«Jusqu'à ce que j'en tombe» Margrethe II, l'indéboulonnable reine du Danemark, fête ses 80 ans

AFP

16.4.2020 - 15:00

Sur le trône danois depuis près d'un demi-siècle, la reine Margrethe II fête jeudi ses 80 ans dans l'intimité pour cause d'épidémie de nouveau coronavirus, au grand désarroi de ses sujets qui adulent cette monarque excentrique.

La souveraine, devenue reine le 14 janvier 1972 à la mort de son père le roi Frédéric IX, aurait dû parader dans les rues de la capitale Copenhague deux jours durant.

Il n'en sera rien, crise sanitaire oblige. Pas question pour autant de ne pas célébrer cette institution, et, sur Facebook, plus de 180.000 personnes ont annoncé qu'elles chanteraient à midi pour leur souveraine.

La Cour met aussi à leur disposition un livre d'or disponible exclusivement en ligne, distanciation sociale oblige.

Coutumière des bains de foule, Margrethe promène souvent son sourire franc à travers le pays et chaque été elle fait une croisière avec son yacht, le Danneborg, avant de prendre ses quartiers d'été en France au château de Caix, qui appartenait à feu son mari le prince Henrik.

La monarchie danoise est parmi les plus populaires du monde.

En 2018, un sondage de Voxmeter montrait que plus de trois quarts des Danois étaient favorables à la royauté tandis que seuls 14,6% d'entre eux souhaitaient l'établissement d'une république.

Quelque 80% des Danois s'estiment bien représentés par l'actuelle famille royale, qui outre la souveraine compte aussi le prince héritier Frederik, le prince Joachim, leur famille et la princesse Benedikte, soeur de la reine.

«Jusqu'à ce que j'en tombe»

Avec ses cheveux d'un blanc immaculé sempiternellement tirés dans un impeccable chignon, Margrethe II est une institution vénérée et vénérable dans le royaume.

Ses interventions télévisées -- la dernière en date remonte à mars sur l'épidémie de Covid-19 -- sont très suivies.

A l'âge de 31 ans, le 14 janvier 1972, elle est la première femme à monter sur le trône de la plus ancienne maison royale européenne encore en place et aujourd'hui, elle n'entend pas laisser la place.

«Je resterai sur le trône jusqu'à ce que j'en tombe», a prévenu cette fumeuse invétérée. Une enquête d'opinion publiée en décembre dans le quotidien B.T. montrait que 41% des Danois souhaiteraient la voir abdiquer en faveur de son fils aîné, le prince Frederik, 51 ans.

«Les gens pensent que c'est dommage qu'elle soit obligée de travailler à son âge», analyse pour l'AFP l'historien Lars Hovebakke Sørensen, qui rappelle qu'il n'existe aucune tradition d'abdication dans le pays.

Le seul souverain à avoir renoncé au trône dans l'histoire de cette monarchie millénaire fut Erik III, couronné en 1137, qui avait décidé neuf ans plus tard de troquer la tiare royale pour la tonsure monacale.

Une artiste

Selon M. Hovebakke Sørensen, la popularité de la souveraine tient à sa capacité d'unifier le pays et de s'imposer comme une force morale, sans jamais sortir de son devoir de réserve – sous peine de se faire taper sur les doigts comme en 1984 quand elle avait appelé les Danois à la tolérance et dénoncé leurs «remarques stupides» et leur «froideur» envers les immigrants.

«Chaque année, les Danois sont fascinés par ses voeux. Elle leur dit comment agir et ils aiment ça!«, soutient-il.

Durant son règne, elle a réussi à moderniser la monarchie, sans à-coup, pour l'adapter aux évolutions de la société.

Margrethe II, affectueusement surnommée «Daisy» par son peuple, est particulièrement aimée depuis le début des années 80, lorsqu'elle s'est assumée en tant qu'artiste aux talents multiples.

Intellectuelle polyglotte, elle s'est essayée à la traduction en élaborant notamment en 1981, sous un pseudonyme et en collaboration avec son mari décédé en 2018, une version danoise de l'ouvrage de Simone de Beauvoir «Tous les hommes sont mortels».

La reine a aussi confectionné les costumes et décors de nombreux spectacles et séries télévisées.

Mais c'est surtout dans le dessin et la peinture qu'elle se distingue. Margrethe a illustré de nombreux ouvrages littéraires, comme la réédition en 2002 du «Seigneur des anneaux», de J.R.R Tolkien.

Ses peintures ont été exposées dans des musées et des galeries prestigieux, au Danemark comme à l'étranger.

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