Transformer des gobelets plastiques en chaise, utiliser de la matière première issue du recyclage, produire des pièces de rechange à la demande pour lutter contre l'obsolescence programmée: l'impression 3D développe sa fibre écologique. En voici quelques exemples.
Des filaments recyclés
Pour imprimer en trois dimensions, on peut utiliser de la poudre ou des filaments en métal, en bronze, en cuir mais aussi... en plastique de pots de yaourt.
Armor 3D, filiale du groupe industriel nantais Armor, a ainsi lancé une gamme de filaments recyclés. «Au départ, on se demandait comment valoriser les 60% de cartouches d'encre non utilisables que l'on récupérait. En les démantelant, on a pu transformer une partie en filaments», raconte à l'AFP Pierre-Antoine Pluvinage, responsable du développement de l'activité 3D chez Armor.
«Mais le produit était noir, il nous fallait aussi des matériaux blancs, pour répondre aux besoins de couleurs de nos clients. On s'est tourné vers des entreprises qui fabriquent des pots de yaourt», explique-t-il.
Concrètement, l'entreprise récupère les chutes de plastiques en sortie d'usine, et non après la consommation des pots. «Il y a des problèmes de qualité, mais aussi un fort besoin d'eau pour les nettoyer», justifie M. Pluvinage.
Aujourd'hui, l'entreprise propose trois types de filaments à base de matières recyclées et à destination des industriels. Ils servent à réaliser des prototypes, qui représentent 85% du marché de l'impression 3D et ne requièrent pas une qualité optimale. «Car il y a encore des progrès à faire dans la régularité de la qualité des filaments», reconnaît Pierre-Antoine Pluvinage.
Collecte de gobelets
La jeune entreprise GobUse, créée en janvier 2019, propose de collecter directement les gobelets en plastique dans les entreprises et lieux publics contre un abonnement. Six points de collecte sont actuellement mis en place dans l'Essonne.
Les gobelets sont ensuite amenés chez des entreprises du recyclage pour être notamment transformés en filaments pour imprimante 3D, puis redistribués.
«Quand j'ai vu que l'on jette quatre milliards de gobelets tous les ans en France, et que seul 1% est recyclé, je me suis dit qu'il fallait lutter contre ce gâchis. On sait le faire mais ce n'est pas considéré comme assez rentable», explique son dirigeant Matthieu Lukasi.
D'autres initiatives se développent pour recycler les déchets au plus près des salariés. La société Plast'if propose d'installer une imprimante 3D dans les entreprises pour recycler les déchets plastiques les plus courants, comme les gobelets ou les bouteilles, et les transformer en d'autres objets.
«On met son déchet dans la machine, il est traité par une intelligence artificielle puis broyé et transformé en filaments pour l'impression 3D», explique Cassandra Delage, sa fondatrice. «Une dizaine d'entreprises» y ont recours, et «une trentaine de machines sont en cours de fabrication».
«L'objectif est de rendre plus transparent l'impact du recyclage», continue-t-elle. Le catalogue des objets qu'il est possible de fabriquer compte des supports d'ordinateur, des protections pour smartphone, mais aussi du mobilier, réalisé en plusieurs pièces. «Il faut entre un et deux kilos de déchets pour une chaise», note Mme Delage.
Les pièces de rechange
Une autre ambition de l'impression 3D est de fabriquer des pièces détachées, par exemple pour que les entreprises puissent remplacer des pièces défectueuses à la demande, ou qu'elle soit utilisée dans des «fab lab», des ateliers participatifs où les passionnés des outils peuvent se retrouver pour fabriquer ou réparer des objets.
Cela permet de fabriquer des pièces de rechange à l'unité et à la demande au lieu de constituer des stocks, et peut donc contribuer à prolonger la durée de vie de certains produits ou appareils dont les pièces ne sont plus produites.
«Aujourd'hui encore, la pratique ne s'est pas généralisée», confirme Erwann Fangeat, ingénieur à la direction économie circulaire et déchets de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
Seules quelques entreprises y ont recours comme le groupe français de petit électroménager domestique SEB, qui utilise l'impression 3D pour remplacer des pièces des produits qu'il vend depuis 2016. «Mais ça peut se développer vite», assure M. Fangeat.
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