Techno Tencent à la rescousse du conglomérat Wanda, lourdement endetté

AFP

30.1.2018 - 11:42

Le conglomérat chinois Wanda, lourdement endetté après une vague d'acquisitions à l'étranger, a vu son titre s'envoler en Bourse mardi, après avoir accepté un investissement de 4,34 milliards d'euros par un consortium emmené par le géant local de l'internet Tencent.

Cette injection de fonds frais est providentielle pour Wanda: le conglomérat diversifié (immobilier commercial, hôtellerie, cinéma, sport), épinglé par Pékin pour sa frénésie d'investissements internationaux et son endettement colossal, a été contraint de céder depuis l'été des hôtels, des projets touristiques et des chantiers à l'étranger.

Dans le détail, Wanda Group va vendre une participation de 14% dans son bras immobilier, Wanda Commercial Properties, le plus gros opérateur de centres commerciaux en Chine, pour 34 milliards de yuans (4,34 milliards d'euros), a annoncé le groupe dans un communiqué tard lundi.

Le consortium d'investisseurs est mené par Tencent, opérateur de la populaire messagerie WeChat, auquel se sont joints le numéro deux chinois du commerce en ligne JD.com, le distributeur d'électroménager Suning et le mastodonte de l'immobilier Sunac.

De quoi confirmer les efforts de diversification de Wanda, dirigé par l'emblématique milliardaire Wang Jianlin, qui cherche à diminuer son exposition au secteur précaire de l'immobilier commercial en proie à la concurrence féroce de l'e-commerce.

L'objectif affiché est de combiner "les vastes actifs d'immobilier commercial" de Wanda au savoir-faire de Tencent, Suning et JD.com dans l'internet et la vente en ligne, selon le conglomérat, qui évoque un "nouveau modèle de consommation" brouillant la frontière entre commerce en dur et commerce électronique.

Cet investissement massif dans le conglomérat en manque de liquidités a été salué par les marchés financiers: à la Bourse de Hong Kong mardi, le titre de Wanda Hotels -- la principale entité cotée du groupe -- a clôturé en hausse de 22,22% après avoir gagné jusqu'à 52% en cours de séance.

La nouvelle stratégie de Wanda pourrait cependant aiguiser sa rivalité avec le numéro un de l'e-commerce en Chine, Alibaba, qui avait lui même racheté 20% de Suning en 2016 et investit ouvertement dans l'immobilier commercial pour élargir ses modes de distribution.

- Un patron en disgrâce -

Wanda, à l'origine spécialisé dans l'immobilier, s'est diversifié ces dernières années dans le cinéma (rachat du studio hollywoodien Legendary), les parcs d'attraction, ou encore le sport (rachat de 20% du club de football espagnol Atletico Madrid).

Une frénésie d'investissements tous azimuts qui a fini par inquiéter Pékin, à l'heure où le régime communiste s'efforce de contenir l'envolée de la dette chinoise, de réduire les risques financiers, et dénonce volontiers les "acquisitions irrationnelles" de ses entreprises.

Sous pression, Wanda a dû vendre l'an dernier quelque 80 hôtels et plusieurs participations dans des projets touristiques à Sunac et au promoteur immobilier chinois R&F Properties, pour environ 10 milliards de dollars au total.

Le conglomérat a par ailleurs annoncé mi-janvier avoir conclu un accord pour céder ses parts dans un projet de développement d'immobilier résidentiel de luxe à Londres, sur la rive sud de la Tamise, pour 60 millions de livres (68 millions d'euros).

Le groupe serait par ailleurs sur le point de vendre deux grands projets immobiliers en Australie -- appartements de luxe, hôtels et centres commerciaux en cours de construction. Il cherche également à se défaire de deux projets aux Etats-Unis, à Chicago et Los Angeles, dans lesquels il évalue ses participations à 2,1 milliards de dollars au total, a rapporté Bloomberg, citant des sources proches.

Wang Jianlin, le patron de Wanda, a perdu à l'automne son titre d'homme le plus riche de Chine, rétrogradé au 5e rang des plus grosses fortunes du pays selon le classement du cabinet Hurun, après avoir vu ses actifs fondre de 28% sur l'année écoulée.

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