Techno USA: un ex-analyste inculpé pour des fuites sur un programme d'assassinats ciblés

AFP

9.5.2019 - 19:34

Un drone militaire américain Reaper à l'entraînement le 17 novembre 2015 sur la base d'Indian Springs (Nevada, sud-ouest)
Un drone militaire américain Reaper à l'entraînement le 17 novembre 2015 sur la base d'Indian Springs (Nevada, sud-ouest)
Source: GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

Un ancien analyste des services de renseignement américains a été inculpé jeudi pour avoir transmis à la presse des informations sur un programme militaire secret d'assassinats ciblés par drones sous l'administration de Barack Obama, a annoncé le ministère de la Justice.

Daniel Everette Hale est accusé d'avoir volé des documents sur ce programme et de les avoir fournis à un journaliste. Celui-ci n'est pas nommé dans l'acte d'accusation, mais les détails permettent d'identifier Jeremy Scahill, du site d'informations en ligne The Intercept qui avait révélé le scandale en 2015.

Hale, 31 ans et qui a été arrêté jeudi matin à Nashville (Tennessee), est la troisième personne inculpée dans cette affaire de fuites. Il encourt 50 ans de prison.

Membre des services de renseignement de l'armée de l'Air, il était employé par l'agence de surveillance américaine (NSA) entre 2009 et 2013 en Afghanistan, où il a participé à de nombreuses frappes de drones.

Après avoir quitté l'armée, il a travaillé au sein de la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA), chargée de collecter du renseignement géospatial à partir d'imagerie satellitaire.

Il aurait rencontré le journaliste dans une librairie de Washington en avril et juin 2013, une période pendant laquelle Scahill faisait la promotion de son livre «Dirty Wars».

Pendant un an, alors qu'il travaillait à la NGA, il aurait remis au journaliste des documents confidentiels qui ont servi de base à une grande enquête publiée par The Intercept en octobre 2015. Intitulée «The Drone Papers», elle révélait un programme d’assassinats ciblés par drones au Yémen, en Afghanistan et en Somalie.

Depuis, le gouvernement américain, sous Barack Obama comme sous Donald Trump, a multiplié ses efforts pour punir les responsables de fuites, qualifiés de «traîtres» par M. Trump.

En octobre 2018, un agent du FBI a été condamné à quatre ans de prison pour avoir divulgué des informations confidentielles sur les méthodes de recrutement de la police fédérale.

Avant lui, une ancienne sous-traitante de la NSA avait été condamnée à plus de cinq ans de prison pour avoir divulgué un rapport top secret sur les piratages russes lors de la présidentielle de 2016.

La rédactrice en chef de The Intercept, Betsy Reed, a dénoncé l'utilisation de la loi fédérale sur l'Espionnage «pour poursuivre les lanceurs d'alerte qui permettent aux journalistes de révéler les actes honteux, immoraux et inconstitutionnels commis en secret par le gouvernement américain».

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