Interview Luc Bruchez: «J’adore pleurer!»

de Marjorie Kublun

22.4.2020

Luc Bruchez aux côtés de Laetitia Casta dans une scène de «Le Milieu de L’horizon».
Luc Bruchez aux côtés de Laetitia Casta dans une scène de «Le Milieu de L’horizon».
Gjorgji Klincarov

Luc Bruchez, le jeune acteur Valaisan qui a crevé l’écran dans «Le Milieu de L’horizon» aux côtés de Laetitia Casta ne tient pas en place, et ce, même en confinement chez lui! Dans un petit entretien vidéo nous avons pu en apprendre un peu plus sur ce garçon de 15 ans plein d’idées et au caractère bien trempé avec qui on n’est pas près de s’ennuyer.

«Le Milieu de l’horizon», le film Suisse de Delphine Lehericey dont Teleclub est le co-producteur vient d’être décerné deux fois aux Prix du Cinéma Suisse: meilleure fiction et meilleur scénario pour Joanne Giger. Le film est maintenant disponible dans le Shop Vidéo Swisscom TV.

Un vendredi matin, alors que Luc aurait normalement dû être en cours en temps normal, nous lui avons parlé par skype.

Luc, tu es comme tout le monde confiné à la maison, comment trouves-tu le fait de ne plus devoir aller en cours?

Il y a du bon et du mauvais. Au niveau des copains c’est vrai que ne pas les voir et rigoler manque un peu. Après, le contact avec les profs, c’est mine de rien bien utile. Au niveau de la matière ça ne se passe pas trop mal.

Que fais-tu pour t’occuper?

J’ai la chance d’avoir un jardin. Et j’ai une slackline (un fil tendu sur lequel tu marches en équilibre NDLR). A part ça, du jonglage et j’écoute de la musique. Je dors et je mange aussi. (rit)

Que le film ait remporté deux prix aux Prix du Cinéma Suisse te fait quel effet?

Je ne me rends pas vraiment compte comme la cérémonie de la remise des prix n’a pas eu lieu à cause du confinement. J’ai appris ça chez moi en regardant sur le site donc c’est quand même très different. Mais évidemment je suis super content que le film ait un tel succès!

As-tu toujours voulu jouer dans un film?

Je ne me suis jamais dit «quand je serai grand je voudrais devenir acteur». Il y a eu ce casting un jour et je me suis dit que ça pourrait être cool d’y aller et je me suis retrouvé là-dedans un peu par hasard.

Une action spontanée?

Ma mère a entendu l’annonce du casting à la radio et m’a demandé si je voulais qu’on y aille. Elle disait que c’était rigolo. A ce moment-là j’étais au karate qui a fini à 19:00h et le casting allait jusqu’à 19:30h. J’étais le 48e à me présenter. On y est allés un peu pour voir. Puis j’ai fait plusieurs castings et il s’est avéré que c’était... pas mal!

Et comment s’est déroulé ce premier casting?

J’ai dû remplir un document, puis me presenter face à une camera et parler de moi. On m’a ensuite demandé de jouer une scène en improvisant: avec ma «soeur» qui me demandait de sortir les poubelles. Comme j’aime bien les jeux, je me suis pris au jeu et ça s’est plutôt bien passé.

Combien de temps a passé jusqu’au démarrage du film?

Je dirais un an et demi. Après ce premier casting quelques mois ont passé sans qu’on ait de réponse, on se disait tant pis… Alors, on recommence à revivre normalement sans y penser et tout à coup, on te contacte pour un deuxième casting. A la fin du casting on dit aux participants de se laisser pousser les cheveux dans le doute afin de ressembler au garçon sur la pochette du livre. Puis la réalisatrice Delphine Dehericey me lance discrètement: «surtout toi!». Avec mon père on ne pouvait pas le croire.

Plus de 500 personnes se sont présentées à ce casting. Pourquoi penses-tu avoir été choisi au final?

Je ne sais pas trop en fait. La réalisatrice trouvait que je ressemble un peu à l’enfant qui est assis dans une étable sur l’ancienne pochette du livre de Roland Buti.

Est-ce que ça te tente de devenir acteur?

J’aime quand ça bouge et quand tu es acteur il se passe plein de trucs et tu apprends plein de choses. C’est très évolutif. On ne fait jamais la même chose, on ne tourne jamais au même endroit et on rencontre toujours de nouvelles personnes. Et j’aime aussi cette façon de travailler en équipe.

Que fais-tu pour rester dans le coup maintenant que tu ne tournes plus – des cours de cinema?

Pour l’instant je finis le collège pour avoir la maturité gymnasiale. Je ne prends pas de cours et ne fais pas de théâtre. Mais j’observe le monde du cinema.

Quel genre de cinéma veux-tu faire? Cinéma d’auteur ou bien est-ce que jouer dans un blockbuster te tenterait?

Le cinéma d’auteur ne m’a jamais branché plus que ça. Mais en faire était génial. Moi ce que j’aime, c’est la saga James Bond. Je regarde aussi les films avec Louis de Funès ou Jim Carrey. En gros, les films d’humour et quelques blockbusters mais pas les films Marvel. Car pas fan des super héros.

Qu’est-ce que ça fait de tout à coup se retrouver avec de grands acteurs comme Laetitia Casta?

C’est un peu la honte mais je ne connaissais pas Laetitia Casta avant! C’est mon père qui m’a lancé «mais tu te rends compte?» Puis évidemment j’ai fait quelques recherches. C’est vrai qu’on se dit que ça doit être incroyable de tourner avec des personnes aussi connues, mais tu t’aperçois rapidement que c’est un humain comme toi et moi.

Comment était-ce de tourner à ses côtés?

C’était super! C’est déjà quelqu’un de très sympa dans la vraie vie. Puis c’est une actrice performante. Je pense qu’on arrive à mieux jouer ayant en face quelqu’un de très fort. Du coup, les scènes avec elle se sont super bien passées.

Tu joues Gus, un garçon assez timide – comment te décrirais-tu dans la vraie vie?

Je ne suis pas spécialement timide. Je pense que je suis un peu comme Gus dans le sens où je m’énerve assez vite. J’ai un tempérament assez vif et je réagis très vite. Je démarre au quart de tour. Ce que vit Gus est assez dur, ça n’a rien à voir avec ce que je vis, moi, actuellement. Si je m’énerve c’est pour des conneries. Et j’aime bien pleurer et dans le film Gus pleure, ça tombait bien!

Qu’est-ce qui t’a plu dans ce rôle précisément?

Je ne sais pas pourquoi mais j’adore pleurer et j’adore jouer la tristesse et l’énèrvement.

Mais ces scènes où tu as dû pleurer n’ont-elles pas été difficiles à jouer?

Non pas du tout, car moi j’aime bien pleurer. Bon ça va, je ne pleure pas régulièrement, tout va bien dans ma vie psychologiquement, mais c’est vrai que j’aime bien libérer mes émotions. Du coup, ces scènes n’ont pas été difficiles à jouer pour moi, au contraire c’était cool.

Quelles scènes ont été les plus difficiles à jouer alors?

Celles où je ne devais rien faire! Je déteste ne rien faire. Celles à table par exemple, où je ne dis rien et mange de la ratatouille. Je devais juste faire semblant d’être fâché… Ca me faisait péter un cable. Déjà, la ratatouille elle était froide mais en plus, je ne savais pas quoi faire!

Lorsqu’il apprend la relation de sa mère avec une femme Gus se retire – comment fais-tu face à des situations difficiles dans la vraie vie?

Je n’ai pas souvent affaire à des situations difficiles. De manière générale j’ai plutôt tendance à retenir mes émotions et à garder pour moi et à exterioriser en m’énervant.

Est-ce que la réalisatrice Delphine Lehericey t’a laissé la liberté de t’exprimer pendant le tournage ou fallait-il exactement suivre le script?

Elle est ouverte face aux improvisations, mais cela n’arrivait pas souvent. Il n’y a pas eu de grandes tirades d’improvisation mais c’est vrai que parfois il y a des mots qu’on ne dirait pas comme ça, donc tu modifies un peu le script naturellement.

Est-ce que tu as reçu un entraînement special avant de commencer le tournage?

Ce n’était franchement pas du genre à être jeté à la mer. Il y a eu pas mal d’essais avec les autres acteurs. On m’a beaucoup expliqué le déroulement. Entre acteurs on se connaissait déjà bien avant de commencer le tournage.

Est-ce que tu as dû manquer des cours à l’école pour le tournage?

Au début j’ai manqué deux, trois jours par ci par là pour participler aux castings. Ensuite pour ma première du collège j’ai manqué trois semaines au début pour finir le tournage. Et en deuxième du college j’ai dû m’absenter quelques fois pour les festivals. Les profs de manière générale étaient tous sympas.

Quelles ont été les réactions des copains après avoir vu le film?

Ils ont trouvé ça cool. Ils ne savaient pas trop quoi dire et moi non plus.

Quand tu repenses au tournage, quelles scènes t’ont particulièrement marqué?

La première scène où je dois casser les verres, c’était la première fois où j’ai dû pleurer! Et aussi la scène très triste avec le cheval couché par terre.

soirée Netflix ou soirée cinema?

Soirée cinéma.

Blockbuster ou film d’auteur?

Blockbuster.

Popcorn ou chips?

Oulah, plutôt popcorn!

Mer ou montagne?

Montagne.

cheveux longs ou courts?

Cheveux longs.

Du matin ou du soir?

Du soir.

Bouquin ou Instagram?

C’est coquin mais plutôt Instagram. Mais c’est mieux de lire des livres!

Tictoc ou rencontrer des potes?

Rencontrer des potes.

Concernant whatsapp: message vocal ou message normal?

Normal. Ca m’énèrve les gens qui créent des vocaux qui durent une minute ou plus et où il y a des blancs partout!

Jeux vidéos ou sport?

Sport.

Pour revoir Luc Bruchez dans le rôle de Gus dans «Le Milieu de l’horizon» rendez-vous dans le Shop Vidéo Swisscom TV. Le film est disponible dans la Box pour les prochaines années.

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