TechnoNew Delhi interdit 118 applications chinoises sur fond de différend frontalier avec Pékin
AFP
2.9.2020 - 17:38
L'Inde a annoncé mercredi l'interdiction de 118 applications mobiles chinoises, intensifiant ainsi ses mesures de rétorsion économiques sur fond d'un différend frontalier qui s'envenime avec la Chine.
Le ministère des Technologies de l'information a accusé ces applications, dont le populaire jeu vidéo PUBG Mobile et d'autres services du géant chinois de l'internet Tencent, de voler les données des utilisateurs et permettre des activités «préjudiciables à la souveraineté et l'intégrité de l'Inde, la défense de l'Inde, la sécurité de l'Etat et l'ordre public».
L'Inde et la Chine, entre lesquelles le dernier conflit ouvert remonte à la guerre-éclair de 1962, connaissent depuis juin un différend qui s'envenime à leur frontière himalayenne contestée, avec plusieurs affrontements meurtriers et confrontations.
Le 15 juin, dans une vallée disputée du Ladakh à plus de 4.200 mètres d'altitude, des combats au corps-à-corps entre leurs soldats ont fait 20 morts côté indien et un nombre inconnu de victimes dans les rangs chinois. C'était le premier affrontement meurtrier entre les armées des deux pays en 45 ans.
Depuis ce week-end, deux incidents sont survenus en 48 heures dans la région du Ladakh: l'Inde et la Chine se sont mutuellement accusées d'avoir franchi samedi soir, puis lundi, la Ligne de contrôle effectif («Lign of Actual Control», LAC), frontière de facto qui n'est pas clairement démarquée.
Un soldat d'origine tibétaine engagé au sein des forces spéciales indiennes a été tué samedi lors d'un accrochage avec l'armée chinoise, a annoncé mardi une représentante du Parlement tibétain en exil, Namghyal Dolkar Lhagyari.
- Des dizaines d'applications chinoises bloquées -
Invoquant la sécurité nationale et la protection des données, l'Inde a interdit après les combats de juin 59 applications chinoises y compris la populaire plateforme de partage de vidéos TikTok, puis fin juillet 47 autres dont plusieurs étaient des versions réduites ou des variantes.
Les applications interdites mercredi comprennent des jeux, des services de paiement en ligne, des sites de rencontre et même un logiciel pour éditer ses selfies.
PUBG compte des millions de jeunes utilisateurs en Inde. La compagnie a indiqué être au courant de la décision du gouvernement indien mais n'avoir aucun commentaire. PUGB a été développée par une compagnie sud-coréenne mais sa version mobile été développée par Tencent.
Selon le ministère des Technologies de l'information, «l'extraction (des données) et le profilage par des éléments hostiles à la sécurité nationale et à la défense de l'Inde, qui empiètent en fin de compte sur la souveraineté et l'intégrité de l'Inde, est un sujet d'inquiétude immédiate et très profonde qui réclame des mesures d'urgence».
L'Inde utilise de plus en plus l'arme économique contre la Chine dans leur différend. Outre l'interdiction des applications, elle a gelé la participation de compagnies chinoises à des contrats d'infrastructures de téléphonie 5G et bloqué des marchandises chinoises dans des postes douaniers ou des ports.
- pourparlers d'urgence -
New Delhi a mis en garde contre une détérioration permanente des relations si la Chine ne ramenait pas ses soldats sur les positions d'avant mai.
Des officiers des deux camps ont eu mercredi pour le troisième jour des pourparlers d'urgence à la frontière mais aucun progrès n'a été annoncé susceptible de faire baisser la tension.
L'Inde a accusé les forces chinoises d'avoir cherché ce week-end à s'emparer de nouveaux territoires, assurant que «les militaires indiens ont anticipé ces activités» sur la rive sud du lac de Pangong Tso et «pris des mesures pour renforcer nos positions et déjouer les intentions de la Chine de changer unilatéralement la situation sur le terrain».L'Inde a dépêché de nouveaux renforts depuis ce week-end, selon des sources au Ladakh.
A Pékin, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying, a déclaré mercredi que «depuis le début de l'année en cours, l'Inde a violé de manière répétée les accords bilatéraux et un consensus important» sur la frontière.
Selon elle, l'Inde «a essayé de modifier unilatéralement le statu quo par la force, sapé la paix, la stabilité et provoqué de la tension dans la zone frontalière. La responsabilité revient indubitablement à la partie indienne».
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