Interview Ben et Léo: «C’est parfois difficile de faire du business entre amis»

Aurélia Brégnac/AllTheContent

18.10.2018

Ils ont grandi ensemble, participé ensemble à Masterchef et ouvert ensemble leurs propres restaurants. Depuis la rentrée aux commandes de l’émission «Bon App» sur RTS1, les deux jeunes chefs cuisiniers Ben et Léo ravissent désormais les téléspectateurs avec leurs recettes tout en distillant aux candidats leurs précieux conseils.  Pour «Bluewin», interview croisée du duo, qui nous parle gastronomie, expérience et médiatisation.

Comment avez-vous vécu les tournages de votre nouvelle émission «Bon App», et actuellement sa diffusion?

Ben: la période de tournage a été intense. C’est un nouveau challenge, un nouveau métier, celui d’animateur, un projet loin de nos restaurants. C’était un peu une première. Mais c’était vraiment super, grâce à toute l’équipe qui entourait l’émission, grâce à Laure, à Gilles…

«On a toujours un peu de mal à se regarder à la télé, mais ça va encore...»

Et vous avez réussi à tout concilier, avec vos restaurants?

Ben: oui, on a réussi. On a de bonnes équipes, jeunes, qui sont capables de prendre des responsabilités dans nos restaurants. C’était aussi bénéfique pour ça, pour pouvoir déléguer.

Et vous, Léo, vous regardez les émissions? Comment vous percevez-vous?

Léo: oui, j’enregistre les émissions, et je les regarde ensuite… Au fil des diffusions, on voit que je m’améliore, car je suis pas très à l’aise sur les premières… On a toujours un peu de mal à se regarder à la télé, mais ça va encore. On s’habitue au «personnage». Je suis content du résultat en tous cas.

Vous avez de bons retours du public?

Ben: on a de bons retours, et pas mal de nouveaux clients qui viennent dans nos restaurants, parfois d’un peu plus loin. Des gens essaient de refaire des recettes chez eux. Oui, ça suscite un joli engouement. C’est chouette!

«La réalité dans un restaurant, derrière, est plus dure. Ca demande beaucoup de travail, d’heures, de sacrifices…»

«Masterchef» est l’émission qui vous a lancé à la télévision. Racontez-nous un peu votre parcours.

Ben: en fait, on est venus nous chercher pour nous proposer le casting de «Masterchef». Alors, on s’est lancé là-dedans pour tenter l’expérience. C’était l’occasion, entre amis. On s’est retrouvé à Marseille, pour la première émission. Et puis, Léo a été dans les dix derniers en lice, et j’ai été à l’atelier à Paris, en finale… C’est une grosse machine, la télé. On a été à l’étranger, dans pleins de villes de France. Ça nous a lancé, et c’était un peu récréatif en même temps. Ça a créé un engouement en Suisse.

«Ça nous a en tous cas apporté de la pub.»

Vous regrettez, Léo, de ne pas avoir gagné, de vous être arrêté aux portes de la finale?

Léo: non, c’est un concours, ça s’est joué sur des détails. Ça nous a en tous cas apporté de la pub. Et puis, l’important n’était pas de gagner mais de faire un joli parcours. On a été assez longtemps à l’écran pour que ce soit un tremplin.

Quels souvenirs gardez-vous de l’émission «Masterchef»?

Léo: des souvenirs stressants sur les épreuves pour ma part. Mais une super expérience, avec plein de nouvelles personnes qu’on a connues, et avec qui est toujours en contact, comme nous des passionnés de cuisine. On a bien sûr appris beaucoup de choses, avec des grands chefs.

Que pensez-vous des autres émissions de télé-réalité culinaires: «Top Chef», mais aussi «Cauchemar en cuisine», «Le meilleur pâtissier», etc.?

Léo: je trouve que c’est bien, c’est une très belle vitrine pour notre métier de cuisiniers, mais ça reste de la télévision. C’est un peu de la téléréalité, même si on cuisine vraiment. La réalité dans un restaurant, derrière, est plus dure. Ca demande beaucoup , beaucoup de travail, d’heures, de sacrifices… Il y a une différence entre cette vitrine qui donne envie aux gens et la réalité.

«Aujourd’hui ça commence à lasser...»

Et vous, Ben?

Ben: j’ai beaucoup regardé «Top Chef», qui est pour moi la plus excitante dans ce registre, mais aujourd’hui ça commence à lasser. Je préfère quand on voit plus de cuisine et moins de téléréalité. Il y a un accent sur la personnalité des candidats, un scénario…. Et on voit moins de «cuisine pure». C’est ce que je peux leur reprocher, avec aussi beaucoup de coupures et des longueurs. Sinon, à part «Top Chef», je ne suis pas un grand fan des autres émissions. Je préfère voir les professionnels de notre métier. Certaines font rire, comme «Cauchemar en Cusine», avec le personnage d’Etchebest, mais je ne regarde pas tellement.

Il y a finalement beaucoup de mise en scène?

Ben: non, pas vraiment de mise en scène. Mais pendant le tournage, on nous filme tout le temps, avec un journaliste qui nous pose des questions. C’est ensuite monté un peu comme ils le souhaitent. Même si on en est conscient en tant que candidat, le choix des images, la musique orientent forcément un peu l’émission.

«On ne cherche pas à flatter notre ego, car c’est un peu le risque…»

Vous êtes tous les deux aujourd’hui associés, mais aussi amis depuis très longtemps. Comment vous êtes-vous rencontrés. Vous êtes encore plus proches maintenant?

Ben: on s’est connus à 5 et 7 ans, on a grandi dans le même immeuble à Fribourg, entouré de familles nombreuses et d’enfants du quartier. Et puis, Léo a déménagé, mais on s’est retrouvé au collège et à l’université avec des groupes d’amis communs. Aujourd’hui, on est partenaires dans nos restaurants. C’est vrai que c’est parfois difficile de faire du business entre amis. Ca demande de bien se connaître, de mettre en valeur les qualités de chacun. Mais on a vraiment trouvé un équilibre assez idéal, tout en gardant la part d’amitié, en faisant des activités, du sport ensemble…

«Je me suis lancé le défi d’être végétarien pendant un mois!»

Que préférez-vous cuisiner? Quelle est votre spécialité?

Ben: c’est compliqué (rires). Je dirais une cuisine créative, des produits de notre région. En ce moment, j’ai un faible pour les poissons des lacs suisses, comme l’omble chevalier que l’on cuisine en cuisson douce, avec un accompagnement de courge et d’épices, et un crumble aux noisettes et à la viande. C’est un jeu entre les produits qu’on n’imaginait pas forcément marier. Sinon, je cuisine chez moi plus simplement, un bon plat de pâtes aux chanterelles, ou du poisson grillé et de la salade en été, par exemple.

Léo: Pour moi, c’est aussi les produits frais, du marché, de saison. On a la chance, en Suisse et en Europe, d’avoir quatre saisons et de pouvoir faire varier les plats en fonction. J’aime la viande, le poisson, les poêlées, les jus de légumes… J’adore aussi tout ce qui est végétarien. Je me suis d’ailleurs lancé le défi d’être végétarien pendant un mois, et au bout de trois semaines, ça va très bien!

Donc la tendance vegan vous inspire?

Léo: non, pas vegan, qui est un peu extrême pour moi, et compliqué en tant que cuisinier. C’est difficile d’avoir un avis, je suis partagé. Car il y a des aliments comme les œufs, le lait, la crème qui ne semble pas donner de souffrance animale.

Un plat ou un aliment que vous détestez?

Léo: Les plats industriels, ce qui est tout préparé… je ne peux vraiment pas!

Ben: Moi, ce sont les fruits de mer. Ça ne m’attire pas. Je préfère ce qui est local, que l’on peut trouver près de chez nous.

Entre vous, quel est le plus sage et le plus excentrique?

Léo: On est très complémentaires: je suis très carré, rangé tandis que Ben est plus artiste. On se complète au niveau des tâches. Lui est plus créatif et moi plus rigoureux. Même si on choisit les menus ensemble, je suis plus au service et à la gestion de l’entreprise, moins à la production… Mais on se ressemble aussi, on a tous les deux du caractère!

«Je suis en couple depuis bientôt cinq ans…»

Vous devez être très courtisés depuis votre médiatisation, non?

Ben: Je n’y accorde pas d’importance. Ce n’est pas l’essentiel, en fait. Je suis en couple depuis bientôt cinq ans… Le côté téléréalité ne nous intéresse pas. Notre savoir-faire, notre amitié, oui. On ne cherche pas à flatter notre ego, car c’est un peu le risque… On se concentre sur la cuisine. On donne le meilleur de nous-mêmes.

«Bon App», diffusé chaque samedi à 18h25 sur RTS Un, (16 émissions prévues jusqu’en décembre prochain). Avec Swisscom TV Air, vous profitez gratuitement de Swisscom TV sur votre ordinateur, votre tablette et votre Smartphone. Ainsi, vous pouvez regarder Swisscom TV, vos enregistrements inclus, où que vous soyez.

L'émission «Bon App»

«Top Chef» en images

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