Les applications de rencontre comme Bumble deviennent des outils électoraux aux Etats-Unis
Rhiannon Payne, Californienne de 28 ans, utilise son compte Bumble pour faire campagne pour la candidate démocrate Elizabeth Warren
Les applications de rencontre comme Tinder se sont généralisées ces dernières années aux Etats-Unis
La présidentielle américaine se joue aussi sur les applis de rencontre
Les applications de rencontre comme Bumble deviennent des outils électoraux aux Etats-Unis
Rhiannon Payne, Californienne de 28 ans, utilise son compte Bumble pour faire campagne pour la candidate démocrate Elizabeth Warren
Les applications de rencontre comme Tinder se sont généralisées ces dernières années aux Etats-Unis
A l'approche du coup d'envoi de la primaire démocrate aux Etats-Unis il y a quelques semaines, Rhiannon Payne a passé beaucoup de temps sur l'application de rencontre Bumble: pas pour trouver un copain, mais pour faire campagne pour sa candidate, Elizabeth Warren.
Originaire de San Francisco, cette consultante en communication numérique de 28 ans en a eu l'idée un soir, seule dans sa chambre d'hôtel. «J'étais crevée et faisais défiler les profils sur Bumble pour passer le temps. Et j'ai réalisé que tous ces gars étaient des électeurs potentiels», raconte-t-elle à l'AFP.
La jeune femme aux cheveux rouge se décrit avec humour dans sa présentation comme la «chienne» («bad bitch») de Mme Warren, sénatrice candidate à l'investiture démocrate pour la présidentielle de novembre. Rhiannon Payne dit avoir décliné quelques demandes de rencard, mais que les garçons avec lesquels elle a engagé la conversation ont été dans l'ensemble «polis et réceptifs».
Ce n'est pas la première fois que les applications de rencontre sont utilisées aux Etats-Unis afin de mener campagne, notamment auprès des jeunes. Deux femmes s'étaient déjà fait remarquer il y a quatre ans pour avoir encouragé sur leur compte Tinder à voter pour Bernie Sanders dans la course à l'investiture démocrate.
L'enseignante de l'université canadienne Concordia, Stefanie Duguay, qui s'est penchée sur le sujet, estime que les applications de rencontre comme Bumble ou Tinder peuvent s'inscrire «en complément» des campagnes électorales traditionnelles en favorisant «échanges intimes» et «jeu de séduction».
Elles peuvent aussi permettre de faire campagne à distance. Jen Winston, une New-Yorkaise de 31 ans, a utilisé l'option payante de Tinder pour échanger avant les élections de mi-mandat de 2018 avec des hommes de Géorgie et du Dakota du Nord.
«Je ne pense pas que ce soit trompeur, car nous devrions idéalement tous parler de politique», avance-t-elle. «Je n'ai fait que discuter de la même façon que si j'étais à un rendez-vous».
Les candidats aussi
Les règles édictées par les applications laissent une certaine marge de manoeuvre en la matière. Tinder affirme dans un communiqué encourager les discussions politiques sur sa plateforme «tant qu'elles restent respectueuses, humaines et sans spam».
Les utilisateurs de Bumble peuvent aussi parler, selon l'application, de tous les sujets «importants à leurs yeux», mais ils s'exposent à voir leurs comptes suspendus s'ils «copient-collent le même message à plusieurs de leurs "matches"».
Voir les applications de rencontre devenir des outils électoraux n'est pas une surprise quand on sait à quel point elles se sont généralisées ces dernières années aux Etats-Unis.
D'après une récente étude du cabinet Pew, 30% des adultes américains en ont déjà utilisé une, et le chiffre s'élève à plus de 50% chez les moins de 30 ans.
Les militants de base ne sont pas seuls à aller «draguer» ainsi les électeurs. Agé de 37 ans à l'époque, Patrick Register, candidat démocrate aux élections parlementaires en Caroline du Nord, a utilisé un compte Tinder personnel pour faire pencher le scrutin en sa faveur en 2018.
L'analyste politique Mark Jablonowski voit d'un bon oeil ces campagnes qui «sortent des sentiers battus» afin d'approcher autrement les électeurs, mais pour d'autres spécialistes, le potentiel des applications de rencontre reste limité.
Patrick Register n'a d'ailleurs pas été élu au Congrès il y a deux ans. L'histoire ne dit pas, en revanche, s'il a trouvé l'amour.
La démocratie en crise?
Rencontre entre autocrates: les présidents turc et russe Recep Tayyip Erdoğan (à gauche) et Vladimir Poutine ne font pas très attention à la séparation des pouvoirs dans leurs pays.
Recep Tayyip Erdoğan a prouvé qu’il était un autocrate en réprimant les protestations anti-gouvernementales à Istanbul en 2013, comme l’explique la politologue Anna Lührmann de l’institut de recherche V-Dem de Göteborg, en Suède.
V-Dem publie chaque année un rapport sur la situation politique dans le monde. Cette illustration montre le niveau de liberté du système politique dans chaque pays. Plus la couleur est sombre, plus le pays est démocratique.
Selon les conclusions des chercheurs pour 2018, la tendance mondiale est à l’autocratie – et touche également depuis peu les démocraties fortes. Cela pousse des citoyens de plus en plus en colère dans les rues, comme ici à Londres.
En effet, le Premier ministre britannique Boris Johnson souhaite ardemment neutraliser le parlement afin de forcer la sortie de l’UE comme bon lui semble.
Autre scène, même phénomène: à Hong Kong, la population lutte également pour remettre le gouvernement à sa place. Les protestations de masse font les gros titres depuis plusieurs mois.
Les chercheurs de V-Dem observent également des signes d’autocratisation aux Etats-Unis. Néanmoins, en raison de la solidité du système dans ce pays, le président Donald Trump n’a pas la possibilité de n’en faire qu’à sa tête malgré sa soif de pouvoir, précisent-ils.
Le bon côté de la nature polarisante de Donald Trump est qu’elle donne lieu à une politisation croissante de la société, explique la chercheuse Anna Lührmann.
Retour à la page d'accueil