Techno Les premiers bus à hydrogène entrent en service en France

AFP

13.9.2019 - 10:31

Les premiers bus à hydrogène, une technologie propre, sont entrés en exploitation commerciale en France cette semaine entre Versailles et Jouy-en-Josas, en Ile-de-France, avant des lancements similaires dans le Pas-de-Calais et à Pau.

Valérie Pécresse, présidente de la région, a donné le coup d'envoi à l'exploitation de deux bus à hydrogène sur la ligne 264 entre les deux communes des Yvelines, longue d'environ 12,5 kilomètres et empruntée quotidiennement par un millier de voyageurs, a indiqué jeudi Ile-de-France Mobilités dans un communiqué.

«C’est la première fois que des voyageurs utiliseront quotidiennement ce nouveau type de bus en France», selon le syndicat des transports franciliens.

Ces deux bus, fabriqués par le constructeur belge Van Hool et exploités par le groupe Savac, sont équipés d'une pile à combustible produisant de l'électricité à partir d'hydrogène.

Contrairement à leurs cousins équipés de batteries lithium-ion, les véhicules roulant à l'hydrogène ont une autonomie plus importante et un rechargement accéléré: les deux bus en service sont ainsi équipés d'un réservoir d'une capacité de 39 kg d'hydrogène, pour une autonomie totale de 300 kilomètres.

N'émettant aucun gaz à effet de serre, les véhicules à hydrogène sont considérés comme une option pour décarboner le secteur des transports afin de contrer le réchauffement climatique, aux côtés des bus roulant au biométhane carburant et des bus électriques.

«L'objectif (...) est de tester les performances de ce type de véhicule au niveau de la consommation, de l'autonomie, des coûts d'exploitation et de maintenance», ainsi que leurs «tenues techniques» sur sept ans, durée de l'expérimentation concernant les deux bus, note Ile-de-France Mobilités, qui finance 59% du projet et qui vise «une flotte de bus 100% propres» dans la région en 2029.

Pour les collectivités, l'hydrogène a l'avantage de permettre «une autonomie importante» et «un temps de remplissage du réservoir» infiniment plus rapide qu'un rechargement de batterie ion-lithium, indique à l'AFP Stéphanie Paysant, responsable administration de l'Association française pour l'hydrogène et les piles à combustible (Afhypac).

Le déploiement devrait s'accélérer dans les transports en commun, prédit-elle, pointant un plan des industriels du secteur visant 1.000 bus à hydrogène en service en France à l'horizon 2023 et la récente annonce d'un référencement prochain des véhicules par la centrale d'achat public UGAP.

- Hydrogène «gris» ou «vert» -

Reste le coût encore prohibitif -- le prix d'un bus à hydrogène étant estimé à au moins 600.000 euros, soit le double d'un bus thermique classique, sans compter l'éventuel investissement dans une station de rechargement.

«C'est cher parce qu'on n'a pas encore d'effet d'échelle et de volume, c'est une technologie en phase de pré-industrialisation, ça freine un peu», reconnaît Mme Paysant, anticipant cependant une baisse des coûts avec l'accélération des commandes.

Après les Yvelines, d'autres lancements commerciaux de bus à hydrogène devraient suivre en France.

Une ligne uniquement opérée par six bus à hydrogène doit entrer en service commercial mi-octobre entre Bruay-La-Buissière et Auchel (Pas-de-Calais).

«La différence avec Versailles, c'est qu'il s'agit pour nous d'une ligne complète, la première en France» assurée entièrement par des bus à hydrogène, insiste Benoît Descamps, directeur de la communication du Syndicat Mixte des Transports Artois-Gohelle.

Le groupe Transdev, qui exploitera la ligne du Pas-de-Calais, travaille également sur un projet de cinq bus à hydrogène à Auxerre (Yonne) pour 2020.

Les projets du Pas-de-Calais et de Pau se distinguent cependant par le recours à l'hydrogène «vert» produit par électrolyse de l'eau, donc sans émission de gaz à effet de serre.

A l'inverse, une partie de l'hydrogène produit par Air Liquide pour la station de Loges-en-Josas est dit «gris», c'est-à-dire issu du reformage de méthane --une technique à base d'hydrocarbures couvrant quelque 95% de la production d'hydrogène en France mais génératrice de fortes émissions de CO2.

Une empreinte carbone qu'Air Liquide assure cependant avoir restreinte grâce au développement d'une technologie de captage de CO2.

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AFP