VoyageAu ralenti à cause du coronavirus, Milan veut redémarrer
Relaxnews
29.2.2020 - 15:18
Métro et rues désertés, écoles et musées fermés, restaurants quasi vides: Milan, la capitale économique de l'Italie, tourne au ralenti depuis lundi en raison des inquiétudes liées au coronavirus, au grand dam de nombreux habitants et commerçants qui voudraient qu'elle retrouve sa vitalité.
«Nous avons perdu 90% de notre clientèle cette semaine. D'habitude, à cette heure, c'est archi-comble», confie à l'AFP Tarcisio De Bacco, propriétaire de l'iconique restaurant Biffi, en jetant un coup d'œil désolé à sa salle vide.
Son établissement est situé dans la magnifique galerie Vittorio Emanuele II, à deux pas du Duomo, la cathédrale gothique symbole de la ville, fermée en vertu d'un arrêté pris par les autorités de la région Lombardie pour limiter les risques de propagation du Covid-19.
Même punition pour les musées, théâtres (Scala...), discothèques, écoles, universités, salles de sports et piscines.
Dans la patrie de l'«aperitivo», ces apéritifs accompagnés de petits amuse-bouches, les bars ont aussi été contraints de fermer le soir, à partir de 18H00 lundi et mardi, avant que cette mesure ne soit levée après le cri d'alarme lancé par la profession.
«La situation est dramatique... Nous, nous sommes très connus, et cela est déjà dramatique pour nous, alors je n'ose pas imaginer ce que vivent les autres», souligne Micaela Mainini, propriétaire du Jamaica, qui fait aussi restaurant et a donc pu rester ouvert.
«Hier midi, nous avons fait six couverts au lieu d'une cinquantaine habituellement. Le soir, avec l'apéritif, les cocktails, c'est un peu mieux, mais on est autour de 40-50% de fréquentation en moins».
- «Hystérie» -
«L'hystérie est très dangereuse pour l'économie», déplore-t-elle, en regrettant la couverture médiatique de l'épidémie. M. De Bacco dénonce lui aussi un climat de «psychose».
La faible fréquentation est due à la fois aux sorties réduites des habitants de la métropole et à la chute du nombre de visiteurs, touristes ou professionnels.
Deux salons, ceux de la lunetterie (Mido) et du jardin (Myplant & Garden), qui devaient débuter cette semaine, ont été repoussés, tout comme celui du meuble, en avril, alors que Milan est située à une soixantaine de kilomètres du principal foyer de contamination en Italie.
Le taux d'occupation moyen des hôtels cette semaine est de 20%, contre 85-90% habituellement à cette période, une «désastre», selon la fédération hôtelière Federalberghi.
Et pour la période du 24 février à fin avril, il y a eu un million et demi de chambres annulées, soit 200 millions d'euros de chiffre d'affaires partis en fumée.
Face à la faible demande, de nombreuses compagnies, comme Easyjet, ont réduit les vols vers le nord de l'Italie.
- «Comme en août» -
Les craintes des professionnels sont vives pour la suite, alors que la ville, connue auparavant pour son smog et sa noirceur, a connu un boom touristique depuis l'Exposition universelle de 2015.
L'atmosphère est aussi étrange pour les Milanais. «Cela a été un choc pour la ville. Nous nous sommes retrouvés tous désorientés. La ville est quasi déserte, le métro et les bus sont vides, ça fait un drôle d'effet», témoigne Marta Tegnani, 49 ans, qui pense néanmoins que la situation reviendra progressivement à la normale dans les prochaines semaines.
Beaucoup d'entreprises ont développé le télé-travail. Le siège de la banque UniCredit, une grande tour où travaillent habituellement 4.000 personnes, est ainsi quasi vide.
Certains néanmoins apprécient cette tranquillité. «L'atmosphère est un peu celle d'un mois d'août. Bien sûr, la situation crée des nuisances, mais en même temps on a rarement un air aussi peu pollué en février. Ce sont des choses sur lesquelles on devrait réfléchir», observe Fabio Cigognini, 46 ans.
Après une première bonne nouvelle avec la fin du couvre-feu pour les bars, le Duomo devrait lui accueillir de nouveau des visiteurs à partir de lundi.
Le maire de Milan Giuseppe Sala a aussi souhaité que les musées puissent rouvrir au plus vite.
Et alors que le moral de nombre commerçants et entrepreneurs est en berne, M. De Bacco veut rester optimiste: «Milan a vécu deux guerres mondiales et la galerie (Vittorio Emanuele II) est encore sur pied. Ce n'est pas le coronavirus qui va mettre cette ville à genoux, absolument pas. Milan va repartir de l'avant et rester celle qu'elle a toujours été».
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