Techno Jeux vidéo sur le cloud: Google entre en scène avec Stadia

AFP

19.11.2019 - 21:59

Après des mois d'anticipation, la plateforme de jeux vidéo sur le cloud de Google, Stadia, a été mise en service mardi, sans vraiment rassurer les joueurs inquiets de savoir si la réactivité et la qualité des jeux sera à la hauteur de leurs attentes et habitudes.

En mars dernier, le géant des technologies a promis aux abonnés de son nouveau services qu'ils auraient la possibilité de jouer depuis n'importe quel écran, en passant de leur téléviseur connecté à leur ordinateur et à leur smartphone sans friction, et sans console ni processeur performant.

«C'est l'heure. L'heure de changer votre façon de penser. Stadia commence à arriver aujourd'hui», a tweeté le compte officiel de la plateforme à 17H00 GMT.

Un message accueilli par une salve de «Où sont mes codes ?«, sur tous les tons, de la part de joueurs impatients. «Merci de nous envoyer les codes à nous précurseurs qui avons tant attendu et tant donné», répondait ainsi @DataNinjaMike, avec une image de chaton faisant les yeux doux.

Il fait partie des joueurs qui attendent leurs codes de connexion, après avoir souscrit à l'offre à 129 euros en pré-commande, comprenant un abonnement de trois mois, un appareil Chromecast Ultra pour se connecter à un écran et une manette. L'offre a été entièrement épuisée.

D'autres joueurs plus chanceux ont testé le service en avant-première, avec des retours d'expérience mitigés. Des messages élogieux circulaient mardi sur Twitter, mais aussi des vidéos montrant des problèmes liés à la latence – les quelques millisecondes entre la pression sur le bouton et le mouvement du personnage à l'écran, un enjeu essentiel pour les services de «cloud gaming».

-Echecs ou combat -

Paul Tassi, spécialiste des jeux vidéos et contributeur de Forbes, a ainsi diffusé une vidéo où la conversation entre des personnages apparaît un peu saccadée.

Jusqu'à présent, l'écrasante majorité des joueurs téléchargeaient leur jeu en «local», sur la console ou l'ordinateur. Dans ce cas la liaison est immédiate, et la qualité de l'image et du son optimisée en fonction de leur équipement. Mais quand le signal doit d'abord passer par le serveur de Google, le risque d'un décalage existe.

Or ce risque, même infime, aucun joueur ne veut le prendre, à moins de jouer aux échecs. Car en cas de combat avec d'autres personnages, la victoire peut se jouer à celui qui aura appuyé une microseconde plus tôt que son adversaire sur le bouton.

«Le cloud gaming nécessite une connexion bien meilleure que pour le streaming de vidéos ou de musique. Son succès dépend énormément du réseau et de sa capacité à gérer les périodes de forte demande, sans latence», explique Steve Alexander, directeur technique de Ciena, une entreprise américaine spécialisée dans les télécoms.

«Si les réseaux ne sont pas capable de permettre des parties immersives et interactives, la prochaine révolution du cloud gaming ne dépassera pas la page de chargement».

«Nous sommes à l'orée d'une révolution gigantesque dans le jeu, qui va permettre un nouveau niveau de créativité pour les développeurs, maintenant que le +data center+ est votre plateforme», avait déclaré en mars dernier Jade Raymond, la patronne de Stadia, lors de la présentation du nouveau service.

-Promesses -

Dans 14 pays d'Amérique du Nord et d'Europe, les joueurs peuvent désormais s'abonner à «Stadia pro» pour 9,99 dollars (ou euros) par mois.

Ce prix comprend l'usage de la technologie à distance, dont la 4K et le son 5.1 (image et son en très haute définition), deux jeux gratuits (dont la franchise Destiny 2, de Bungie) et l'accès au reste du catalogue de jeux payants, 22 titres immédiatement disponibles et une trentaine d'ici la fin de l'année.

Stadia consiste avant tout en un ordinateur virtuel, loué à distance. Contrairement aux plateformes de streaming comme Netflix, son modèle économique sera donc d'abord basé sur la vente des jeux à la pièce, avec une commission, comme le font d'autres services (Xbox Live, Steam...). Les prix des titres démarrent généralement autour de 50 euros.

Un abonnement gratuit doit d'ailleurs être proposé en 2020, avec des caractéristiques techniques moins performantes (image HD, son stéréo...).

D'autres options ne seront pas disponibles dès le lancement, comme la possibilité d'accéder à Stadia via YouTube. Et seuls les smartphones Google (Pixel 3 ou 4) permettront de se connecter à la plateforme sur mobile, avec une connexion wifi.

«On a l'impression qu'ils se sont dépêchés de sortir Stadia avant que la plateforme soit complètement prête. C'est inquiétant, car Google risque de ne pas complètement tenir ses promesses», commente George Jijiashvili, analyste chez Ovum.

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AFP