«Traités comme des robots par Amazon, nous sommes des hommes, pas des robots»: des salariés d'Amazon manifestent le 29 avril 2019 à Berlin devant le centre où se tient une réunion de représentants syndicaux de l'entreprise venus de 15 pays
Depuis 2013, les syndicats européens d'Amazon se mobilisent régulièrement, de préférence à l'occasion des journées cruciales en terme de ventes comme les Prime Days ou le Black Friday
Le centre de traitement d'Amazon à Staten Island (USA) le 5 février 2019
Réunis à Berlin, les syndicats d'Amazon veulent coordonner leur lutte
«Traités comme des robots par Amazon, nous sommes des hommes, pas des robots»: des salariés d'Amazon manifestent le 29 avril 2019 à Berlin devant le centre où se tient une réunion de représentants syndicaux de l'entreprise venus de 15 pays
Depuis 2013, les syndicats européens d'Amazon se mobilisent régulièrement, de préférence à l'occasion des journées cruciales en terme de ventes comme les Prime Days ou le Black Friday
Le centre de traitement d'Amazon à Staten Island (USA) le 5 février 2019
Face à une des entreprises les plus puissantes au monde, et une des plus décriées sur le plan social, les représentants syndicaux d'Amazon venus de 15 pays s'efforcent lundi à Berlin de coordonner leur lutte.
Alfred Bujara, d'Amazon Pologne, montre sur son portable son dernier «coup» à un collègue allemand: une campagne choc qui compare les employés d'Amazon syndiqués à des rats traqués par leurs employeurs.
«Les conditions sont mauvaises partout, elles sont horribles en Pologne», explique le syndicaliste affilié à l'emblématique Solidarnosc, qui évoque des gestes définis à la «seconde» et des employés «virés» quand ils ne tiennent plus les cadences.
Plus d'une cinquantaine de délégués, venus d'Egypte, du Brésil, de France, d'Italie ou encore du Pakistan, participent jusqu'à mardi à un sommet à huis clos pour dresser un état des lieux de leurs conditions de travail dans les centres de logistique d'Amazon.
Les 800 entrepôts d'Amazon, qui continue d'en ouvrir sur les cinq continents, sont l'arrière boutique de cet empire du commerce dématérialisé. C'est là que sont traitées, empaquetées et expédiées les commandes.
- «Mieux négocier» -
«Ce partage d'informations sur les différentes normes, les cadences imposées dans les autres pays, va nous permettre de mieux négocier en Pologne», se réjouit Alfred Bujara à la pause, avant de se joindre, sous la pluie, à la photo de famille, pour laquelle les 50 participants posent le poing levé.
Outre les cadences jugées trop rapides, la surveillance des employés à travers des méthodes contestées de «tracking» ou la suppression des pauses, les employés d'Amazon Logistics déplorent leurs salaires trop faibles et réclament des conventions collectives, ou un dialogue social plus apaisé.
«Amazon prouve chaque jour être un employeur juste et responsable, même sans convention collective», s'est défendu la direction allemande du groupe dans un communiqué transmis à l'AFP.
Depuis 2013, les syndicats européens d'Amazon, qui ont peiné à se faire reconnaître par la direction, se mobilisent régulièrement, de préférence à l'occasion des journées cruciales en terme de ventes comme les Prime Days ou le Black Friday.
En 2018, la colère s'est renforcée: une cinquantaine de grèves ont été organisées par différents syndicats en Europe.
Rareté dans l'histoire syndicale récente, hormis une mobilisation de ce type au sein de la compagnie aérienne Ryanair, certains de ces débrayages ont été organisés de manière simultanée dans plusieurs pays.
«Quand il y a un mouvement coordonné entre nous, une grève simultanée en France, en Italie et en Espagne, Amazon réagit. Quand il y a confrontation, Amazon accepte d'entamer des négociations», assure Stefanie Nutzenberger, du syndicat allemand Verdi.
- «Pas des robots» –
Mais l'internationalisation du mouvement, en dehors de l'Europe, est encore balbutiante.
«En Amérique du Sud, nous sommes complètement en terre inconnue. Ils viennent d'ouvrir un centre d'opérations au Brésil, les employés ne sont pas du tout préparés là-bas», explique un représentant syndical venu d'Uruguay, Henry Oliveira.
En novembre, à travers une campagne sur les réseaux sociaux, les employés d'Amazon se sont trouvés un cri de ralliement: #nousnesomemepasdesrobots.
Les employés d'Amazon confient d'ailleurs échanger entre pays, mais de manière informelle, sous les radars de leur employeurs, notamment via des groupes de conversations privés, explique à l'AFP le syndicaliste britannique (UNI) Matthew Painter.
Une première grève coordonnée à l'échelle mondiale, et non plus seulement européenne, est-elle la prochaine étape ? «Ce serait difficile tant les législations sont différentes selon les pays», reconnaît-il.
«Nous nous préparerons à d'autres conflits et ils dépasseront nos frontières», promet de son côté Stefanie Nutzenberger.
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