Techno TGV du futur: la SNCF confirme une méga-commande à Alstom

AFP

26.7.2018 - 18:11

La SNCF a validé mercredi l'octroi à Alstom d'un contrat de 3 milliards d'euros portant sur une centaine de TGV du futur, une commande cruciale pour le constructeur ferrovaire français en passe de passer sous le contrôle de l'allemand Siemens.

La commande concerne "une centaine de rames" de la cinquième génération de TGV et porte sur un montant "historique" de près de 3 milliards d'euros, a indiqué le PDG de la SNCF, Guillaume Pepy, lors d'une conférence de presse jeudi, précisant qu'il s'agit de "la plus grosse commande de TGV jamais passée en France".

La SNCF confirme ainsi une annonce prématurée faite le 22 mars par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, à l'issue d'un comité de suivi de la fusion entre Alstom et Siemens.

Ce contrat est en effet une bouffée d’oxygène pour Alstom, dont certaines usines étaient menacées depuis le rapprochement avec Siemens. Il est notamment crucial pour le site historique de Belfort, dont les commandes de TGV assuraient jusqu'ici de l’activité pour les salariés seulement jusqu'en septembre 2019.

Alstom emploie 460 salariés à Belfort, 9.000 en France et 34.500 dans le monde. Avec cette nouvelle commande, l'usine de Belfort sera responsable de la fabrication de 20 motrices par an pendant une décennie.

C'est "une bonne nouvelle pour tous ces sites", a affirmé un porte-parole d'Alstom à l'AFP. Les "premiers sous-ensembles seront produits à partir de mi-2020, ce qui assurera de la charge au site" de Belfort.

La livraison des premières séries commencera en 2020 et se terminera en 2031.

Guillaume Pepy a salué de son côté "une sacrée prouesse industrielle", indiquant que la commande permettra d'entretenir "4.000 emplois pendant 10 ans".

Les nouvelles rames viendront remplacer le TGV Duplex, à étage, qui roule depuis 1995, avec de nouvelles voitures d'une capacité comprise "entre 600 et 750 places" permettant "un gain de places de l'ordre de 20%", a précisé M. Pepy. "On en a beaucoup plus pour moins cher" a-t-il souligné.

La SNCF se donne pour objectif d'accueillir 25 millions de clients en plus des 100 millions de clients qu'elle accueille chaque année dans ses TGV.

Le nouveau TGV sera également modulable, avec des fauteuils montés sur des rails permettant un aménagement flexible de l'intérieur des rames.

- Equation économique compliquée -

Pour l'économiste Marc Ivaldi, professeur à l'école d'économie de Toulouse, "il est certain que d'avoir un carnet de commandes bien rempli n'est pas une mauvaise chose" pour Alstom dans son contexte de rachat par Siemens, notant qu'ainsi "la mariée est plus jolie".

Alstom avait remporté en 2016 l'appel d'offres pour développer avec la SNCF cette nouvelle génération de TGV. Selon Guillaume Durant, responsable du secteur ferroviaire au cabinet de conseil Wavestone, "c'est plutôt l'Etat qui a poussé les décisions en 2016 au moment où il fallait sauver Alstom, et qui a essayé d'obtenir ces commandes".

Pour la SNCF, c'est "une équation économique compliquée", souligne l'expert auprès de l'AFP, rappelant que "les budgets sont limités" pour la société de chemins de fer.

"Dans un contexte économique un peu tendu avec les grèves, il faut investir dans les TGV car la concurrence arrive", a-t-il expliqué, "mais il faut aussi maintenir les infrastructures, ça fait plusieurs fronts assez stratégiques à gérer."

Une situation d'autant plus délicate que, dans le cadre de la réforme de la SNCF, promulguée fin juin après plusieurs mois de grèves et de débats parlementaires, l'exploitant ferroviaire va par ailleurs devenir une société anonyme et non plus un établissement public à caractère industriel et commercial (Epic).

"La SNCF va avoir un nouveau statut dans deux ans où elle ne pourra plus faire de déficit. Si elle en fait, l'Etat ne pourra pas rembourser", relève M. Durant.

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