Jean-Louis Buricand fan de Johnny, à Reims, le 19 octobre 2018
Jean-Louis Buricand devant son bistro à Reims le 6 décembre 2017
Jean-Louis Buricand fan de Johnny, à Reims, le 19 octobre 2018
Jean-Louis Buricand devant son bistro à Reims le 6 décembre 2017
9H20, vendredi matin: sur le parking d'une grande surface près de Reims, Jean-Louis Buricand, cafetier et grand fan de Johnny, écoute avec émotion les premières notes de l'album posthume de la star qu'il a acheté sans attendre, avec l'impression «de voir sur scène» le taulier disparu du rock français.
Le lecteur audio avale l'ultime CD de Johnny, décédé en décembre à 74 ans des suites d'un cancer... Les premiers accords de guitare résonnent dans l'habitacle de la vieille Opel rouge.
«Toujours cette puissance de voix... Incroyable. Ça, c'est super, super rock ! Ça, c'est du Johnny !», s'exclame Jean-Louis Buricand, 68 années au compteur, dont plus d'une cinquantaine passées à écouter «l'Idole des jeunes».
«Il m'a accompagné toute ma vie car il a su traverser les générations», raconte ce tenancier de bar plein de bonhomie, doudoune bleue par-dessus son pull gris, qui se définit comme un fan raisonnable plutôt qu'un «dingue».
Dix titres composent ce dernier opus, dont «J’en parlerai au diable», «Mon pays, c’est l’amour», «Back in LA», «Un enfant du siècle» ou «Je ne suis qu’un homme».
A l'écoute de certains morceaux, il bat la mesure sur le volant: «je le vois sur scène, je l'imagine sur scène avec ses musiciens derrière».
D'ordinaire, Jean-Louis ne se rend qu'une fois par semaine à l'hypermarché Leclerc de Saint-Brice-Courcelles, dans l'agglomération rémoise, pour faire ses courses.
Mais pour se procurer «Mon pays c'est l'amour», distribué à 800.000 exemplaires en France, il a fait une entorse à ses habitudes.
«Je ne voulais pas louper l'album» car «c'est indispensable, c'est le dernier des derniers, le 51e !», dit ce passionné qui a vu le chanteur 22 fois sur scène: cinémas, chapiteaux ou grandes salles de concert.
«Une icône»
Un peu plus tôt, dès l'ouverture, le magasin a été le théâtre d'un petit attroupement autour des deux îlots de présentation où est exposée une partie des 725 exemplaires de l'album, noyée au milieu des coussins, porte-clés, horloges et autres bibelots à l'effigie de la star.
«Je me dis "voilà, t'as dans les mains le dernier, après y en aura plus"», confie Jean-Louis. Cet opus, «qui fait partie des meilleurs» à ses yeux, marque «la continuité» et donne «l'impression qu'il y en aura d'autres, mais non..»
Le précédent album, «De l'amour», sorti en novembre 2015, s'était écoulé à plus de 300.000 exemplaires dans les six premières semaines de sa commercialisation, selon des chiffres de Purecharts. Un an plus tôt, «Rester vivant» avait franchi, selon Warner, les 600.000 ventes.
De retour à L'Axonien, son bar niché dans une rue de Reims - façade verte éclairée par un néon rouge - Jean-Louis réécoute l'album en boucle, la voix du rockeur en écho au poster accroché au mur.
«On a perdu un Français célèbre, on a dit que Johnny représentait un peu la France et c'est vrai...», lance-t-il. «Que les gens se jettent sur l'album, c'est normal: c'est une icône qui est partie !»
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