L'appli rendue populaire grâce aux photos de voyage, aux filtres artistiques et aux influenceurs de mode est désormais utilisée par des millions de personnes confinées pour faire des vidéos en direct de chez soi en pyjama.
Instagram a présenté mardi des nouvelles fonctionnalités pour répondre à la demande accrue d'informations fiables sur la pandémie de Covid-19 mais aussi de convivialité, pour vivre ensemble, virtuellement.
«Le volume de live (vidéos en direct, ndlr) a plus que doublé en Italie, sur Facebook et sur Instagram, depuis le début du confinement. Et nous assistons à des pics similaires dans d'autres parties du monde», a raconté Adam Mosseri, le patron d'Instagram, lors d'une conférence de presse en visioconférence, depuis son garage réaménagé en bureau.
Plus de 2,6 milliards de personnes dans le monde sont appelées à rester chez elles et à pratiquer la distanciation sociale, la politique choisie par de nombreux gouvernements pour freiner la propagation du virus.
Instagram va désormais proposer une fonction baptisée «co-watching», où plusieurs personnes (jusqu'à 6) peuvent passer des appels vidéo tout en regardant ensemble des contenus sur la plateforme.
Nées en temps de crise, ces nouvelles options vont s'inscrire dans la durée. «La vidéo, les messageries, les appels vidéo, les outils de +présence à distance+ étaient déjà en train de progresser, et on va assister à une accélération de ces tendances», estime Adam Mosseri.
- Quand la machine s'emballe -
Facebook, la maison-mère de l'appli, a pris des mesures pour répondre à la crise sanitaire et aux besoin démultipliés des plus de 2 milliards de personnes actives chaque jour sur au moins une de ses plateformes et messageries (Messenger, WhatsApp).
L'accent porte sur la mise en valeur des informations fiables et la lutte contre les fausses rumeurs et conseils absurdes, voire dangereux.
Sur Instagram, les utilisateurs qui tapent des mots-clefs liés au Covid-19 dans la barre de recherche verront ainsi apparaître des messages pédagogiques et des liens vers des informations de l'Organisation mondiale de la Santé et d'autres institutions locales.
La plateforme promeut les dons aux ONG, avec un «sticker» (étiquette virtuelle) pour signaler les organisations légitimes ayant des besoins financiers.
Elle encourage aussi les gens à ne pas sortir. Mais la mise en place des nouvelles fonctionnalités ne se fait pas sans heurts.
Le nouveau sticker «Stay Home» («Restez à la maison») a dû être retiré en urgence 36 heures après avoir été lancé. «Il était tellement utilisé qu'il a failli faire plonger Instagram. On a dû le reconcevoir dimanche et on le repropose depuis hier», relate Adam Mosseri.
L'interdiction de toutes les publicités pour les masques ou gels hydroalcooliques, annoncée il y a quelques semaines, s'avère aussi complexe: elle n'est appliquée vraiment que depuis lundi.
«La situation est assez folle», admet le patron en parlant de ses milliers de collègues qui doivent ajuster le fonctionnement de la plateforme en un temps record, depuis leur domicile.
- Santé mentale -
La désinformation, en revanche, semble lui causer moins de souci qu'à d'autres réseaux.
«Il y en a, bien sûr, mais on n'a pas vu de flambée non plus. C'est surtout des mauvais conseils pas drôles, pas tellement des arnaques motivées par l'appât du gain», tempère-t-il.
Comme Facebook, Instagram s'appuie sur un programme de vérification par des tiers pour rétablir les faits en cas de fausse information virale. Pour répondre à la crise actuelle, les deux réseaux travaillent en plus avec les organisations de santé.
«Mais nous sommes plus inquiets pour l'accès aux bonnes informations tout court ou les répercussions économiques, ou encore la santé mentale et le niveau d'anxiété des personnes», précise-t-il.
Concernant l'aide que la plateforme pourrait apporter aux autorités, les discussions ne semblent pas très avancées.
«On cherche à voir comment on pourrait travailler avec les gouvernements et les institutions pour les aider à comprendre comment se propage le virus, avec des données anonymisées et agrégées», a-t-il indiqué.
Mais «une appli qui permettrait de voir où vous êtes allés, et est-ce qu'il y avait des cas de contamination à tel ou tel endroit», n'est pas à l'ordre du jour. «Les organisations de santé nous ont incité à la prudence car ils craignent de susciter la panique».
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