Une trottinette électrique sur un trottoir en mars 2020 à Paris pendant le confinement instauré en France pour lutter contre l'épidémie de coronavirus
Un employé répare des Velib, le 23 avril 2020 à Paris pendant le confinement instauré en France pour lutter contre l'épidémie de coronavirus
Des véhicules garés sur une aire de covoiturage en avril 2016 à Meteren, dans le nord de la France
Le coronavirus, un poison pour les mobilités partagées
Une trottinette électrique sur un trottoir en mars 2020 à Paris pendant le confinement instauré en France pour lutter contre l'épidémie de coronavirus
Un employé répare des Velib, le 23 avril 2020 à Paris pendant le confinement instauré en France pour lutter contre l'épidémie de coronavirus
Des véhicules garés sur une aire de covoiturage en avril 2016 à Meteren, dans le nord de la France
Autopartage, covoiturage, vélos et trottinettes en libre-service... L'idée de partager les objets de mobilité est-elle morte avec le coronavirus? Le risque est réel si s'installe la peur de s'infecter en touchant des surfaces contaminées ou en respirant le même air qu'un inconnu.
Le géant américain de l'automobile General Motors (GM) vient d'annoncer qu'il jetait l'éponge dans l'autopartage, en fermant Maven, un service lancé il y a quatre ans. Sa suspension pendant l'épidémie lui aura été fatale.
Les offres de voitures disponibles à la demande, à l'image de l'ancien système Autolib à Paris, ont pourtant explosé ces dernières années dans les grandes agglomérations, portées par l'idée d'une mobilité plus économique, grâce au paiement à l'usage, et plus écologique car réduisant le nombre de véhicules.
Fin mars, la société américaine Bird, pionnière des trottinettes électriques en libre-service, a licencié 30% de ses employés à cause de la crise liée à la pandémie de Covid-19.
«Les chiffres de trafic de tous les modes de transport s'effondrent, mais ce qui a décroché en premier ce sont les offres de nouvelles mobilités parce qu'elles ont le défaut inhérent d'être plutôt exposées d'un point de vue de la contamination», souligne Joël Hazan, expert du Boston Consulting Group (BCG).
Certes la crise représente dans l'immédiat un cataclysme pour tous les modes de transports, puisque les déplacements des populations ont été réduites à presque zéro dans les régions confinées. Mais au redémarrage, tous ne se relèveront pas de la même façon.
Pour M. Hazan, le secteur des mobilités urbaines qui était «l'un des plus dynamiques du monde en matière de création de start-ups va connaître une crise de financement» au terme de laquelle «seuls les plus forts resteront». Or, selon lui, beaucoup de modèles d'affaires sont encore «balbutiants et hésitants».
«Le covoiturage, c'est intégralement subventionné pour des résultats très décevants. Avant la crise, c'était déjà un effort sans fond pour les pouvoirs publics», constate-t-il.
Désormais, il faut rassurer les clients qui craignent d'être contaminés par le virus en touchant le volant et le levier de vitesse manipulés par un utilisateur précédent, ce qui engendre des coûts supplémentaires.
- Le vélo contre la voiture -
Depuis le début de l'épidémie, «nos véhicules sont régulièrement désinfectés par une entreprise spécialisée», explique Olivier Reppert, le patron de Share Now, service de covoiturage des géants allemands BMW et Daimler. «Nos objectifs à moyen et long terme restent intacts», assure-t-il, se disant convaincu d'un fort redémarrage après la crise. Mais Share Now avait annoncé fin 2019 son retrait d'Amérique du Nord et une réduction de voilure en Europe.
Dans les nouvelles mobilités, il y a des réalités très différentes, plaide Paulin Dementhon, directeur général pour l'Europe de Getaround, plateforme de location de véhicules entre particuliers. «Le problème ce sont les transports en commun. Une rame de TGV, un métro, un bus, ça fait peur», donc la crise «va promouvoir tout ce qui est transport individuel», prévoit-il.
Or, si quasiment tout le monde a les moyens d'investir dans son propre vélo ou sa trottinette pour éviter le partage, tout le monde n'a pas les moyens d'acheter une voiture, souligne-t-il.
Nicolas Brusson, directeur général de BlaBlaCar, leader mondial du covoiturage, partage cet avis. «Si on se positionne dans 12 ou 24 mois, il y aura un report vers du transport moins cher» à cause de la crise économique et «cela devrait plutôt bénéficier à des acteurs low cost», estime-t-il. En attendant, le groupe, dont le chiffre d'affaires est tombé à zéro, fait le dos rond.
«La force d'un réseau de transports comme BlaBlaCar c'est qu'on n'a pas de coûts fixes», puisque la plateforme met en relation des clients avec des automobilistes ou des bus exploités par des fournisseurs. «Vu qu'on était bien capitalisés, un arrêt de plusieurs mois ne met pas en danger la société d'un point de vue financier», assure M. Brusson.
«Le vrai risque, c'est de perdre le combat contre la voiture individuelle», estime cependant M. Hazan, pour qui «le vélo est le mode de transport le plus adapté» en ville, car «c'est écologique et privé» mais aussi bon marché.
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