Techno Les taxis japonais en pleine mue avant les JO de Tokyo

AFP

23.2.2018 - 11:08

Gants blancs, sièges recouverts de dentelle et chauffeurs grisonnants, les taxis japonais semblent sortis d'un autre âge, mais à l'approche des jeux Olympiques de Tokyo en 2020, le secteur est en plein bouleversement et attise les convoitises.

Le PDG d'Uber était cette semaine dans la capitale nippone pour nouer des partenariats avec des compagnies locales: Dara Khosrowshahi a fait état sur son compte Twitter de "discussions prometteuses". Il s'est aussi affiché en photo, tout sourire, aux côtés du Premier ministre Shinzo Abe et du dirigeant du constructeur d'automobiles Toyota, Akio Toyoda.

Le géant américain, qui a jusqu'à présent échoué à s'imposer dans l'archipel du fait d'une législation très stricte, a décidé de changer de stratégie, préférant l'offensive de charme à la confrontation. "Clairement nous devons faire les affaires différemment au Japon", où le service est de grande qualité mais "ne s'est pas mis à la page sur un plan technologique", a-t-il lancé lors d'un symposium, selon des propos rapportés par la presse.

A Tokyo, où il est facile de héler un des 50.000 taxis, Uber est cantonné pour l'heure au service haut de gamme UberBLACK. "Nous pensons qu'il y a un potentiel immense pour toucher plus de clients en nous alliant avec les taxis", assure Chris Brummitt, porte-parole de l'entreprise de réservation de voitures avec chauffeur (VTC), interrogé par l'AFP.

- 'Tarifs plus raisonnables' -

D'autant que le Japon accueille l'an prochain la Coupe du monde de rugby et dans deux ans les JO. "Souvent, la première chose que font les gens quand ils arrivent dans un pays, c'est d'ouvrir l'application Uber. Notre but est que les touristes au Japon puissent réserver un taxi sur internet, sans problème de langue", selon le représentant d'Uber.

Son rival chinois Didi Chuxing s'intéresse aussi à ce marché de 13 milliards d'euros, avec le soutien du japonais SoftBank Group, par ailleurs actionnaire d'Uber.

Face aux ambitions de ces géants des VTC, les sociétés japonaises de taxis ont commencé à se mobiliser. Il y a urgence car le nombre de passagers a chuté d'un tiers entre 2005 et 2015, selon le ministère des Transports, la faute au prix élevé de la course.

"Le secteur a longtemps été protégé par la réglementation, cependant des services plus attractifs, davantage axés sur le client, sont récemment apparus", a commenté auprès de l'AFP Hitoshi Kaise, partenaire du cabinet Roland Berger.

Nihon Kotsu, la principale compagnie de Tokyo, teste actuellement une application permettant de faire trajet commun avec un inconnu. "Nous voulons permettre à tous de prendre un taxi à des tarifs plus raisonnables", explique Ryota Fujimura, porte-parole de JapanTaxi, filiale en charge du projet, précisant que la facture se trouve réduite de l'ordre de 15 à 40%.

- Robot-taxi -

Cette start-up vient de recevoir le soutien du groupe Toyota, qui a décidé d'investir 7,5 milliards de yens (environ 55,8 millions d'euros). A l'instar de ses concurrents, le constructeur se mue de plus en plus en "fournisseur de services de mobilité" pour anticiper le déclin de la demande pour les voitures particulières. Dans la même veine, l'allemand Daimler a pris fin 2017 une participation majoritaire dans la plateforme de VTC française Chauffeur Privé.

Concrètement, Toyota et JapanTaxi veulent faire passer les désuètes berlines à l'ère numérique, avec "terminaux connectés" de type tablettes à bord et l'élaboration d'un système basé sur l'intelligence artificielle pour déployer plus efficacement les véhicules en prédisant la demande des usagers.

Le fleuron de l'électronique Sony s'est aussi mis sur les rangs: il a annoncé mardi un projet d'alliance avec six opérateurs de taxis, témoin de l'effervescence du secteur.

En modernisant leurs services, les compagnies espèrent rajeunir la clientèle mais aussi les chauffeurs, dont la moyenne d'âge avoisine aujourd'hui les 60 ans.

Et dans un archipel en manque de main d'oeuvre, on planche aussi activement sur les taxis autonomes. Nissan a présenté vendredi un service de robot-taxi, que le partenaire de Renault espère commercialiser vers 2020. Juste à temps pour les JO.

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