du système financier mondial
La Libra, prévue pour être lancée en 2020, affronte une hostilité de nombreux régulateurs. Plusieurs partenaires de Facebook ont déjà abandonné le projet.
Le patron de Facebook Mark Zuckerberg rend visite à des parlementaires le 19 septembre 2019 à Washington
Assailli de toutes parts sur son projet de monnaie numérique, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, s'est placé sur le terrain géopolitique pour défendre la Libra: elle permettra, selon lui, de «perpétuer la prédominance du système financier américain» dans le monde, notamment vis-à-vis de la Chine.
«Pendant que nous débattons, le reste du monde n'attend pas. La Chine se prépare activement à lancer des idées similaires dans les mois qui viennent», assène Mark Zuckerberg dans un discours qu'il doit prononcer mercredi devant une commission parlementaire américaine.
Il y décrit la Libra comme une innovation financière majeure, nécessaire notamment pour prémunir le pays contre la montée en puissance de la Chine dans le secteur des cryptomonnaies.
Prévue pour être lancé en 2020, le projet fait face à une levée de boucliers de la part de nombreux gouvernements dans le monde, qui y voient une menace pour la souveraineté économique des Etats, et ne font pas confiance au plus grand réseau social du monde sur sa capacité à protéger les données personnelles.
Facebook a initialement présenté la Libra comme un outil qui pourrait changer la vie de centaines de millions de personnes exclues des services financiers dans le monde. Ce nouveau mode de paiement doit en effet permettre d'envoyer de l'argent aussi facilement qu'un message instantané, sans recourir aux circuits bancaires traditionnels.
Le fondateur de la plateforme vient d'ajouter un argument économique et géopolitique avec lequel il espère séduire les élus américains qui l'ont convoqué pour une audition.
«La Libra s'appuiera essentiellement sur le dollar, et je pense qu'elle va perpétuer la prédominance du système financier américain ainsi que nos valeurs démocratiques dans le monde. Si l'Amérique n'innove pas, notre prévalence financière n'est pas garantie», insiste-t-il dans ses remarques préliminaires.
- «Champions des valeurs américaines» -
Le jeune milliardaire a reconnu que les bévues de Facebook sur le respect de la vie privée et la protection des données personnelles peuvent donner l'impression que le réseau social «n'est pas le messager idéal en ce moment».
«Mais si le scepticisme mesuré se transforme en hostilité prononcée, cela mettra en danger de nombreux progrès, aussi bien dans le monde, où les groupes technologiques américains ont une chance de se faire les champions des valeurs américaines, mais aussi chez nous», argumente Mark Zuckerberg.
La Libra n'est «pas une tentative de créer une monnaie souveraine», promet-il en rappelant que les données récoltées par Calibra, le porte-monnaie numérique, seraient «clairement séparées» des données personnelles détenues par Facebook.
«Nous comprenons que quelle que soit notre approche pour promouvoir l'inclusion financière, elle doit répondre aux inquiétudes des autorités de régulation, qu'il s'agisse de blanchiment d'argent, de financement du terrorisme, des sanctions (géopolitiques, NDLR) ou encore de potentielles perturbations des devises», détaille-t-il.
La gestion de la future monnaie numérique a été confiée à l'association Libra, un conseil indépendant composé d'entreprises et d'organisations à but non lucratif. Mais plusieurs partenaires clefs (Visa, Mastercard, PayPal...) ont abandonné le projet ces dernières semaines, face à la pression des régulateurs.
Le ministre des Finances Steven Mnuchin a d'ailleurs réitéré mardi son opposition pour l'heure à ce projet qu'il a qualifié de «prématuré», estimant que de nombreux sujets d'inquiétude n'étaient pas réglés, comme «la question du blanchiment d'argent».
La semaine dernière, le ministre français des Finances Bruno Le Maire a déclaré que l'Italie, l'Allemagne et la France allaient «montrer clairement que la Libra n'était pas la bienvenue en Europe».
- «Prêt à tout» -
Les arguments du patron de Facebook ont suscité l'intérêt de certains experts, sans pour autant convaincre les sceptiques.
«La Chine perçoit la Libra comme une menace à l'avance confortable qu'elle a prise dans les technologies financières depuis 2013. Les autorités doivent y faire attention avant de mettre en place des règles qui pourraient étouffer l'innovation chez Facebook», ont réagi les économistes du Peterson Institute.
«Facebook est prêt à tout pour lancer la Libra à grande échelle (...). La vraie question c'est celle de la prédominance de Zuckerberg», a tweeté Jennifer Grygiel, professeure à la Syracuse University et spécialiste des réseaux sociaux.
Mark Zuckerberg «cherche à acquérir encore plus de pouvoir politique pour son groupe malgré les dangers qu'il représente pour la société», avait-elle écrit en juin à propos du projet de monnaie.
David Marcus, responsable chez Facebook du projet, a déjà défendu le plan du réseau social pendant plus de deux heures, mi-juillet, lors d'une audience devant une commission bancaire du Sénat américain, leur assurant notamment qu'elle ne serait pas lancée sans l'approbation des régulateurs.
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