Des policiers dispersent la foule de manifestants à Timika, dans la province indonésienne de Papouasie, le 21 août 2019
Les manifestations en Indonésie
L'Indonésie bloque internet en Papouasie pour contenir les émeutes
Des policiers dispersent la foule de manifestants à Timika, dans la province indonésienne de Papouasie, le 21 août 2019
Les manifestations en Indonésie
Le gouvernement indonésien a confirmé jeudi avoir bloqué l'accès à internet dans sa province de Papouasie secouée par des émeutes depuis le début de la semaine, craignant que la propagation de contenus racistes en ligne n'alimente les troubles.
Plusieurs villes sont le théâtre de manifestations qui ont dégénéré par endroits en émeutes avec des bâtiments officiels incendiés et des heurts avec la police dans cette région pauvre située à l'extrême est de l'archipel indonésien.
L'arrestation pendant le week-end à Surabaya, sur l'île de Java, de 43 étudiants papous et des injures à caractère raciste dont ils ont été la cible ont provoqué un mouvement de colère en Papouasie.
Les autorités ont commencé par demander aux opérateurs mobile un ralentissement des réseaux internet, invoquant le besoin de combattre les infox ou les commentaires provocateurs et racistes contre les Papous, issus de plusieurs ethnies mélanésiennes, avant de bloquer la fourniture d'internet mobile.
«Ce matin l'accès internet était complètement bloqué», a indiqué à l'AFP Ferdinandus Setu, porte-parole du ministère des Télécommunications.
«Il y avait un très grand nombre de contenus racistes et provocateurs en ligne (...) qui est devenu viral», a-t-il expliqué.
Les trois opérateurs desservant la région ont coopéré au blocage de l'internet mobile, même s'il était toujours possible de se connecter par le wifi ou par d'autres moyens.
Amnesty International a critiqué le blocage d'internet, le qualifiant de «consternante attaque contre la liberté d'expression».
«Ce n'est pas le moment (d'exercer) une censure», a estimé Usman Hamid, directeur exécutif de l'organisation de défense des droits de l'homme à Jakarta.
«Ces tensions ne sont pas une excuse pour empêcher les gens d'échanger des informations et de s'exprimer pacifiquement», a-t-il ajouté.
Le calme semblait revenu jeudi dans la province après l'arrivée de renforts de quelque 1.200 policiers et militaires. Quarante-cinq manifestants ont été arrêtés et le ministre chargé de la Sécurité Wiranto est arrivé sur place mercredi soir avec les commandants en chef de la police et de l'armée.
Dans la capitale Jakarta, une manifestation en faveur de l'indépendance de la Papouasie a rassemblé plus d'une centaine de manifestants près du palais présidentiel.
«Les étudiants papous sont traités comme des citoyens de seconde zone», a déclaré à l'AFP un étudiant, Mika Dabe.
A Sorong, qui a été particulièrement touchée par les émeutes, le ministre chargé de la Sécurité Wiranto a déclaré jeudi devant la presse que «l'unité de l'Indonésie» n'était «pas négociable». «La négativité ne doit pas nous diviser», a-t-il ajouté.
La région riche en ressources naturelles qui abrite quelque 3 millions d'habitants connaît une rébellion indépendantiste sporadique contre la mainmise du gouvernement indonésien.
La Papouasie s'est déclarée indépendante en 1961, mais l'Indonésie en a pris le contrôle par la force en 1963 et l'a officiellement annexée en 1969 après un référendum d'autodétermination controversé.
De nombreux Papous réclament l'indépendance, à l'instar de la Papouasie Nouvelle-Guinée, autre moitié de cette grande île qui l'a obtenue en 1975 après avoir été une colonie australienne.
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