Interview Fanny Agostini: «Présenter “Thalassa”? Une sorte de Graal»

Léa Drouelle/AllTheContent

20.3.2020

Fanny Agostini a animé le magazine «Thalassa» de 2017 à 2019 sur France 3.
Fanny Agostini a animé le magazine «Thalassa» de 2017 à 2019 sur France 3.
Nicole Heiling

Profondément amoureuse de la nature, Fanny Agostini a fait ses armes à la télévision en présentant la météo sur BFMTV, puis en animant le magazine «Thalassa» de 2017 à 2019 sur France 3. La journaliste a récemment quitté Paris pour s’installer en Auvergne où elle consacre une partie de son temps à la Fondation environnementale Lan Destini, qu’elle a co-fondée avec son mari.

Vous avez arrêté de présenter l’émission «Thalassa» en juin dernier. Pourquoi?

J’ai vécu dix ans à Paris. Dès le départ, je souhaitais me lancer dans le journalisme pour traiter des questions environnementales de manière pédagogique et proactive. Présenter «Thalassa» a été une sorte de Graal, car c’est précisément le type d’émission que je rêvais d’incarner ou d’imaginer lorsque j’étais adolescente.

Mes deux ans chez France 3 ont été très enrichissants. Mais j’avais l’impression de ne pas en faire assez vis-à-vis de mon engagement dans la cause environnementale. J’ai donc décidé de mettre mes compétences, mon énergie et ma jeunesse à profit pour mener des actions concrètes.

Est-ce la raison qui vous a poussée à vous installer dans votre ferme pédagogique en Haute-Loire?

Oui, même si la décision a été prise sur le tard, puisque j’ai annoncé que je quittais «Thalassa» en avril. Je pense que j’avais besoin de cette prise de distance, car je me suis battue pendant dix ans pour défendre ces causes.

Mais aujourd’hui, les choses ont beaucoup bougé, notamment grâce à Greta Thunberg et aux nombreuses marches citoyennes pour le climat. Je me suis donc dit que j’avais besoin d’apporter ma pierre à l’édifice, une plus-value, lorsque je reviendrai.

«Aujourd’hui, les choses ont beaucoup bougé, notamment grâce à Greta Thunberg»

Vous n’avez pourtant pas fait une croix définitive sur les médias…

Non, car le journalisme reste malgré tout le périmètre de mes compétences et que j’ai encore cette énergie et cette envie. Mais maintenant, je fonctionne plutôt «à la carte». Fin juin, la radio Europe 1 m’a par exemple proposé de présenter une chronique quotidienne sur les enjeux environnementales.

J’ai accepté car on m’a dit que c’était mieux si je le faisais de chez moi, en Haute-Loire donc, les mains et les pieds dans la terre, plutôt que dans un bureau parisien.

C’était tentant car cela me permettait de rester sur place, là où je gère l’ONG Lan Destini avec mon mari Henry Landes. J’ai d’ailleurs quelques propositions intéressantes dans ce sens en télé. On verra bien…

Pouvez-vous nous parler de la Fondation Lan Destini?

C’est une fondation qui a pour objectif d’agir sur trois piliers, à travers trois programmes.Le plus avancé s’appelle «Champions de l’alimentation et de la biodiversité». On s’adresse à des enfants en intervenant dans plusieurs écoles et lycées.L’idée est de leur faire comprendre l’impact et le fonctionnement de notre système alimentaire: d’où vient la nourriture, l’histoire des sols etc.

On travaille également aux côtés de sportifs de haut niveau engagés et susceptibles de promouvoir le changement de mentalité au près du grand public: la championne de karaté Lolita Dona, le rugbyman Julien Pierre, le combattant Mansour Barnaoui…

Nous travaillons également sur la création d’emplois grâce à la biodiversité. Nous croyons très fort que la création de nouveaux emplois se fera en réparant, en restaurant. Nous avons donc mis en place plusieurs incubateurs de start-up afin d’inviter à réfléchir sur la manière de préserver le territoire tout en créant de la valeur économique. Le premier devrait voir le jour dans le Cantal au premier trimestre 2020.

«Mes meilleurs souvenirs d’émission sont chez «Thalassa».»

Quels sont vos meilleurs souvenirs d’émissions?

J’ai beaucoup apprécié l’adrénaline du direct quand j’étais chez BFMTV. La chaîne m’accordait une grande liberté dans mes sujets. On me permettait d’aller bien au-delà de l’annonce des bulletins météo. J’aimais aussi partir en reportage pour les modules éducatifs sur l’agriculture, le climat et l’eau, car cela m’a permis d’être plus souvent dehors que «dedans».

Mais je pense que mes meilleurs souvenirs d’émission sont chez «Thalassa». J’ai eu la chance de nager avec des baleines à bosse en Polynésie française, de voir les dauphins dans la mer d’Iroise, de faire de la plongée sous-marine à Saint-Martin… J’ai énormément appris des experts que j’ai rencontrés sur le terrain. Je rêvais d’une opportunité pareille quand j’étais enfant et j’ai cette chance incroyable d’avoir pu la réaliser. Un peu comme quand on veut devenir cosmonaute ou qu’on s’imagine jouer au Stade de France!

Vous avez présenté la météo pendant plus de six ans. Quelles impressions en retenez-vous?

La météo a été une porte d’entrée très importante pour moi. Je me suis très fortement intéressée à la discipline, au point de prendre des cours à l’Ecole Nationale de Toulouse et auprès d’un ingénieur qui m’a enseigné la climatologie. Il m’a expliqué comment faire des prévisions météo. Cela m’a permis d’acquérir un socle de connaissance fascinant. Aujourd’hui, je me sers encore de ses cours.

Quel est à votre sens le levier le plus urgent à activer dans la lutte contre le réchauffement climatique?

Les océans jouent un rôle décisif car ils emmagasinent 93% excédentaire de la chaleur. Ce n’est pas l’atmosphère qui se réchauffe mais d’abord les océans qui ensuite mettent cette chaleur à disposition de l’atmosphère. En arrivant à «Thalassa» j’ai senti qu’il fallait faire beaucoup de pédagogie auprès du grand public à ce sujet. J’avais aussi cette envie très forte d’être dans une dynamique positive et de montrer tous les acteur proactifs sur ces enjeux qui nous donnent de l’espoir. Car si on se limite aux données, cela peut vite devenir anxiogène.

«Adolescente, je m’insurgeais de voir disparaître ce que j’avais connu enfant.»

D’où vous vient votre passion pour la nature et à quand remonte votre conscience écologique?

J’ai été élevée par mes grands-parents à La Bourboule (Puy-de-Dôme). Mon grand-père m’a sensibilisée à la beauté du monde qui m’entourait. Il m’a appris à reconnaître le chant des oiseaux, à m’occuper des abeilles. Au fil des années, en voyant ce que j’ai connu petite se déliter, je me suis naturellement engagée dans le combat. Adolescente, je m’insurgeais de voir disparaître ce que j’avais connu enfant.

Que faites-vous de votre temps libre? Vous avez des passions, des hobbies?

Je monte souvent à cheval, je fais des randonnées en plein air. J’adore aussi me baigner en eau douce dans les rivières. Quand j’étais petite, mon grand-père m’a appris la pêche, et je pratique encore. C’est d’ailleurs un élément qui a penché en ma faveur lorsque j’ai été recrutée chez «Thalassa». Je lis aussi énormément.

Je remonte également une fois par semaine à Paris pour suivre un cours «Biologie et société» à l’ENS. Cela me permet de garder un contact avec cette ville.

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