Logos du groupe de télécommunications chinois Huawei
Le fondateur de Huawei Ren Zhengfei le 22 juin 2015 au Forum de Davos
La directrice financière de Huawei Meng Wanzhou à Vancouver le 8 mai 2019
Les Etats-Unis lancent l'offensive technologique contre la Chine
Logos du groupe de télécommunications chinois Huawei
Le fondateur de Huawei Ren Zhengfei le 22 juin 2015 au Forum de Davos
La directrice financière de Huawei Meng Wanzhou à Vancouver le 8 mai 2019
La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine a pris une nouvelle dimension, Washington sortant l'artillerie lourde dans le secteur des technologies pour tenter de neutraliser Huawei, acteur incontournable des réseaux mobiles et de la 5G en particulier.
A l'aube du déploiement dans le monde de la 5G, future génération ultrarapide de l'internet mobile, Donald Trump a interdit mercredi aux réseaux de télécommunications américains de se fournir en équipements auprès de sociétés étrangères jugées à risque, une mesure ciblant Huawei, le géant chinois des télécommunications.
La firme dont le siège est implanté à Shenzen, dans le sud de la Chine, est depuis longtemps dans le collimateur des autorités américaines, soupçonnée d'espionnage au profit de Pékin qui aurait largement contribué à sa spectaculaire expansion internationale.
Les Etats-Unis n'ont jamais apporté de preuve – du moins publiquement – pour étayer ces accusations, mais ils pressent leurs alliés de se passer des infrastructures de Huawei.
Le ministère américain du Commerce a enfoncé le clou en plaçant Huawei sur une liste d'entreprises suspectes auprès desquelles les sociétés américaines telles que Qualcomm et Intel ne pourront commercer qu'après avoir obtenu un feu vert des autorités.
Le déploiement de la 5G, qui promet de tout connecter, partout et tout le temps, va offrir un débit jusqu'à 10 fois plus rapide que la 4G.
- Course en tête -
En d'autres termes, des milliards de données circuleront simultanément sans engorgement, avec un risque majeur de piratage des secrets industriels, d'informations privées ou d'actes de malveillance perturbant tout un réseau.
«Le monde ne peut pas se passer de nous car nous sommes plus avancés» que la concurrence, s'était targué en février le fondateur de Huawei Ren Zhengfei, dans un rare entretien accordé à la BBC.
Huawei, qui fait la course en tête loin devant les groupes d'Europe du Nord Nokia et Ericsson, a aussi déposé un nombre massif de brevets pour asseoir sa domination.
Le décret de Donald Trump est la mesure la plus sévère contre le secteur technologique chinois en pleine expansion, en particulier en Asie.
Pékin a gagné depuis longtemps la bataille de l'industrie manufacturière. Avec son plan «Fabriqué en Chine 2025», elle entend dominer les technologies de demain.
Washington dénonce des pratiques déloyales pour y parvenir, comme le vol de la propriété intellectuelle et le piratage informatique.
Pour l'heure, les négociations commerciales entre les deux pays piétinent. Les deux parties sont convenues de poursuivre leurs discussions et Donald Trump a évoqué une rencontre avec son homologue Xi Jinping fin juin au G20 au Japon.
Mais la mesure contre Huawei n'est pas de nature à calmer les esprits entre les deux premières puissances économiques du monde qui se sont imposées réciproquement des hausses de tarifs douaniers sur des centaines de milliards de dollars de produits manufacturés.
- Crise diplomatique -
Le glissement du conflit dans le domaine des technologies «n'est dans l'intérêt de personne», a réagi Huawei.
«Cela va nuire considérablement aux entreprises américaines (...), affecter des dizaines de milliers d'emplois américains et saper (...) la confiance dans la chaine d'approvisionnement mondiale», a prévenu le groupe.
La France a pris ses distances jeudi dans ce conflit: le président Emmanuel Macron a ainsi jugé qu'une guerre technologique n'était «pas le meilleur moyen» de défendre la sécurité nationale.
«La France et l'Europe sont pragmatiques», a-t-il dit. «Nous voulons développer l'emploi, les affaires, l'innovation. Nous croyons à la coopération et au multilatéralisme».
Dans cette bataille diplomatico-économique, les Européens sont jusqu'alors apparus divisés, l'Allemagne ayant accepté la participation de Huawei à la construction de son réseau quand la République tchèque a lancé des mises en garde.
Au Royaume-Uni, la question a, elle, provoqué une crise politique. La Première ministre Theresa May a dû limoger le 1er mai son ministre de la Défense, accusé d'avoir fait fuiter dans la presse des informations sensibles sur une possible participation de Huawei aux infrastructures 5G.
«Nous ne pouvons pas forcer les pays à retirer des éléments de leur système. Nous ne pouvons que les conseiller sur ce que nous pensons être les dangers», a commenté jeudi Wilbur Ross, ministre américain du Commerce, sur Fox business network.
Au Canada, autre allié historique des Etats-Unis, Huawei est également au coeur d'une crise diplomatique depuis l'arrestation en décembre, à la demande de la justice américaine, de la directrice financière du groupe chinois, Meng Wanzhou soupçonnée de violation des sanctions américaines en Iran.
Fin 2018, dans d'apparentes représailles, Michael Kovrig, un ancien diplomate en poste à Pékin et l'homme d'affaires Michael Spavor, spécialiste de la Corée du Nord, ont été interpellés.
La Chine a annoncé jeudi leur placement formel en état d'arrestation. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a, lui, promis de défendre les deux Canadiens détenus «arbitrairement».
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