TechnoLes salons internationaux bousculés par l'épidémie de coronavirus
AFP
14.2.2020 - 03:50
Maintien des manifestations, report ou bien annulation: touchés de plein fouet par les défections de participants, les organisateurs de salons internationaux s'interrogent sur l'attitude à adopter face à la crise du nouveau coronavirus, qui vient bousculer un secteur florissant.
C'est un mastodonte des salons internationaux qui a jeté l'éponge jeudi: avec près de 110.000 visiteurs et 2.800 entreprises exposantes, le Mobile World Congress, organisé à Barcelone, est un salon incontournable habituellement.
Mais son édition 2020 a finalement été annulée mercredi soir, faute de participants. «La préoccupation mondiale relative à l'épidémie de coronavirus, les inquiétudes sur les voyages et d'autres circonstances rendent impossibles l'organisation de cet événement», prévu du 24 au 27 février, a indiqué l'association organisatrice GSMA. Les jours précédents, Facebook, BT, Cisco, Nokia, Amazon ou Sony avaient annoncé qu'ils renonçaient à leur venue.
Cette annulation est un événement dans un secteur qui génère 1,3 million d'emplois et 137 milliards d'euros de dépenses directes selon l'UFI, association regroupant les organisateurs mondiaux de salons, qui recense 32.000 événements de ce genre chaque année dans le monde.
«Pour l'instant, la priorité, c'est de chercher à rassurer les parties prenantes. Si la situation devait se dégrader, avec un cas de contamination sur un salon, on passerait en mode crise avec des mesures de précaution renforcées, par exemple en limitant l'accès à l'événement», nuance Fabrice de Laval, directeur juridique du syndicat français de l'événementiel, Unimev.
Si plusieurs salons ont déjà été annulés ces dernières semaines à cause de l'épidémie de Covid-19 – le nom officiel du virus -, il s'agissait d'événements principalement organisés en Asie. Parmi eux, le salon d'art contemporain Art Basel, prévu fin mars à Hong Kong, ou encore la Conférence et exposition sur l’aviation d’affaires en Asie de Shanghai, prévu fin avril.
En Europe, pour l'instant, les décisions ont été moins radicales, même si un salon horloger a été annulé à Zurich et un forum d'investissement à Sotchi en Russie reporté sine die.
- Casse-tête en vue -
«Le nouveau coronavirus pose un défi pour les mois à venir», souligne le directeur général de l'UFI Kai Hattendorf, qui assure néanmoins que le secteur des salons internationaux est «résilient».
Pour Philippe Pasquet, directeur général du pôle «salons» de la société spécialisée française GL Events, «il y aura très certainement un impact, mais très différent d'un salon à l'autre, et personne ne peut le mesurer à ce stade».
«La présence de la Chine dans les salons internationaux est aujourd'hui bien plus importante que lors de l'épidémie de SRAS (en 2002-2003, NDLR). Du coup, l'impact est plus important», explique-t-il à l'AFP.
Fin janvier, ce groupe français, spécialisé dans l'organisation de salons professionnels et présent dans une vingtaine de pays, a décidé de reporter trois salons prévus à Pékin, à la demande des autorités chinoises.
«In fine, tout va dépendre de la durée de l'épidémie. Pour l'instant, nous ne pensons pas que ça va durer, mais nous restons prudents», estime M. Pasquet, qui ne craint pas «tant le virus que la psychose liée à l'épidémie».
D'un point de vue purement financier, annuler un événement en début d'année reste envisageable pour les organisateurs qui ont souscrit une assurance avant la déclaration de l'épidémie. Mais la question pourrait virer au casse-tête dans les prochaines semaines...
«Maintenant que le risque est avéré, il n'y a plus de possibilité pour les organisateurs comme pour les exposants de prendre une assurance annulation», met en garde Fabrice de Laval. «Les organisateurs ont un rôle de chef d'orchestre, l'incertitude fragilise leur modèle économique pour les événements à venir.»
Au-delà des salons, c'est l'ensemble des événements professionnels internationaux qui pourrait se voir menacé.
«On aura beaucoup moins de monde aux défilés, les professionnels et les influenceurs chinois du secteur ne vont pas venir et on va mettre en place des moyens vidéo. Cela peut représenter 30% d'invités en moins sur les défilés selon les marques», a ainsi prévenu le PDG de Kering, François-Henri Pinault, à quelques jours des Fashion Week de Milan et de Paris.
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