Techno Les géants de la tech cernés par les procédures et les appels au démantèlement

AFP

10.9.2019 - 14:12

Les enquêtes antitrust lancées ces derniers jours par certains Etats américains contre Google et Facebook, également dans le viseur des autorités européennes, rappellent la position ultradominante des géants du numérique sur nombre de marchés, et reposent la question de leur éventuel démantèlement.

- Que reproche-t-on aux géants du numérique?

Protection des données personnelles, emprise sur le marché publicitaire, la recherche en ligne ou les réseaux sociaux, position dominante sur le commerce en ligne ou contrôle du marché des app sur smartphone... Les griefs à l'encontre des géants du numérique sont à la base de nombreuses enquêtes, tant côté américain que de la part de la Commission européenne.

Sur le marché de la publicité en ligne, Google et Facebook contrôlent près de 60% du marché américain, estimé à 129 milliards de dollars pour 2019, et plus de la moitié du marché mondial, qui devait monter à 333 milliards de dollars, selon le bureau d'études eMarketer.

Google est aussi critiqué concernant la recherche en ligne: au niveau mondial, 92,4% des requêtes en ligne sont passées par lui au mois d'août.

Emprise semblable sur le marché du smartphone: Android (Google) et iOS (Apple) sont les systèmes d'exploitation actuellement présents sur la quasi totalité des appareils, avec les produits des deux géants proposés par défaut (navigateurs internet, cartographie) et un contrôle total sur les magasins d'applications (PlayStore ou AppStore).

Avec Facebook, Instagram et WhatsApp, le groupe Facebook s'est pour sa part taillé une position largement dominante sur le marché des réseaux sociaux dans de nombreux pays.

- Un démantèlement est-il possible? –

Pour ces grands groupes, une enquête antitrust aux Etats-Unis porte en elle le risque théorique d'un démantèlement, comme le prévoit un arsenal législatif américain qui a vu le jour dès 1890.

Il existe des précédents retentissants : en 1911, l'éclatement de la Standard Oil, l'empire de John Rockefeller, a ainsi conduit à la création de Chevron, Mobil, Exxon ou encore Amoco.

Mais rien de semblable jusqu'ici dans le domaine informatique ou numérique. Une enquête lancée en 1969 contre IBM a finalement été abandonnée 13 ans plus tard, la révolution de la micro-informatique ayant mis fin au monopole du groupe sur les ordinateurs. Microsoft a bien été accusé de position dominante en lien avec son système Windows, mais un accord avec le département américain de la justice a mis fin aux poursuites.

«Dans des activités physiques, il est très simple de démanteler mais quand il s'agit de logiciel, les frontières sont variables, les limites éminemment floues. Sans parler du risque que cela implique en terme de potentiel d'innovation», estime le consultant spécialisé Olivier Ezratty.

- Quelle alternative au démantèlement?

Certains élus américains, comme la démocrate et candidate présidentielle Elizabeth Warren, appellent à un démantèlement pur et simple des géants de la tech. Tout comme certains instituts de réflexion américains. Ainsi le Open Markets Institute, dont l'un des membres, Matt Stoller, écrit mardi dans le quotidien anglais Guardian qu'il faut «démanteler» les mastodontes du numérique «sans quoi ils deviendront notre gouvernement et finiront par choisir ce que nous voyons et savons du monde».

D'autres commentateurs, et les géants du web eux-mêmes, défendent des solutions moins radicales. Le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg, dont la société va de scandale en polémique, s'est ainsi fait ces derniers mois un chantre du renforcement de la régulation en matière numérique.

Au niveau européen, le Règlement européen de protection des données personnelles (RGPD), entré en application en mai 2018, est censé apporter un cadre réglementaire fort.

Et la pression en Europe sur les Gafa n'est pas près de retomber puisque la Danoise Margrethe Vestager, qui s'est fait un nom en affrontant les géants de la Silicon Valley – pas moins de trois amendes pour abus de position dominante contre Google à son actif – reste commissaire chargée de la Concurrence dans le nouvel exécutif européen, dont la composition a été dévoilée mardi.

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