Les autorités chinoises ont utilisé près d'un millier de comptes Twitter, et dans une moindre mesure des pages Facebook, pour discréditer et diviser les manifestants pro-démocratie à Hong Kong
Des manifestants participent à une marche prodémocratie à Hong Kong, le 17 août 2019
Twitter et Facebook accusent Pékin de chercher à semer la discorde à Hong Kong
Les autorités chinoises ont utilisé près d'un millier de comptes Twitter, et dans une moindre mesure des pages Facebook, pour discréditer et diviser les manifestants pro-démocratie à Hong Kong
Des manifestants participent à une marche prodémocratie à Hong Kong, le 17 août 2019
Twitter et Facebook ont accusé Pékin de soutenir une campagne sur les réseaux sociaux pour discréditer la mobilisation en faveur de réformes démocratiques à Hong Kong et semer la zizanie dans l'ex-colonie britannique.
Les deux géants technologiques américains ont annoncé lundi avoir suspendu près de mille comptes actifs liés à cette campagne, Twitter précisant avoir aussi fermé 200.000 autres comptes avant qu'ils ne soient réellement actifs.
«Ces comptes cherchaient délibérément et spécifiquement à semer la discorde politique à Hong Kong et notamment à saper la légitimité et les positions politiques du mouvement de protestation sur le terrain», a expliqué Twitter à propos des comptes actifs suspendus.
Facebook a précisé que certaines publications des comptes suspendus comparaient les manifestants hongkongais aux combattants du groupe islamiste Etat islamique, les qualifiant de «cafards» et leur attribuant de soi-disant projets de meurtres au moyen de lance-pierres.
Région semi-autonome du sud de la Chine, Hong Kong traverse depuis juin sa plus grave crise politique avec des manifestations et autres actions presque quotidiennes pour demander davantage de libertés.
- En coulisse -
La mobilisation a très souvent dégénéré ces dernières semaines en affrontements entre radicaux et forces de l'ordre, ce qui s'est traduit par des menaces d'intervention plus pressantes du gouvernement central chinois, qui a par ailleurs qualifié le mouvement de «terroriste».
Officiellement, Pékin a cependant laissé les coudées franches à l'exécutif local et à sa police pour régler la situation. En coulisse, le gouvernement central s'agite pour tenter d'influer sur l'opinion, affirment Twitter et Facebook.
«Nous dévoilons une campagne importante d'information soutenue par l'Etat (chinois, ndlr) centrée sur la situation à Hong Kong, particulièrement sur le mouvement de protestation et son appel à des changements politiques», a dit Twitter.
Le réseau social a dit avoir suspendu 936 comptes «coordonnés dans le cadre d'une opération soutenue par l'Etat» chinois pour «miner la légitimité et les positions politiques» des manifestants.
Non sans ironie, Twitter rappelle qu'il est banni de Chine continentale par le régime, dont les agents ont dû en grande partie faire appel à un VPN (un réseau virtuel permettant de contourner des restrictions géographiques par exemple). D'autres ont avancé moins masqués en utilisant des adresses IP débloquées pour l'occasion.
Facebook, informé par Twitter, a pour sa part dit avoir supprimé, pour les mêmes raisons, sept pages, cinq comptes et trois groupes du réseau social, eux aussi «liés à des individus associés au gouvernement de Pékin».
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Geng Shuang a quant à lui assuré «ne pas être au courant de la situation».
- «Retour au calme» -
Après une série de manifestations de plus en plus violentes au cours des semaines passées, Hong Kong a été le théâtre dimanche d'un immense rassemblement pacifique. Les organisateurs ont affirmé qu'1,7 million de personnes avaient défilé sous une pluie battante dans le centre-ville.
Le but était de couper court aux accusations de terrorisme de Pékin et de prouver que la mobilisation demeure populaire, en dépit des dérapages auparavant observés.
Il n'y a eu aucune arrestation dimanche et aucune grenade lacrymogène n'a été tirée par la police.
«J'espère de tout cœur que cela marque le début d'un retour au calme de la société et d'une fin des violences», a à cet égard déclaré mardi devant la presse la cheffe de l'exécutif hongkongais pro-Pékin Carrie Lam, qui concentre sur elle la colère des manifestants.
Cette crise politique, la plus grave qui secoue l'ex-colonie britannique depuis sa rétrocession en 1997, est née en juin du rejet d'un projet de loi de l'exécutif qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.
Les manifestants ont cinq demandes fondamentales, parmi lesquelles l'abandon total du projet de loi sur les extraditions, la démission de Mme Lam et une enquête sur l'usage de la force par la police, qui a utilisé de grandes quantités de gaz lacrymogène ces dernières semaines et souvent tiré des balles en caoutchouc.
Mme Lam, nommée par Pékin, n'a cependant annoncé aucune concession mardi. Et certains experts pensent que, dans ces conditions, la mobilisation devrait continuer de faire coexister manifestations pacifiques et actions plus musclées.
De son côté, le ministère britannique des Affaires étrangères s'est dit «extrêmement préoccupé» par des informations sur l'arrestation en Chine d'un employé de son consulat à Hong Kong.
Là encore, le porte-parole des Affaires étrangères à Pékin a dit «ne pas être au courant».
burx-jac/bds
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